JUKA
Une odeur tenace de brûlé tira Juka de son sommeil. La jeune femme dégagea ses cheveux de son visage et s'aperçut qu'elle était entourée de flammes. Elle voulut crier et fuir mais son regard croisa celui du cuisinier qui lui avait servi du poisson fumé. Qu'est-ce que... Reprenant ses esprits, Juka analysa rapidement la situation. L'incendie n'occupait en réalité qu'un bon quart de la pièce, ne s'étendait pas, ne l'entourait pas réellement, et le cuisinier était allongé dans le feu. Il la regardait avec panique, sans bouger. Il va mourir ! En ne le voyant pas ciller, Juka se demanda s'il n'était pas déjà passé dans l'au-delà.
La jeune femme s'approcha du brasier. Elle ne pourrait pas attraper le gros bonhomme sans toucher les flammes. Il va pourtant falloir essayer ! Juka hésita quelques instants avant de saisir les deux jambes potelées du cuisinier et de le traîner sur quelques pas. La jeune femme serra les dents et poussa un cri de guerre pour ne pas ressentir la douleur. Elle lâcha prise lorsqu'elle n'eut plus assez de force pour le sortir complètement du feu. À sa grande surprise, ses bras étaient immaculés. Ces flammes ne brûlent pas ! La peur la quitta définitivement et elle extirpa le cuisinier de l'incendie.
Il se redressa avec lenteur, aussi surpris qu'elle.
« D'habitude, ce n'est pas moi qu'on essaie de cuire... »
Juka sourit sans rien dire. Bien sûr, personne ici ne parlait sa langue, et encore moins le cuisinier. Par curiosité, elle s'approcha du feu et y mit sa main. Pas de chaleur, pas de douleur, même pas de sensation ! Pourtant, un bruit très réaliste de crépitements montait du brasier. Sorcellerie !
« C'est vraiment étrange. Un feu inutile qui ne permet pas de cuisiner ! »
Juka sourit à nouveau par politesse et le cuisinier se mit à rougir. La jeune femme haussa les sourcils, se demandant s'il avait pris un coup de chaud dans le faux incendie.
« Vous ne comprenez pas ce que je dis, n'est-ce pas ? »
Juka cilla.
« Vous êtes très jolie. Je n'ai jamais dit cela à qui que ce soit, mais je préfèrerais vous cuisiner du poisson fumé toute la journée qu'expérimenter de nouvelles recettes. Juste pour vous voir sourire. Vous seriez ma meilleure amie. »
Impossiblement écarlate, le cuisinier détourna son regard de la jeune femme.
« Juka » déclara-t-elle.
Le cuisinier hocha la tête et se présenta de même :
« Stanislas.
— Sa... Sani... ? hésita-t-elle.
— Sta-ni-slas !
— Sanilas. Sani... Sani ?
— Sani. » confirma-t-il, amusé par sa difficulté à prononcer les prénoms de ses nouveaux compagnons.
Juka porta une main à sa robe en peau de vache et soupira. C'est Anna qui a gardé le carnet... Elle n'allait pas pouvoir communiquer par dessins avec Stanislas. Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire ? Soudain la voix du maître des lieux la tira de ses inquiétudes.
« EST-CE QUE VOUS ME COMPRENEZ BIEN, TOUS LES DEUX ?
— Oui, répondirent Juka et Stanislas de concert et dans deux langues différentes, à leur grand étonnement.
— BIEN. JUKA A FAIT PREUVE D'UNE GRANDE ABNÉGATION EN SAUVANT STANISLAS DU FEU, SANS SAVOIR QU'IL ÉTAIT FACTICE. VOUS POUVEZ DONC VOUS FAIRE CONFIANCE. »
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B
مغامرةDouze hommes et femmes se réveillent dans une sorte de manoir dont les pièces changent selon le bon vouloir d'un maître des lieux capricieux, dont les objectifs ne semblent pas... limpides. Après quelques quiproquos, les nouveaux "...