Le Pouvoir Solitaire - Tome 2

Chapitre 10 pdv Lucie

Les rêves de Lucie avaient toujours été étrange. Il lui fallait parfois du temps pour démêler le vrai du faux, d'autre fois la solution lui apparaissait aussi clairement que si elle était éveillée. Depuis quelques temps déjà, la Sol rêvait d'un même instant et plus précisément du jour où le faux plan à la boutique avait eu lieu. La conversation se repassait en boucle dans sa tête et Lucie se réveillait toujours avec la désagréable impression d'avoir manqué quelque chose.

— Qu'est-ce que tu as vu ? demanda Fred d'une voix ensommeillée à côté d'elle.

— La même chose, murmura-t-elle doucement pour ne pas réveiller George et Angelina qui dormait dans l'autre pièce.

Il se redressa un peu sur le lit pour venir contre elle, prêt à écouter. Lucie s'en voulait toujours un peu de le priver si souvent de sommeil mais elle avait besoin de parler de ses rêves pour les comprendre. Au début, elle avait seulement cru que voir son petit ami draguer une autre fille l'avait perturbé au point de la suivre dans ses cauchemars. Mais maintenant, elle était persuadée qu'il y avait un message caché dans tout cela.

— Il n'y rien qui change, ce n'est pas comme le mariage qui se modifie en permanence, les détails sont en tout point identiques. Comme si, comme si mon cerveau voulait me faire comprendre que j'avais loupé un truc important, comme s'il me demandait de regarder plus attentivement.

— Qu'est-ce que tu aurais pu manquer ?

— Des tas de choses ! Si ça se trouve quelqu'un m'a vu avec toi dans la réserve, ou quelqu'un a compris que j'étais là. On n'a peut-être pas été assez prudent et quelqu'un va venir vous chercher toi et George pour m'atteindre !

— Chut... calma-t-il doucement, ne panique pas, respire et poses toi des questions simples. Danger ou non ?

Lucie prit plusieurs inspirations profondes avant de répondre négativement. Non, elle ne sentait aucun danger d'aucune sorte.

— A partir de quand tu as cette impression, durant toute la scène où à un moment précis ?

— Réserves, quand on est dans la réserve. Est-ce que quelqu'un a pu... ?

— Impossible, elle est protégée par un sort anti-voleur, seuls toi, nous et Vérity peuvent y entrer.

Elle repassa la totalité de leur conversation dans sa tête, sans oublier le moindre détail, la place des cartons dans la pièce, les plumes et les parchemins qui s'entassaient, le bouillonnement d'une potion qu'ils ont laissé poser, le bourdonnement des conversations des clients, presque incompréhensible, la voix de George qu'elle discerne de temps à autre, la position de la main de son compagnon dans son dos, l'odeur envoutante de son parfum. Rien de tout cela n'avait de lien et pourtant quelque chose clochait. Mais la Sol sentait bizarrement qu'elle allait pouvoir trouver aujourd'hui, même si cela faisait plusieurs nuits qu'ils avaient cette conversation.

— Je ne voie pas, ragea-t-elle, j'ai l'impression que c'est juste sous mon nez.

Ses yeux étaient plongés dans ceux de son compagnon pour y chercher de l'apaisement.

— Continue de me parler, tu vas trouver, assura-t-il.

Parler, mot, langage.

— C'est ça ! Ce sont les paroles, quelques choses qui a été dit !

— Tu vois ! s'enthousiasma-t-il. Maintenant qui a dit quoi ?

L'évidence, ce fit, juste sous son nez.

— C'est toi !

— Quoi ? qu'est-ce que j'ai dit ?

Elle se concentra sur ses paroles à lui, mot après mot elle décortiqua tout et enfin au dernier moment elle sut.