32. Charles

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CHARLES

« C'est ridicule, Nok, on ne va pas tout visiter !

— Pour une fois qu'on a vraiment quelque chose à faire, pourquoi s'en priver ? »

Charles haussa les épaules en soupirant, vaincu. Après tout... c'est vrai. Le révolutionnaire s'était réveillé avec Nok dans ce qu'ils avaient défini comme un musée. Ses oreilles bourdonnaient sans cesse, à présent. Il faut arrêter de nous endormir de force comme ça, j'ai mal au crâne...

« Viens, Charles ! s'impatienta Nok. Peut-être que c'est notre épreuve de traverser toutes les salles.

— Pourquoi y aurait-il un musée aussi grand au milieu d'un manoir ? marmonna-t-il en le rejoignant.

— Est-ce que tu te poses réellement la question ? Il n'y a rien à comprendre, Charles... Il faut essayer de rentrer chez nous, c'est le seul truc à peu près clair. »

Le révolutionnaire ramassa en silence sa rose jaune qui était tombée sur le sol. Il la replaça sur sa chemise. Je rentrerai avec, je la montrerai à Louis et je lui dirai que j'ai réussi à la garder dans un manoir rempli de fantômes. Peut-être serait-il fier de lui. Il grimaça en sentant son estomac se retourner. Depuis le repas collectif, il avait le sentiment d'avoir oublié une chose capitale sur son passé. Quelque chose de terrifiant.

« Charles, tu t'occuperas de ton look plus tard !

— De mon quoi ?

— Laisse tomber. »

Charles rejeta ses cheveux en arrière et s'avança devant l'entrée du musée. Il pouvait distinguer de l'autre côté de la porte ouverte des objets entreposés dans des vitrines. Le révolutionnaire aperçut un écriteau à côté de l'entrée et le lut à voix haute :

« Ce musée contient des éléments du quotidien des douze invités du Créateur. Donc nous nous sommes tous déjà vus, il n'y a pas de treizième personne dans ce manoir. Invités ? Ce n'est pas le terme que j'aurais utilisé. On nous prend pour des imbéciles, plutôt. »

Il se tourna vers Nok pour lui proposer d'entrer, mais le jeune homme basané le fixait avec incrédulité. Allons bon.

« Quoi ?

— Tu sais lire, commenta Nok.

— Oui, je sais lire, répéta Charles d'un ton méprisant. Je crois t'avoir déjà raconté que je lisais et écrivais des pamphlets pour Louis. Et alors ? Je ne suis pas le seul.

— Donc... tu n'es pas si pauvre.

— Ai-je dit le contraire ? » répliqua-t-il en entrant dans le musée.

Je n'aime pas du tout tes questions, mon cher Nok. Charles évita soigneusement le regard de son comparse et se concentra sur la première salle de l'exposition. Il ignora dans un premier temps les objets protégés par des vitrines en verre puis s'intéressa à la frise chronologique placardée sur le mur.

« Ce sont nos dates de disparition, je crois, dit Nok derrière son épaule. Oui, c'est bien 5032 pour moi. C'est plutôt... instructif. Est-ce qu'il pourrait y avoir une logique dans tout ça ? Est-ce que nos époques seraient symétriques ou séparées par une durée égale ? »

Charles observa la frise pendant quelques secondes. Il secoua la tête.

« Non, regarde... Tu es presque à l'opposé de Juka par rapport à l'an zéro, mais c'est tout. Le reste n'a pas de logique.

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