Le Pouvoir Solitaire - Tome 2

Chapitre 8 pdv Lucie

Molly avait décrété qu'il ne fallait pas la laisser seule une seconde. Une précaution bien inutile puisqu'elle ne comptait plus aller nulle part. La mère de famille lui avait aussi interdit de retourner chez Charlie pour pouvoir mieux la surveiller, avait-elle dit. Lucie avait alors lancé un regard implorant à Harry et celui-ci s'était immédiatement proposé pour la loger chez lui.

Le 12 finit par devenir aussi fréquenté que le terrier. La première semaine, Charlie avait tenu à rester auprès d'elle en prenant des jours de repos mais il ne pouvait se permettre de manquer son travail plus longtemps. Molly trouvait toujours une excuse pour venir et Ginny se portait tous les jours volontaire pour faire une inspection. Etrangement, Harry se trouvait d'excellente humeur à chacune de ses visites.

Le soir, la maison se vidait petit à petit et il ne restait plus que Harry avec elle. C'était calme et apaisant, sauf quand Aisline se mettait à crier pendant des heures, ce qu'elle ne manquait de faire au moins cinq fois par semaine.

Dans tous les cas, les nombreuses visites et la surveillance constante n'étaient pas trop oppressant pour Lucie, elle qui ne voulait pas aller au Terrier pour ces raisons. A chaque fois, ils venaient plus pour voir Aisline que pour la voir, ce qui ne la dérangeait pas.

Aujourd'hui, Ron avait été désigné pour la surveiller. Il n'y avait que deux jours dans la semaine où Harry et lui ne travaillaient pas ensemble, ayant respectivement un jour de repos. Ron était de ceux qui venait la voir elle et non pas son bébé, il était même possible qu'il ne l'ait jamais prise dans ses bras.

Ils avaient commencé une partie d'échec et Ron s'était révélé être un adversaire redoutable.

— Tu vas perdre, fit-il remarquer au bout d'un certain temps.

— Je ne m'avoue pas vaincu, déclara-t-elle en déplaçant un pion.

— Tu as perdu, confirma-t-il en faisant échec et mat.

Lucie regarda le plateau, choquée d'avoir bel et bien échoué. Ron lui offrit un sourire victorieux et ils replacèrent les pions car Lucie exigea aussitôt une revanche.

— Tu sais où est Hermione ? demanda-t-il en recommençant la partie.

— A Sydney, lui apprit-elle immédiatement.

Tous les matins, Lucie lui ouvrait une porte vers une ville d'Australie et tous les soirs elle en ouvrait une autre pour la faire revenir. Ron aurait bien aimé l'accompagner en profitant de son jour de repos mais il fallait quelqu'un pour la surveiller et Ginny devait absolument faire sa valise pour la rentrée de demain. Hermione avait déjà fini la sienne depuis longtemps.

— Ron ? fit-elle hésitante.

— Oui ?

— J'aurai besoin de toi pour faire quelque chose...

— C'est-à-dire ?

— Je voudrais aller quelque part...

— C'est-à-dire ? répéta-t-il.

— J'aimerai aller à Godrics Hollow, sur la tombe de mes parents...

— D'accord, accepta-t-il facilement. On ira avec maman quand elle viendra ce soir.

— J'aimerai autant éviter... murmura Lucie.

— Tu veux y aller seule ? comprit-il sceptique.

— Pas vraiment seule, contredit-elle, tu seras là et on ira avec Aisline.

Il fit une drôle de tête et Lucie savait bien qu'elle le mettait dans une situation délicate.

— Pourquoi tu me demandes à moi ? Pourquoi tu ne demandes pas à Harry ?

— Vu comment s'est passé son dernier séjour là-bas, je doute que ce soit une bonne idée et, je sais que toi, tu ne poseras aucune question.

Elle lui jeta un regard en coin pour analyser sa réaction. Malgré tout, Il ne semblait pas complètement opposé à son escapade.

— Tu me promets de ne pas faire de bêtises ? c'est sur moi que ça retomberait après...

— Je ne vais pas me mettre en danger, assura-t-elle, ni celle d'Aisline. Pas de bêtise, c'est promis.

— Alors habilles-toi ! ordonna-t-il en se levant également. Maman a dit qu'elle viendrait jeter un œil en fin d'après-midi.

— Vous n'arrêterez pas de me surveiller, hein ?

— Estime-toi heureuse, maman voulait qu'on retire toutes les portes de la maison mais elle a fini par se dire que ça ferait des courants d'airs néfaste pour Aisline.

Ils prirent tous les deux un manteau malgré le temps agréable et Lucie prit également soin de couvrir sa fille. Ensuite, elle ouvrit une porte vers le cimetière, gardant sa fille dans ses bras. Ron les suivait de près en prenant soin de vérifier que personne ne les suivait. Une habitude qu'il avait dû prendre cette année.

Enfin, Lucie s'arrêta devant le bon emplacement, dans ses bras, Aisline se réveillait doucement. Elle fit un signe de tête reconnaissant envers Ron et il s'écarta un peu, légèrement mal à l'aise. Lucie s'assit à même le sol, en tailleur, de façon à placer sa fille sur ses jambes. Celle-ci la fixait d'un regard encore pétillant de sommeil et elle lui lança un incroyable bâillement qui fit sourire Lucie. Elle vit également sa petite main potelée s'agiter et Lucie lui tendit son doigt auquel elle s'accrocha automatiquement.

— Vous aviez dû vous rendre compte que vous étiez grands-parents, déclara-t-elle finalement d'une voix faible.

Elle les imagina prendre place devant elle et se redressa un peu.

— Je vous présente Aisline Gwendoline Weasley.

Elle offrit un sourire à sa fille, qui faisait des bulles avec sa bouche.

— Aisline, fit-elle à celle-ci, je te présente mamie Lily et papi James.

La bouche d'Aisline fit une bulle de plus. Maintenant, les présentations étaient faites.

— Je suis venue vous apporter la pierre, reprit-elle en la sortant de sa poche. J'aimerai que vous veilliez sur elle. Elle sera en sécurité avec vous.

Elle la fit léviter jusqu'à la surface de leur pierre tombale et elle l'y incrusta comme un joyau, de manière à ce que personne ne puisse la retirer. De là on apercevait très bien les symboles des reliques de la mort, un symbole qu'arborait beaucoup de pierre dans ce cimetière. Personne ne se douterait que ce n'était pas qu'une décoration et, grâce à ça, leur tombe n'en ressortait que plus belle.

— J'ai un autre service à vous demander et je sais que vous vous en acquitterez, si ce n'est pas déjà fait. Prenez soin de lui. Prenez soin d'eux tous.