— Tu vas tenir, loin de ta fille, pendant toute une journée ? questionna Matthew sceptique.
— Je peux aller la voir en une demi-seconde, rétorqua-t-elle moqueuse. Tu penses que j'ai accepté le poste à temps plein sans réfléchir aux conséquences ?
— Parce que tu crois que je vais t'autoriser à faire des allers-retours entre ici et le terrier ? Quel genre de bosse tu crois que je suis ? railla-t-il.
Lucie afficha une petite moue de chat potté, essayant d'être convaincante.
— Tu n'oserais pas séparer une mère et son enfant ?
— J'ai un service à gérer et t'es mon meilleur médecin, je vais me gêner, s'amusa-t-il en lui lançant une pichenette.
Ils pénétrèrent en même temps dans la salle du service bondé. Le petit déjeuné venait d'être servi aux patients qui étaient tous bien réveillés.
— J'ai l'impression qu'on a encore une intrue, constata Lucie amusée en regardant le lit de Frank Londubat. Tu devrais insister pour qu'Alice puisse rester dans le service...
— Je l'ai fait, mais le directeur a raison, nous manquons de lit ici et son nouveau service est plus adapté au soin qu'elle doit recevoir. Tu ne peux plus rien faire pour elle.
— Moi, j'aurai tendance à dire que je peux encore l'aider à retrouver sa chambre, taquina-t-elle.
Lucie s'élança dans le service en direction du couple, Alice croisa son regard et se fit toute petite.
— Alice... commença Lucie en prenant une fausse voix menaçante. Il me semble que vous n'êtes pas au bon étage...
Elle fit une moue innocente et la supplia du regard.
— Vous connaissez le règlement, Alice, poursuivit Lucie avec douceur. Je dois vous ramener dans votre chambre.
A contre-cœur, Alice se leva en jetant un dernier regard à son époux, elle lui serra la main tendrement et suivit Lucie. Depuis que Neville était venue la voir, Alice était lucide et avec la lucidité venait les souvenirs, l'amour pour son mari et son fils, sa famille.
La Sol lui tendit son bras sur lequel elle s'appuya volontiers plus par habitude que par besoin et elles quittèrent le service d'un pas lent mais régulier. Depuis quelques semaines, Alice ne répondait plus au traitement de la Sol. Du moins, elle n'en avait plus besoin pour faire des progrès. Par conséquent, on leur avait demandé de la changer de service pour libérer un lit.
Le service de pathologie des sortilèges avait été le plus touché par la guerre. L'hôpital avait décidé de créer un nouvel étage pour répondre à la demande. Les cas graves qui nécessitaient des soins importants et constants restaient dans l'étage initial. Le reste des patients, dans la voie de la guérison, se trouvait désormais à l'étage du dessus.
Alors, tous les matins, Alice se faufilait dans l'étage du dessous pour retrouver son époux. Lucie la ramenait immanquablement dans sa chambre sans la sermonner parce que, s'il y avait quelqu'un qui pouvait comprendre le besoin de voir l'être aimé, c'était elle.
— C'est dangereux de se promener ainsi dans les couloirs, il y a beaucoup de monde dans l'hôpital... ou alors il faudrait y aller de nuit ! C'est beaucoup plus prudent entre cinq et six heures, ajouta-t-elle plus bas pour que personne n'entende.
Lucie lui lança un sourire malicieux et Alice lui offrit un sourire de remerciement. Le planning des gardes changeait chaque jour et chaque jour Matthew pestait contre sa capacité à se glisser entre leurs nouveaux horaires.
— A demain... glissa Lucie en lui offrant un petit clin d'œil.
Lucie ouvrit une porte vers son service pour être plus rapide et fut accueillie par une foule de personne.
— Lucie !
Hermione et Ron lui sautèrent dessus, l'air débraillé, sac à dos sur le dos.
— On les a trouvés ! Ils étaient seuls dans une petite maison, c'est fou j'étais juste à côtés de leur village il y a un mois mais je suis passée à côtés ! débita Hermione à toute vitesse le sourire jusqu'aux oreilles.
— Du calme Mione, je ne comprends pas ! Redis-moi ça lentement !
— Mes parents ! On les a trouvés ! s'exclama-t-elle les yeux brillants de larmes de joie.
— En dehors de la périphérie, expliqua Ron aussi enthousiaste, on aurait dû se douter qu'ils se seraient éloignés des grandes villes.
— C'est génial ! fit Lucie en partageant leur exaltation. Mais pourquoi... pourquoi vous êtes ici ? Ils sont blessés ?
— Non enfin oui... pas tout à fait... bafouilla Hermione confuse.
— Disons qu'ils ne sont pas encore entiers, compléta Ron énigmatique.
Lucie jeta un coup d'œil dans la salle et reconnut les parents d'Hermione en un instant. Matthew se trouvait à côté d'eux, réalisant les examens de bases. La Sol le rejoignit sans perdre une seconde, suivit de près par Hermione et Ron.
— Ils doivent quitter le service, on s'en occupe, indiqua Matthew en les désignant d'un geste.
— Je veux juste m'assurer qu'ils vont bien, fit Hermione en suppliant Lucie.
— On va vérifier ça, approuva la Sol, la seule chose que vous puissiez faire c'est sortir de la salle. La pièce est déjà bondée. Je peux ? demanda-t-elle finalement avant de poser sa main sur le front d'Hermione. Pense à ce qui s'est passé.
En une seconde, elle vit le désespoir d'Hermione, le bonheur au moment des retrouvailles, puis la peine en voyant qu'ils ne la reconnaissaient pas. La Gryffondor avait essayé d'utiliser divers sortilèges pour leur rendre la mémoire mais les derniers avaient été un peu néfaste. Les parents Granger étaient devenus légèrement hagard et Hermione avait préféré venir à l'hôpital avant de faire plus de dégât.
— Quand tu leur as effacé la mémoire tu l'as fait de ta naissance à maintenant ou de maintenant à ta naissance ?
La mémoire d'Hermione lui répondit avant elle, elle avait commencé à s'effacer de l'âge adulte jusqu'à son enfance.
— Vous devez sortir et nous laisser faire notre travail, répéta Matthew pour la dernière fois. On vous tiendra au courant.
Hermione lança un regard inquiet et Ron l'incita à quitter la pièce, elle le suivit sans protester mais ne cessa de regarder en arrière.
— Tu penses pouvoir réparer ça ? demanda Matthew une fois la porte refermée derrière eux.
— Hermione a combiné des sortilèges complexes comme une vraie pro...
— Et ?
— Et si j'ai réussi à guérir Alice Londubat, soigner les Granger devrait être un jeu d'enfant.
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Le Pouvoir Solitaire - Tome 2
FanfictionTOME 2 !!! Adieu l'enfance et bonjour l'âge l'adulte! La vie à Poudlard est désormais terminée pour Lucie et les jumeaux mais la guerre arrive à grand pas. Lucie devra, plus que jamais, maitriser ses pouvoirs pour protéger ses proches et arriver à v...