CAMILLE
Camille était absolument sûre que Philémon et Anna s'étaient embrassés sauvagement derrière un arbre. Le dos du gentleman avait ramassé tant de brins d'herbe qu'elle était même certaine qu'il avait été plaqué au sol. C'est incroyable... Ils auraient peut-être pu se mettre en couple beaucoup plus vite ! Lorsqu'Anna l'avait regardée en niant leurs ébats et que Philémon s'était tourné vers elle, aucun doute n'avait persisté : il avait du rouge à lèvres partout.
Après avoir découvert l'étendue du désastre et rassuré tout le monde, B proposa de passer au dîner et de ne plus parler de l'attaque d'Agnès. Celle-ci prit un morceau de pain et s'enferma dans sa chambre, totalement déprimée. Camille frappa à sa porte plusieurs fois pour lui dire que personne ne lui en voulait, mais elle ne la crut pas et se mura dans le silence. Ça ne me dérange pas de finir ma vie avec Agnès, mais je suis triste que les autres partent sans avoir une bonne opinion d'elle.
Lorsque le repas prit fin, Nok posa ses couverts dans son assiette et déclara :
« Je crois que B sera d'accord pour dire que l'aventure doit s'arrêter ici, pas vrai ? Si tout le monde est prêt à rentrer chez lui, il faut le faire dès demain.
— Déjà ? s'étrangla Anna. Pourquoi si tôt ?
— Et c'est toi qui me demandes ça ? s'étonna Nok. Tu t'es fait attaquer, mais ça ne te dérange pas ?
— Ce qu'Anna veut dire, intervint Camille pour l'aider, c'est que ça arrive très vite, comme nouvelle ! Je ne sais pas si j'ai envie de rentrer tout de suite... »
En voyant Julius la regarder avec surprise, Camille toussa bruyamment en faisant un petit signe en direction de Lemnos. Il ne sait pas que je préfère rester ici... J'espère que Julius ne lui en parlera pas avant demain.
« Je pense que vous avez raison, dit B. Est-ce que quelqu'un a une objection ? »
Personne ne s'interposa. Tous savaient qu'il ne leur servirait à rien de passer plus de temps ici : ils étaient préparés à leur passé et devaient s'y confronter. Les jours passaient et ils dormaient de plus en plus mal, tout en prenant le risque de mourir accidentellement et de retourner chez eux sans aucun souvenir. Il fallait se lancer.
Cette nuit-là, ils firent les pires cauchemars de leur vie. Leur présence dans le manoir devenait trop longue pour leur esprit. Il fallut même faire répéter à Maurice sa stratégie de survie pour qu'il se souvienne de qui il était. Charles regardait ses mains sans parler à Nok, comme résigné. Ce qu'il voyait la nuit n'était pas plus terrible que ce qu'il avait vécu, mais il se sentait de plus en plus faible. Le cœur de Camille cognait plus fort que jamais : ils allaient tous se séparer ! Plus de Lemnos, plus de Juka... C'était la fin de leur aventure. Ils vont tous me manquer...
Le moment était bien choisi pour partir. Philémon et Anna ne se quittaient plus, main dans la main. Ils avaient passé la nuit dans la même chambre et Camille avait entendu le son lointain de leurs conversations. Maintenant qu'ils allaient se quitter, ils passaient leur temps à discuter, parler sans relâche jusqu'au dernier instant. C'est dommage... tellement dommage.
B marchait lentement, comme s'il avait quelque chose de difficile à annoncer. Il s'assit à table avec les autres et se racla la gorge.
« Je vais vous expliquer comment rentrer chez vous en gardant vos souvenirs de cette réalité virtuelle. Vous allez devoir mourir en le désirant réellement, et il n'y a qu'une seule solution pour que cela fonctionne.

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B
PertualanganDouze hommes et femmes se réveillent dans une sorte de manoir dont les pièces changent selon le bon vouloir d'un maître des lieux capricieux, dont les objectifs ne semblent pas... limpides. Après quelques quiproquos, les nouveaux "...