LEMNOS
Aïe...
Lemnos se frotta la tête, les yeux fermés. Il toussa, les poumons remplis d'une poussière épaisse et douloureuse.
« Camille... ! » s'exclama-t-il avant de s'étouffer à nouveau.
Son souffle était bruyant. Sa gorge piquait. Qu'est-ce que c'est que... Il se souvint alors que le sol s'était mis à trembler.
Lemnos ouvrit lentement les yeux, scrutant les environs avec attention. Il était entouré de grands murs de brique rouge à l'apparence vieillotte. L'esclave grec ne mit que quelques minutes à suivre le chemin délimité par les murs pour comprendre qu'il s'agissait d'un labyrinthe. Il leva les yeux au ciel et aperçut l'étage supérieur qui s'était effondré. Le maître du manoir nous aurait jetés ici volontairement en détruisant le sol ?
Il frissonna dans son pull vert et commença à courir en appelant Camille à grands cris. Elle était son seul espoir car Philémon l'intimidait avec son attitude paternaliste et impatiente. Sur quelques points, il lui rappelait Maître Adelphe...
« Ce n'était pas de ma faute. » murmura-t-il, se remémorant les paroles des fantômes.
Lemnos s'arrêta net et s'appuya contre le mur de brique, submergé par ses émotions. Il ne se souvenait pas de son passé, hormis le fait qu'il haïssait son maître tyrannique, mais quelques sensations lui étaient revenues. La panique, le désespoir, l'adrénaline... Il ferma les yeux pour trouver plus de détails.
« Psamathé ! » s'écria-t-il en recommençant à courir.
Oui, Psamathé... C'est la femme au service du maître depuis qu'il a quitté le sein de sa mère ! Gentille, compréhensive, belle malgré les poches sous ses yeux épuisés par des années de mauvais traitements, Psamathé avait pris le jeune esclave sous son aile depuis son arrivée chez Maître Adelphe. Oui, je me souviens ! Il avait environ cinq ans lorsque ses parents, déjà esclaves dans ce même palais, étaient décédés d'une maladie infectieuse. Foudroyés en une semaine. Maître Adelphe avait alors pris la décision de rendre Lemnos utile pour son domaine... et le nettoyage était devenu sa nouvelle spécialité.
Le jeune esclave se retrouva alors face à un cul-de-sac. Les murs de brique ne laissaient plus aucun passage possible et il fit demi-tour. Est-ce que le maître des lieux essaie de me séparer des autres ? se demanda-t-il, de plus en plus anxieux. La présence de Camille lui redonnerait sans doute du courage...
« Eh ! Est-ce qu'il y a quelqu'un ? » hurla-t-il en poursuivant sa course, vite essoufflé.
Il stoppa sa fuite après quelques minutes, éreinté. On ne lui avait pas appris à se déplacer très longtemps. Il était plutôt habitué à s'accroupir et frotter le sol...
Lemnos entendit soudain un couinement juste derrière son épaule et se retourna, alarmé.
Une forme indistincte de taille moyenne le regardait au fond des yeux, les orbites vides et le teint cadavérique. La silhouette toussa bruyamment et marmonna :
« Lemnos... Retourne... travailler... »
Proche de la crise cardiaque, le jeune esclave poussa un hurlement d'horreur et recula. Il glissa sur le sol recouvert de graviers et se releva en s'écorchant les genoux, horrifié de voir l'homme s'approcher de lui.
« Partez ! brailla-t-il de toutes ses forces en attrapant des poignées de cailloux pour les jeter sur lui.
— Lemnos... Tu ne me mérites pas... Reconnais-moi... Demande-moi pardon...
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B
مغامرةDouze hommes et femmes se réveillent dans une sorte de manoir dont les pièces changent selon le bon vouloir d'un maître des lieux capricieux, dont les objectifs ne semblent pas... limpides. Après quelques quiproquos, les nouveaux "...