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- Et alors, Zac ? demandé-je le téléphone collé délicatement à mes oreilles.

- Et alors c'est tout ? T'abandonne si facilement ? répondit-il.

- Oui ! Je n'accorde plus aucun intérêt à ces mots ni à ses avertissements. C'est terminé, Zac. Je ne veux plus de lui dans ma vie, même pas en tant qu'ami.

Déposant doucement le biberon de Lina, je la berce contre mon épaule en lui tapotant délicatement le dos, attendant qu'elle fasse son rot.

- Diviya, tu te trompes sur toute la ligne. Je connais mon pote ! T'es sûrement la seule fille qu'Hernandez ai vraiment aimé, ma chère frangine.

Ma chère frangine ? Je m'apprête à protester face à ce surnom étrange, mais Lina se met à pleurer.

- On peut en discuter plus tard, s'il te plaît, Zac ? Mes mains sont un peu occupées...

Finalement, il raccroche et je concentre toute mon attention sur la petite Lina. Je lui chante une douce berceuse tout en parcourant la maison.

Nous sommes samedi, normalement ma journée de repos, mais hier soir la maman de Lina était tellement désespérée en cherchant une nounou pour garder sa fille que j'ai ressenti une profonde tristesse. Je ne pouvais pas rester les bras croisés, sans rien faire, alors je me suis proposée. Après tout, je n'avais rien d'autre à faire. Il y a seulement le fameux week-end de John et Paloma la semaine prochaine, et ensuite le mariage de ma sœur la semaine d'après. À part ça, tout va bien.

Et zut !

En réalité, rien ne va. Je ne cesse de revivre en flashbacks ce qui s'est passé jeudi. Je n'arrive pas à croire que j'ai vraiment eu cette discussion avec Denis. C'était rapide et tellement loin de ce à quoi je m'attendais. Au plus profond de moi, cette sensation me serre l'estomac. J'ai l'impression que cette étrange affaire de police et d'agression derrière le club n'est qu'une infime partie de ce dans quoi Denis s'est embarqué.

Mais peu importe ! Ce n'est plus mon problème, du moins tout ce qui concerne Denis ne fait plus partie de ma vie et ne le fera jamais plus.

Perdue dans les méandres de mes pensées, je n'avais même pas remarqué que Lina s'était doucement endormie. Elle est d'une beauté et d'une douceur si saisissantes, et parfois je me demande si, peut-être dans quelques années, j'aurai ma propre fille...

Mais comment  ?

Denis m'a causé une telle dévastation que j'ai juré de ne plus jamais me laisser prendre au piège de l'amour. Je me suis fermement résolue à ne plus accorder à quelqu'un le pouvoir de me briser en un claquement de doigt. Ce traumatisme, ajouté à ma propre conviction profonde, renforce mon sentiment que la maternité ne fait pas partie de mon destin.

Pourtant, au creux de cette obscurité, une étincelle d'espoir persiste en moi. Je refuse d'être définie par mes souffrances passées. Je refuse de laisser mes cicatrices devenir des barrières infranchissables. Car au-delà de mes peurs et de mes doutes, je sens qu'il y a une force en moi, prête à émerger, prête à guérir et à aimer.

Peut-être que l'amour véritable est capable de transcender les blessures les plus profondes. Peut-être qu'en trouvant la personne qui saura regarder au-delà de mes cicatrices, je découvrirai une nouvelle dimension de guérison, une capacité à donner et recevoir de l'amour inconditionnel. Peut-être que ma propre douleur est le terreau fertile dans lequel peut germer un amour authentique, purifié par l'expérience de mon passé.

La maternité, jadis exclue de mes rêves, prend une nouvelle signification dans cette réflexion. Au-delà des doutes et des craintes, je réalise qu'être une mère ne se limite pas à la biologie, mais plutôt à la capacité de nourrir, de guider et d'aimer un être fragile avec une tendresse infinie. Peut-être que ma souffrance m'a préparée à être cette mère extraordinaire, capable de créer un cocon de sécurité et de tendresse pour un enfant qui mérite d'être chéri.

Ainsi, je m'engage dans une quête intérieure, à la recherche de la guérison et de la rédemption. Je me promets d'explorer les profondeurs de mon être, de comprendre mes blessures et de les transformer en forces. Je refuse de laisser les traumatismes du passé dicter mon avenir. Je choisis d'embrasser l'amour avec toutes ses incertitudes, avec l'espoir que cela puisse combler le vide qui persiste en moi.

Peut-être que je trouverai la bonne personne, celle qui saura panser mes blessures et me montrer qu'il est possible de s'épanouir malgré les épreuves. Et peut-être, juste peut-être, que dans cette guérison et cet amour retrouvés, le miracle de la maternité trouvera une place dans mon cœur, illuminant ma vie d'une beauté nouvelle et insoupçonnée.

Je finis alors par déposer délicatement Lina dans son lit. Mon regard s'attarde sur son visage paisible, et mon cœur se remplit d'une émotion indescriptible. J'hésite à lui donner un baiser sur la joue, mais je m'abstiens en entendant les clés des propriétaires qui résonnent dans la serrure.

Le bruit des clés m'arrache à mes pensées profondes, me ramenant à la réalité du moment présent. Je quitte la chambre de Lina avec précaution, veillant à ne pas troubler son sommeil serein. Alors que je traverse le couloir, je ressens une légèreté dans mes pas, portée par les émotions et les aspirations qui ont empli mon esprit.

Je rejoins le salon juste à temps pour accueillir les propriétaires, des personnes bienveillantes qui m'ont confié la garde de leur trésor pour une journée. Leurs sourires reconnaissants m'émeuvent, et je ressens une profonde satisfaction. Malgré les tumultes de ma propre vie, j'ai pu apporter un peu de sérénité à la petite Lina et à sa famille.

Dans une conversation courtoise, je partage avec eux les moments merveilleux passés avec leur enfant. Leurs yeux s'illuminent, témoignant de l'impact positif que j'ai eu sur leur précieuse petite fille. Cet échange réconfortant confirme que j'ai fait le bon choix en offrant mon aide à ceux qui en avaient besoin.

En quittant la maison, je jette un coup d'œil à mon téléphone qui m'indique que mon Uber arrivera dans quelques minutes. Je décide d'envoyer un message à John, lui demandant de me rappeler dès qu'il le peut.

Une voiture aux vitres teintées s'arrête devant moi sans que je n'accorde une grande attention au chauffeur. Je monte à bord et me laisse conduire en gardant le silence. L'intérieur de la voiture est empreint d'un parfum fruité, délicieusement agréable mais cette douce fragrance commence à m'envoûter d'une manière étrange, troublant mes sens.

Soudain, une pensée alarmante traverse mon esprit. Le masque porté par le chauffeur, l'odeur enivrante qui emplit l'habitacle... Tout se met en place. Je réalise que ce parfum n'est pas anodin.

C'est un gaz, sûrement conçu pour endormir.

La panique s'empare de moi alors que je sens les effets de ce gaz se répandre lentement. Je lutte pour rester éveillée, pour garder le contrôle de mes pensées. Mes paupières deviennent de plus en plus lourdes, mes mouvements se font de plus en plus difficiles.

Puis, je sombre.

Hffmbx.

Trésor d'une vie (T1 + T2)  | En pause Où les histoires vivent. Découvrez maintenant