La ville défile sous mes yeux. L'atmosphère calme et les cliquetis apaisant que font les goutes en tombant sur la vitre, ne sont pas suffisant pour calmer le torrent intérieur qui remue en moi. J'ai peut être l'air plutôt heureuse la plupart du temps mais souvent c'est des questions incessantes qui tournoient dans mon cerveau.
Les doutes me tourmentent. Les fins tragiques me terrorisent et ce encore plus quand j'apprends à aimer de nouvelles personnes. Je m'autorise à jeter un coup d'œil sur le conducteur à ma gauche. Juste le temps d'imprégner son visage encore plus dans mon coeur. Je ne veux jamais l'oublier. Peu importe ce qui arrivera par la suite, je veux que nos moments ensembles restent intacts dans ma mémoire et pour l'éternité.
J'ai un léger pincement au coeur quand il détourne son regard de la route pour me le poser dessus. Il sourit naturellement avant de lâcher une main du volant pour attraper une des miennes. Je le laisse faire lorsqu'il entrelace délicatement nos doigts entre eux. L'une dans l'autre, je voudrais qu'elles soient scellées. Comme ça, je serais sur que jamais je ne le quitterais. Jamais.
Aujourd'hui, je comprends à quel point l'amour est dangereux. Je comprends tout en fait.
Je n'ai jamais voulue ressentir ce sentiment car aimer est un risque. C'est le risque de voir l'autre partir et laisser notre cœur se scinder. Une partie restera avec celui qui nous quitte et l'autre, douloureusement déchirée, se contentera de rester pour nous rappeler qu'elle ne sera jamais complète.
Quand ma mère m'a abandonné, j'ai perdu une partie de mon coeur. Aucun enfant ne devrait ressentir ce sentiment et surtout pas à cet âge. On ne comprend pas vraiment ce qui se passe. On se demande quel mal nous avons fait pour mériter l'abandon et j'ai toujours cru qu'au fond, j'étais au moins un tout petit responsable. Mais aujourd'hui, je tends à penser qu'elle m'a arraché le cœur sans raison. Elle ne m'aimait peut être pas assez et ça, aucun mot ni geste aurait pu le changer.
Quand je vois Denis et sa façon de me montrer qu'il m'aime sans le dire, j'ai de nouveau espoir en cet amour. J'ai espoir qu'un jour on aimera la bonne personne et que jamais elle arrachera notre coeur. Elle en prendra soin comme la chose la plus fragile de l'univers. Je veux croire que Denis est cette personne mais ces doutes que je ressens constamment, me rendent la tâche plus que difficile.
Je suis consciente d'être un peu embêtante. J'ai souvent besoin d'être rassurée, car et bien je veux me sentir aimer. Je veux qu'on me montre que jamais on ne m'abandonnera. C'est ça ma faiblesse et hier comme aujourd'hui, elle reste implacable.
- Tu peux me promettre une chose ? Demandé-je finalement brisant le silence.
Ma voix est plus hésitante que d'habitude. Mon timbre est emplit d'émotions faute de ne pouvoir les exprimer avec des mots. Je capte de nouveau le regard de Denis et d'un geste qui me surprend beaucoup, il porte ma main jusqu'à ses lèvres et y dépose un baiser. Ce geste n'a rien à voire avec la tendresse quasi inexistante de Denis. Ça me perturbe énormément et ça me fait l'aimer qu'encore plus.
- Quelle chose ? Demande-t-il tout en regardant la route en face de lui.
Je ne sais pas comment l'exprimer mais je vais faire au mieux en espérant qu'il me le promette.
- Tu ne me feras plus jamais de mal.
Oui j'ai dit ça comme s'il m'avait fait subir les pires atrocités. C'est loin d'être le cas. Denis m'a apporté bien plus de moments heureux que de peine. C'est plutôt le reste de mon entourage qui ne s'attelait pas trop à cette tâche.
- Plus jamais ?
- Oui. Je ne veux plus jamais avoir un doute sur toi. Je veux pouvoir te faire confiance à cent pour cent. Je veux tout te raconter sur moi mais je dois être sûr que jamais tu ne me blesseras. Jamais tu ne me trahiras. Jamais tu ne m'abandonneras.
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Trésor d'une vie (T1 + T2) | En pause
RomanceJe m'appelle Diviya Taller. Un prénom très cambodgien pour une américaine n'est-ce pas ? Ma vie c'est mon épreuve et chaque jour, je lutte pour oublier ces douleurs qui me tourmentent depuis mes six ans. J'ai été abandonné par ma maman, Rama. En p...