D'un geste rapide, il retire sa cagoule me laissant sans voix devant son portrait que je souhaitais voir disparaître avec le temps.
C'est bien lui.
C'est bien l'homme qui m'a lâchement abandonné, c'est bien l'homme à qui je me suis confiée, celui que j'ai sincèrement aimé. Celui qui a rendu le pire moment de ma vie encore plus douloureux.
Un goût acide me remonte à la gorge alors que mes yeux ne semblent pas vouloir se détacher de lui. Il n'a pas changé physiquement, le visage aussi bien dessiné, les yeux aussi expressifs ses sourcils aussi droits. Il a seulement l'air plus mature, un peu plus imposant mais toujours aussi grand.
- Diviya.
L'entendre prononcer mon prénom après ses longues années me dérange profondément. Une colère soudaine monte en moi et au moment présent je n'ai qu'une seule envie, le détruire comme il m'a détruite.
- Vous venez d'agresser un homme, j'appelle la police.
Je me précipite pour sortir mon téléphone et commence à composer le numéro mais mon téléphone m'est arraché.
- Rendez-le moi, tout de suite. M'énerve-je.
- Je vais te le rendre. Sache seulement qu'il est inutile de les appeler, j'en fais parti.
Alors John avait dit juste, Denis est devenu policier. Alors pourquoi fréquenter cet endroit encore ? Pourquoi, agresser un homme ainsi, ce genre de chose n'est pas interdite ?
- Écoute, je sais pas ce que tu as entendu ni vu exactement mais t'oublies. Retourne de là où tu viens et dans le silence.
- Pardon ?
J'ai tout simplement l'impression de délirer. Il s'attend à ce que j'exécute ces petits ordres comme une débile ? Ça n'a aucun sens, il ... enfin ça fait des années que nous nous sommes pas croisés et il réagit comme si nous étions de parfaits inconnus.
Ma colère se mélange maintenant à une incompréhension sans nom.
Il avance encore d'un pas me forçant cette fois à lever la tête pour soutenir son regard. Il essaie de m'intimider pour me pousser à exécuter ses ordres. C'est une stratégie assez connu mais il est loin de pouvoir atteindre son but avec moi. Je ne suis plus la même fille manipulable d'il y'a trois ans. Je ne suis plus celle qui se laisse perturber par un homme.
Plus jamais.
- Si j'entends quelqu'un du club découvrir ce qui vient de se passer. Si j'entends un mot qui pourrait laisser sous entendre que je suis flic, je saurais à qui m'adresser.
Je ris nerveusement complètement outrée par la situation.
- C'est une menace ?
- Prends ça comme tu le veux.
Sans me quitter des yeux, il enfile de nouveau sa cagoule et me tend mon téléphone. Au moment où je le récupère, il s'en va d'une démarche assurée, emportant une bouffée de mon oxygène en même temps.
Je le vois s'éloigner, puis quitter la rue sans m'adresser un seul regard en arrière.
*
Je ne sais pas combien de temps je reste bloquée seule dans cette rue à fixer un point en face de moi. Mais je finis par entendre des pas derrière moi ainsi que mon prénom résonner.
Puis je ressens les regards de John et de Zac s'affoler quand ils m'aperçoivent.
« Diviya, tu vas bien ? » ; « Eoo, Diviya ! » ; « Qu'est-ce qui s'est passé ? » ; « Quelqu'un t'as touché ? ».
Oui, il m'a profondément touché.
Mes yeux restent fixés sur un point imaginaire en face de moi. Je ressens les mains de John se déposer sur mes épaules. Il me secoue plusieurs fois mais mon esprit est à des kilomètres d'ici. J'ignorais à quel point son absence m'avait touché. J'ignorais que son retour me couperait autant le souffle.
« Elles est en état de choc, c'est pas normal » ; « Qu'est-ce qu'on fait putain ? » ; « Je la ramène avec moi. »
- Je vais bien ! Prononce une voix qui semble être la mienne.
John se penche d'avantage vers moi, il attrape mon visage entre ces deux mains et tente de déchiffrer quelque chose. Je ne sais pas ce qu'il y cherche.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
Je finis soudainement par reprendre le contrôle de mon corps, mes yeux tombent dans ceux de John qui paraissent si inquiets.
- J'ai... j'ai entendu des cries. Je suis venue et ...
- Et... ? Insiste Zac un peu plus loin.
- Et...rien. Il n'y avait rien. J'ai du rêver.
Zac émet un rire fort nous surprenants John et moi.
Pendant quelques instants, j'ai hésité à tout leur raconter. A leur dire à quel point il m'avait perturbé et mal parlé. À quel point il avait changé, ainsi que la façon dont il s'est acharné sur cet homme. Sur le fait qu'il portait aussi une cagoule tel un délinquant alors qu'il se proclame être de la police. Mais je n'ai rien fais et je ne sais pas si c'est à cause de ses ordres débiles ou pour une autre raison, ce qui est sur c'est que c'est totalement stupide d'avoir agis comme il me l'avait demandé.
- Tu vas nous faire croire que t'es dans cet état pour rien ? Tu déconnes ! Ajoute Zac.
- Non ! Je ... c'est vrai, il ne s'est rien passé.
- Arrête de te foutre de notre gueule, Diviya putain ! Qu'est-ce que t'as vue ?!
- Tu vas la fermer, Zac ! Laisse-moi lui parler. S'énerve John.
Agacée, je me défais brusquement de la prise de John et dégage d'ici sans leur adresser un regard. Je me précipite en courant en direction de la voiture de John et c'est seulement à cet instant que je me rends compte de l'état dans lequel je me suis mise.
Mes mains tremblent de façon effrayantes et mon rythme cardiaque est drôlement rapide. Je ne me sens vraiment pas bien et tout ça c'est à cause de lui !
Lorsque Zac et John réapparaissent, ils s'arrêtent plusieurs mètres devant moi et semblent discuter. Je garde mes distances toujours sous le choc. Puis, John finit par me rejoindre sans Zac qui reste nous observer au loin.
John ouvre sa voiture et je m'enfonce à l'intérieur sans un mot. Ce dernier emprunte la voix rapide mais je sens que la tension est palpable.
Nous finissons par nous garer juste devant sa maison et c'est à cet instant que je décide de prendre la parole.
- Qu'est-ce qu'on fait ici ?
- Tu voulais parler ? On va parler, j'ai toute la nuit. Descends.
Puis il sort de la voiture.
Hffmbx.
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Trésor d'une vie (T1 + T2) | En pause
RomanceJe m'appelle Diviya Taller. Un prénom très cambodgien pour une américaine n'est-ce pas ? Ma vie c'est mon épreuve et chaque jour, je lutte pour oublier ces douleurs qui me tourmentent depuis mes six ans. J'ai été abandonné par ma maman, Rama. En p...