Chapitre 40

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Le dernier, le dernier, c'était le dernier jour de vie de Fred. Pourquoi maintenant ? Pourquoi la prévenir au dernier moment ? Alors que tout allait si bien entre eux, alors que leur amour ne faisait que croître.

Lucie eut du mal à se concentrer durant le reste de la matinée, n'écoutant que d'une oreille le rapport de George sur la productivité de leur entreprise. Elle fut prise à part par Ginny qui lui proposa une partie de bataille explosive mais Molly décréta que ce n'était guère une activité de femme enceinte.

Très rapidement, la nouvelle du braquage de Gringotts ne tarda pas à arriver à leurs oreilles. Tout aussi rapidement, Lee et les jumeaux enregistrèrent une nouvelle séance pour Potterveille. Indiquant tout ce qui avait eu lieu, racontant le récit avec force de détail positif à l'encontre du trio, dénigrant les sorciers censés protéger cet endroit et se moquant ouvertement des mangemorts. L'émission dura plus longtemps que d'ordinaire tant il y avait de choses à raconter.

Lucie ne participa pas à cette ultime session, les regardant de loin, silencieuse. Elle suivait Harry en le localisant depuis la banque jusqu'à un lac perdu au milieu de nulle part. Il avait dû voler au vu de la vitesse à laquelle il s'était déplacé.

Elle sentait, elle sentait que tout allait se bousculer, elle le savait. Seulement, elle attendait. Elle attendait un signal qui lui indiquerait le début de tout. Prévenir les autres ne servirait à rien tant qu'elle ne connaissait pas le lieu et l'heure, précipiter leur chute ne serait d'aucune utilité.

Dans l'après-midi, Molly et Arthur indiquèrent qu'ils allaient prendre des nouvelles de quelques vieille connaissance de l'Ordre et ils laissèrent leur enfant seul.

Mais Lucie attendait, puisque c'était aujourd'hui. Harry aurait forcément besoin d'elle, d'eux tous. Elle attendait le signal. Mais il ne vint pas à la manière dont elle s'y attendait. Ce fut Ginny qui apporta la nouvelle, brandissant un Gallion comme preuve.

— Il faut qu'on aille à Poudlard ! les prévint-elle.

— Pourquoi ? demanda George sans s'alarmer.

— La Gallion de l'AD ! Neville vient de m'envoyer un message, Harry y est !

— Harry est à Poudlard ? s'étonna Lee qui était resté à la fin de l'enregistrement.

— Oui ! confirma Ginny excité. Si Neville appelle c'est qu'ils ont forcément besoin de nous ! C'est la révolution ! les Carrow et Severus ne tiendront pas longtemps face à nous.

Toutes les têtes se tournèrent vers Lucie, en quête d'une approbation.

— Ça va commencer, confirma-t-elle doucement.

— Alors, Il faut qu'on y aille ! fit Ginny déterminé.

— On ? répéta George sceptique. Je ne crois pas que maman apprécierait qu'on t'embarque dans ce genre de truc, toi non plus Lu.

— Pardon ? intervint la Sol offusquée. Tu veux que je reste ici ? c'est hors de question, je viens ! On vient, ajouta-t-elle après un coup de coude de Ginny.

— C'est trop dangereux ! rétorquèrent Fred et George en même temps

— Ah bon ? je ne m'étais pas rendu compte que nous étions en guerre ! tu avais promis, reprocha-t-elle à Fred. Tu avais dit qu'on resterait ensemble !

— Maman nous tuera lorsqu'elle verra qu'on vous a prise avec nous !

— Ni moi, ni elle, ni le bébé n'allons mourir, aucune de nous trois n'étaient dans ma vision !

Mais Fred l'était, et hors de question qu'elle reste ici à attendre de le sentir mourir. Elle préférait autant se battre et empêcher les mangemorts de s'approcher de lui. Faire en sorte de, peut-être, peut-être modifier le futur ?

— Quelle vision ? demanda Ginny en se tournant vers sa belle-sœur. Tu as eu une vision ?

Lucie chercha de l'aide auprès de son compagnon, ils n'avaient pas le temps de parler de son maudit présage. Mais Fred ne semblait pas s'en préoccuper, au contraire, il souriait, victorieusement.

— Quoi ? questionna-t-elle étonnée.

— Tu as dit « aucune de nous trois ».

— Non, coupa-t-elle, je n'ai pas dit ça.

— Oh si tu l'as dit ! confirma George. C'est une fille ! s'exclama-t-il en tapant dans la main de son frère.

Lucie ne put s'empêcher de sourire, elle n'avait pas fait attention à ce qu'elle avait dit. C'était sortie tout seul, sans son accord. Mais le sourire de Fred valait bien tous les trésors, ce serait peut-être son dernier sourire. Si ça lui plaisait de penser que son garçon serait une fille... Les larmes lui montèrent aux yeux, les hormones de la grossesse... Fred le remarqua et vint l'embrasser.

— Je viens, reprit-elle.

— On vient, corrigea Ginny.

— Vous ne venez pas.

— Si, contredirent-elles en cœur.

— Une femme enceinte et une sorcière de premier cycle n'ont rien à faire sur un champ de bataille.

— On va s'en sortir, toutes les deux. On perd du temps, ils nous attendent, on doit y aller, maintenant !

Fred et George échangèrent un regard qui semblait vouloir dire mille mots, et acquiescèrent au même moment.

— Tu restes à côté de moi, céda-t-il en l'attrapant par la main fermement.

— Et toi avec moi, fit George en attrapant Ginny à son tour.

Parfait, c'était exactement ce dont elle avait besoin, rester à ses côtés, jusqu'au bout. Ginny ne protesta pas non plus, trop heureuse de venir. Elle l'embrassa en remerciement et George plaisanta en disant qu'ils pourraient prendre une chambre après la bataille. Non, ils ne le pourraient pas, voulait-elle répondre. C'était peut-être leur dernier baiser ? La dernière fois que sa main était dans la sienne. La dernière fois qu'ils transplanaient ensemble.

Ils arrivèrent à la tête de sanglier tous les quatre où certains des membres de L'AD se trouvait déjà attendant de pouvoir emprunter le passage secret qui les mènerait au château.

— Lucie ! appela Matthew en se précipitant sur elle. Tu es toujours vivante !

— Evidemment, s'amusa-t-elle en le prenant des ses bras mais gardant toujours sa main dans celle de son compagnon.

Si Gwenda avait choisi de se spécialiser dans la maternité, Matthew, lui, avait décidé de monter en grade, visant le poste de chef de service. Une décision qui lui prenait tout son temps libre. Lucie ne l'avait plus vu depuis décembre.

— Ton ventre pousse, s'amusa-t-il en s'écartant d'elle.

— C'est une future petite fille, lui apprit Fred non sans fierté.

Lucie leva les yeux au ciel sans le contredire.

Abelforth leur cria de se dépêcher d'emprunter le passage qui menait à Poudlard s'ils ne voulaient pas être repérés par les mangemorts. Fred l'aida à monter et elle ne lui dit pas qu'elle pouvait très bien se débrouiller seul, c'était peut-être la dernière fois qu'il l'aidait.


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J'ai failli oublier de poster !!!! Je fais durer le suspens avec ce chapitre... Fred meurt, Fred meurt pas, Fred meurt, Fred meurt pas... qui peut savoir ? 


Question n°40 : Qui tue Bellatrix Lestrange ? 


Le Pouvoir Solitaire - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant