PHILÉMON
Philémon, confortablement installé dans un canapé, salua Anna et Juka qui partaient se laver dans leur chambre. Elles semblaient avoir fait beaucoup de sport. J'espère qu'Anna sait maintenant se défendre contre cet odieux personnage... Il regarda ses bras maigres et pensa à sa propre force physique. Jamais il ne pourrait se défendre contre qui que ce fût !
« Bon, Philémon, je crois que c'est à nous, dit B en apparaissant à ses côtés sur le canapé.
— Vous avez l'air exténué. Que s'est-il passé ?
— Si vous saviez ce que ces deux-là sont capables de faire ! s'exclama-t-il en désignant d'un geste flou les deux jeunes femmes au loin. Désolé, je divague. Avez-vous quelque chose à me montrer ?
— Je vous attendais pour savoir ce que vous pensiez de mon imitation de papiers d'identité pour pouvoir fuir incognito. »
Philémon tendit à B un morceau de papier brun volontairement abîmé par ses soins. À la place de son nom, il avait inscrit « Eric Tréteau ». En hommage à Eric et aux tables montées sur tréteaux... C'est peut-être ridicule, mais je trouve cela joli.
« Je ne sais pas comment fonctionnaient les pièces d'identité à votre époque, s'excusa B. Pensez-vous avoir fait ce qu'il fallait ?
— Je croyais que vous alliez m'aider...
— Je ne sais pas tout.
— Bon, très bien, soupira Philémon. Nous avons un passeport intérieur qui est rarement demandé lorsque nous ne faisons pas partie des franges dangereuses de la société, et un passeport extérieur qui permet de traverser les frontières. J'ai effacé le plus discrètement possible mon propre nom avec la peinture que je vous ai demandé tout à l'heure, et j'ai écrit le nouveau à la place.
— Je vois..., dit B. Et vous possédez cette peinture chez vous, n'est-ce pas ?
— Absolument, sinon ce serait inutile. »
B acquiesça d'un air absent. Il semble plus qu'épuisé... Peut-être devrais-je le laisser tranquille. Le maître des lieux s'occupait d'eux en permanence et méritait un peu de repos.
« Vous pouvez partir, B, lui indiqua-t-il en rangeant son pinceau maintenant sec dans une petite boîte laquée. Je n'ai plus besoin de vous pour le moment. Donnez-moi donc une carte de Paris, et cela me suffira !
— J'ai quelque chose de ce genre dans mes fichiers..., dit B en réprimant un bâillement. Voilà. »
Une carte d'une taille conséquente apparut sur la table. Le gentleman remercia le jeune homme, qui disparut sans plus de cérémonie. J'espère que rien de terrible ne va arriver en son absence !
Après quelques minutes, alors que plusieurs de ses amis traversaient la salle à manger, Philémon avait déjà trouvé plus de cinquante façons de ne pas passer par un quartier mal famé et de dormir dans le VIIIème arrondissement, près de Popincourt. Camille le rejoignit, curieuse de voir une vieille carte de Paris.
« Hm, la ville était plus petite qu'aujourd'hui ! constata-t-elle en croquant dans le chausson aux pommes qu'elle était venue chercher. Et les arrondissements ont changé, aussi... Je ne m'y connais pas très bien, mais le 8ème arrondissement contient les Champs-Elysées, pas la rue Popincourt !
— Je compte remonter vers la Gare de l'Est pour quitter le pays, expliqua Philémon. J'espère que tout se passera bien... J'aimerais arriver jusqu'à Munich, par exemple. Je n'y suis jamais allé, mais cette ville me semble sympathique.

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B
AdventureDouze hommes et femmes se réveillent dans une sorte de manoir dont les pièces changent selon le bon vouloir d'un maître des lieux capricieux, dont les objectifs ne semblent pas... limpides. Après quelques quiproquos, les nouveaux "...