Le Pouvoir Solitaire - Tome 2

Chapitre 37 pdv Lucie

— Il vaudrait mieux la laisser prendre l'initiative de l'échange, essaya d'expliquer Lucie, Essaie de ne pas la brusquer, elle a besoin de temps pour se faire à l'idée. Dans sa tête, tu restes encore son bébé d'un an.

Neville acquiesça doucement au fur et à mesure de ses paroles. Lucie avait hâte que la rencontre commence, elle était sûre que c'était le bon moment, qu'Alice était prête.

— Si elle me sourit ce sera déjà ça, répondit Neville dans un sourire.

Il ne l'avait pas vu depuis quelques temps, Lucie avait demandé à ce qu'il espace ses visites pour que le traitement fonctionne. Depuis qu'elle ne portait plus ses bracelets, elle faisait totalement confiance à son intuition. Elle savait que c'était la bonne solution.

— Alice adore sourire, s'amusa Lucie, c'est une petite filoute, elle n'arrête pas de me faire des blagues ! C'est pour ça que je t'ai demandé de venir, en sachant que tu es là, il est possible qu'elle retrouve une part de sa lucidité.

Neville avait l'air d'être redevenu un petit garçon, lui qui avait tellement changé depuis la guerre. Il avait peur et c'était compréhensible.

— Elle ne parle toujours pas ou seulement quelques mots, le mieux c'est de faire comme si elle te répondait et de faire un monologue. Tu verras ses yeux parlent pour elle et ça l'amuse aussi quand on imagine ses répliques. Mais bon, fait comme tu le sens, soi toi-même c'est le plus important !

— Tu te contredis tu sais ? fit-il remarquer.

— Désolée, c'est peut-être aussi important pour toi que pour moi, s'enthousiasma Lucie. Quoi qu'il se passe aujourd'hui, je te promets de te ramener ta mère, Neville, déclara-t-elle avec le plus grand sérieux.

— Merci, Lucie.

Son regard était tourné vers le fond de la pièce où on apercevait les pieds d'Alice, chaussés de chaussette très colorés et dépareillés. L'appréhension se lisait sur son visage en même temps que l'envie. Il devait hésiter entre aller la voir ou faire demi-tour. Lucie lui laissa le temps de se décider, de faire le premier pas. Il se lança au bout de quelques secondes seulement.

Comme prévu la Sol le laissa y aller seul et le regarda de loin, en lui donnant des encouragements silencieux et en priant pour que tout se passe bien. Elle suppliait Alice mentalement pour que celle-ci reconnaisse son fils ou au moins discute avec lui.

Elle ne vit pas la réaction d'Alice à la vue de son fils mais elle vit le visage de Neville. Pour la première fois depuis une éternité, il devait voir, dans son regard, l'étincelle de la vie. Elle n'était plus un corps sans âme avec les yeux vitreux, elle était, de nouveau, un peu sa mère.

Neville ne revint vers elle qu'une heure plus tard, le sourire jusqu'aux oreilles.

— Elle ne m'a pas reconnu, indiqua-t-il, mais elle a fait une drôle de tête quand je lui ai dit mon nom. Elle réagissait quand je lui parlais ! fit-il stupéfait. Elle était vraiment là !

Il lui relata tout ce qu'il voulait bien dire de cette entrevue en s'attardant sur les réactions de sa mère qu'il jugeait extraordinaire. Lucie essaya de ne pas laisser paraître sa déception, rien de ce qu'il lui rapportait n'était étonnant. Alice réagissait toujours ainsi désormais mais la Sol espérait tant que voir son fils allait déclencher chez elle quelque chose de nouveau.

Avec regret, Neville dû retourner chez lui, il avait promis à sa grand-mère de venir tout lui raconter. Après une dernière légère discussion avec sa mère, il s'en alla le sourire aux lèvres, plus heureux que jamais.

— C'est déjà un bon début, rassura Matthew lorsqu'ils furent seuls à la fin de son service.

Il était sans doute arrivé à la même conclusion que Lucie.

— Ce n'est pas assez, mais c'est déjà bien !

— Au moins ça a fait plaisir à Neville...

— Personnellement, je m'attendais à bien pire, des cris ou des larmes... Alice a vécu un véritable traumatisme quand elle comprendra tout ce qu'elle a perdu...

— Elle est tellement joyeuse pour l'instant, soupira Lucie. Jusqu'à maintenant je me suis contentée des souvenirs dont elle disposait et le sortilège doloris a endommagé beaucoup de ses souvenirs. J'aurai tant aimé qu'elle s'en rappelle par elle-même.

— Peut-être est-il temps de lui donner un coup de main ? suggéra Matthew. Ne serait-ce que pour lui faire comprendre que l'homme qu'elle vient de voir et son bébé sont la même et unique personne.

Cela pourrait aider... en lui montrant des photos de la vie de Neville, de son enfance, de son passage à Poudlard. Le visage de son fils où elle pourrait reconnaître le mélange de son visage et de celui de son époux, si elle se souvenait de lui.

— Je crains de la faire énormément souffrir... lança finalement Lucie abattue. Elle a l'air si apaisée !

Matthew hésita un instant.

— Si... si tu avais l'opportunité de tout effacer pour oublier la peine que sa mort a causé, afin de vivre heureuse en toute ignorance, tu le ferais ?

Jamais. Matthew vit sa réponse dans son regard et lui offrit un sourire de circonstance. Ce n'était pas la protéger que de lui cacher la vérité.

— Tu veux toujours augmenter tes heures de travails ? demanda-t-il finalement.

— Oui, confirma-t-elle, mais je ne te garantie pas de pouvoir être régulière...

— Ce n'est rien, tu n'auras qu'à passer quand tu le pourras, ton boss est super sympa en plus !

Lucie lui tira la langue

— Dans quel service a été muté capitaine monstruosité ? s'enquit Lucie soudainement, ayant complétement oublié l'existence de son ancienne responsable.

— Elle est partie en Amérique quand ça a commencé à devenir compliqué ici, expliqua-t-il, elle était à moitié moldu.

— Elle est arrivée ? s'inquiéta Lucie.

— Oui, le directeur de l'hôpital a vérifié que tous les nées moldu aient pu quitter le pays sans encombre... Depuis la fin, certains sont restés à l'étrangers et d'autres sont revenus.

— Les mangemorts vous ont causé beaucoup de problèmes...

— C'était tendu oui, on ne savait plus où donner de la tête, mais j'ai appris plus de chose durant cette période que si tout avait été normal. ça m'a permis d'avoir ce poste aussi... Surement le seul point positif qui puisse ressortir de tout ça.