ANNA
Anna, Camille, Lemnos, Julius et Juka étaient assis en cercle sur un tapis moelleux. La jeune aristocrate n'était pas habituée à s'installer à même le sol. Heureusement qu'en ce mercredi, elle avait pris la décision de porter un pantalon identique à celui de Camille ! Pour une fois, elle voulait faire plus moderne que coquette. Je suis habillée comme un homme... mais qu'importe !
Julius semblait d'humeur maussade, pour changer. Il portait sa sempiternelle toge blanche et Lemnos l'avait imité. Ces deux-là s'entendent bien, apparemment. Anna était rassurée de voir le jeune esclave bien intégré à leur groupe. Il avait l'air si effacé lorsqu'elle l'avait rencontré !
Juka, quant à elle, s'était ouverte aux autres depuis la veille. Son après-midi de jeux l'avait rendue enthousiaste et très bavarde. Elle avait agacé tout le monde au dîner, incapable d'arrêter de parler entre deux bouchées. Bien sûr, personne ne saisissait un mot de ce qu'elle disait. Elle tentait d'attirer l'attention de Philémon et Stanislas à grands renforts de Philamo ! et Sanisas !, qui la regardaient avec embarras sans comprendre la suite de la phrase. Heureusement, ce mercredi-là, Juka s'était quelque peu calmée. Maurice avait décrété qu'il faudrait éviter à l'avenir de l'installer devant des jeux vidéo.
Anna et Camille s'étaient mises d'accord pendant le petit-déjeuner : les cours de français seraient collectifs, mais les explications regroupées par langue maternelle. Eric n'avait pas souhaité participer pour traduire les leçons en latin, trouvant son niveau très moyen. Anna n'avait pas insisté – seuls les plus motivés devaient aider les étrangers ! Camille posa devant elle une petite sacoche pleine d'ouvrages qu'elle avait réclamés à B et déclara :
« Leçon 1. Euh, Anna... Comment on dit leçon en latin ? »
L'aristocrate lui sourit. Décidément, elles allaient aussi apprendre de nouvelles langues...
Après trois bonnes heures de cours intensif, ils étaient tous épuisés. Lemnos parlait presque comme un petit enfant, ce qui était excellent en une seule leçon. Et plutôt... louche. Juka n'arrivait pas à comprendre la grammaire car sa langue ne ressemblait pas du tout au français. Julius, un peu boudeur, faisait semblant de ne pas savoir de quoi on lui parlait. Pourtant, Anna voyait bien qu'il progressait à une vitesse ahurissante. Le Romain était loin d'être un imbécile ! Il était même plutôt doué.
« Le cours est terminé, dit Anna en articulant bien chaque syllabe.
— Anna, j'ai question. » annonça Lemnos en levant le doigt.
L'aristocrate sourit. Lemnos pratiquait déjà le français alors qu'il aurait juste pu discuter avec Camille en grec, comme avant !
« Vas-y, Lemnos, l'encouragea-t-elle.
— Est-ce que vous Philémon ?
— Il manque un verbe. Verbe.
— Est-ce que vous..., marmonna-t-il en cherchant frénétiquement un mot, les yeux fermés. Est-ce que vous bisou Philémon ? »
Anna maudit la leçon où elle leur avait appris ce mot.
« Non, Lemnos, je n'aime pas Philémon.
— Pourquoi ?
— C'est ainsi. »
Lemnos grimaça, incapable de continuer en français, et se mit à parler frénétiquement en grec ancien à Camille. La jeune fille enrobée parut hésiter à traduire.
« Euh... Il dit que vous aviez l'air proche de Philémon mais ensuite un peu moins, donc il se demande si vous avez essayé de l'embrasser mais qu'il vous a rejetée. Il est persuadé que c'est la raison de votre éloignement.

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B
AventureDouze hommes et femmes se réveillent dans une sorte de manoir dont les pièces changent selon le bon vouloir d'un maître des lieux capricieux, dont les objectifs ne semblent pas... limpides. Après quelques quiproquos, les nouveaux "...