PHILÉMON
Le gentleman était quelque peu déboussolé. Tout le monde était à présent réuni. Ils ont l'air plus unis que lors du repas ! Juka s'amuse bien, à ce que je vois. Philémon appréciait l'ambiance qui régnait dans la pièce. Anna, quant à elle, le fixait avec appréhension. C'est vrai que nous avons quelque chose d'important à leur dire... Philémon voulut saluer les autres, ce qu'un gentleman se devait de faire, mais le maître des lieux le coupa dans son élan.
« Juka, Stanislas, je vous invite à prendre dans ce sac vos présents personnalisés.
— Mais la soupe est prête à être servie ! » protesta le cuisinier, que Juka traînait par le bras vers la table.
Philémon remarqua que Maurice, Nok et Camille semblaient inquiets. Il s'approcha d'eux et les gratifia d'une petite révérence.
« Alors, Philémon, s'enquit Maurice. On vous a vus disparaître par un trou dans le mur, tous les deux. C'était flippant ! Vous vous êtes écrasés quelque part ?
— Non, le rassura-t-il, mais nous avons dérivé dans le vide. Après une longue discussion, nous sommes finalement revenus ici. Pour quelle raison avez-vous l'air si...
— ... nerveux ? compléta Maurice en haussant les sourcils. Ces cadeaux sont une blague. On reçoit des mauvais souvenirs, pas des bons. Déjà que la petite Juka a l'air assez patraque, il faudrait éviter d'aggraver son cas. Pour l'instant, ça va mieux, mais ça ne va pas durer !
— Oh. »
Philémon grimaça et remit son chapeau en place, très agité. Il ne voulait pas voir la jeune femme du Néolithique triste ... Sans même parler d'Anna. J'aimerais juste quelques minutes de calme... Sans tristesse, sans désespoir, quelques minutes... Peut-être que tout se passerait bien, par la suite. Ils s'installeraient dans ce manoir et auraient tout ce qu'ils voulaient pour l'éternité.
« Ah, le cadeau de Juka ne lui plaît pas. » commenta Nok en faisant la moue.
Philémon se tourna vers la jeune femme et constata qu'elle avait jeté un poisson sur le sol. Juka secoua la tête avec dégoût et retourna s'occuper de la marmite au fond de la pièce.
« Est-ce que c'est à cause de la viscosité du machin ? demanda Maurice.
— Peut-être qu'il y a une histoire derrière tout ça. » soupira Nok.
Ces deux-là ont l'air d'avoir beaucoup discuté, en notre absence.
« Je ne sais pas ce que c'est, dit Stanislas en montrant son objet.
— De l'osier ? proposa Camille en s'approchant du cuisinier. Oui, c'est bien de l'osier. Comme pour les paniers.
— Je ne comprends pas le sens de ce présent. »
Il haussa lentement les épaules et s'éloigna, rejoignant Juka et sa marmite.
« Anna et Philémon, je vous en prie. »
La jeune aristocrate lui adressa un regard de biche traquée.
« Allez-y, mademoiselle. Ne vous inquiétez pas.
— Ils ont dit que ces présents nous rendraient tristes, se défendit-elle.
— Ne réfléchissez pas en le prenant, dans ce cas. Saisissez-le, hochez la tête. N'associez pas cet objet à vos souvenirs. »
Anna acquiesça, une pointe d'hésitation dans le regard. Elle s'approcha du sac et en sortit un ruban pour cheveux identique au sien. La jeune aristocrate haussa les sourcils, très sceptique.

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B
AdventureDouze hommes et femmes se réveillent dans une sorte de manoir dont les pièces changent selon le bon vouloir d'un maître des lieux capricieux, dont les objectifs ne semblent pas... limpides. Après quelques quiproquos, les nouveaux "...