DENIS HERNANDEZ

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Trois ans plus tôt

Le temps.

C'est un putain de concept dans ce monde de merde. Un parmi tant d'autres. Il semble insignifiant mais la moitié d'entre nous ignorons vraiment sa puissance. Les secondes peuvent devenir des heures, les journées des mois et contrairement à ce qu'on dit souvent, il n'efface en aucun cas les douleurs, ni les remords.

J'étouffe dans le produit de mes propres réactions.

L'air m'asphyxie constamment. Le plafond délabré de mon appart m'offre un reflet de mon avenir et mes pensées me narguent en défilant les jours dont je me suis moi-même privé.

On peut tout me reprocher, jusqu'au malheurs des plus misérables mais on ne me retira pas une seule chose. L'amour que j'ai eu pour ces personnes.

John, Paloma, ma mère et même mon père. Lui qui a toujours trouvé le moyen de me détester. Lui qui a jamais su me regarder comme un fils. Je l'aime aussi. Je sais pas si ça fait de moi un mec complètement désespéré ou quelqu'un qui est en manque d'affection, mais c'est comme ça !

Je tire une taffe de ma cigarette et relève encore la tête vers ce plafond pour cracher mon poison.

Je suis bon pour l'asile. Ouais je crois que ces quatre derniers mois m'ont fait complètement perdre la boule. Je les vois partout : dans mes rêves et mes cauchemars mais en réalité c'est pas ça le pire.

Le pire c'est que je les vois tous sauf elle.

Même dans mes états les plus sombres, mon esprit n'a pas trouvé la force de se l'imaginer et ça c'est pire que tout. C'est comme si elle n'avait jamais existé dans mon esprit. Par contre il y a un putain d'endroit qu'elle ne quittera jamais, c'est ce putain d'organe qui me sert de pompe pour croupir encore dans ce monde.

Elle va mieux ?

Elle fait quoi ?

Elle pense à quoi ?

Elle ressent quoi ?

Faut pas être un génie pour comprendre qu'elle me déteste. Elle a raison de me détester et si j'ai la chance de croiser son chemin un jour, je manquerais pas de la rassurer en lui disant qu'elle ne me détestera jamais autant que moi je me déteste.

Jamais.

Y'a un putain de truc qui vibre dans ma poche et ça commence sincèrement à me les briser. C'est ce putain de portable qui a l'air d'être aussi foutu que moi. Avec le nombre de fois où je l'ai envoyé embrasser le mur, tu m'étonnes !

Et fait chier !

Je le sors de ma poche et décroche sans pouvoir lire la foutue personne qui m'appelle.

- Hernandez ?

Pas lui putain !

- Je suis pas ta meuf Zac, t'as rien à foutre à part m'appeler tous les jours ?

- T'es pas ma meuf mais je m'inquiète pour ta santé !

- Épargne moi ton discours de pédé et accouche !

- Je t'ai trouvé un taff...

Je m'apprête en l'envoyer chier mais il me devance.

- Et t'as pas intérêt à m'envoyer chier, je m'en suis peté le cul à faire jouer mes contacts !

- Quel genre de taff ?

- Le genre qui va te remettre le cerveau en place. Je t'envoie une adresse, soit là bas pour 5h30 demain matin. Et en forme Hernandez !

- Je vais y réfléchir.

Et je raccroche. Je suis clairement pas d'humeur aujourd'hui. Ni jamais en fait depuis que je suis à New York.

Aujourd'hui

- Vous êtes prêts, Monsieur Hernandez.

- Ravi de l'entendre. Répondis-je.

- Je vous souhaite un bon retour à Washington.

Je remercie mon supérieur et récupère mon arme avant de sortir de la pièce. J'attrape ma veste et dégage du hangar. D'un pas assuré je rejoins ma voiture mais c'est seulement quand j'emprunte la voie rapide que je commence à réaliser...

Je vais vraiment tous les revoir et je n'ai aucune putain d'idée de ce que je ressens actuellement.

Hffmbx.

Trésor d'une vie (T1 + T2)  | En pause Où les histoires vivent. Découvrez maintenant