45. Julius

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JULIUS

Julius avait rapidement trouvé son rôle dans les activités de début de semaine. Il ne savait pas comment créer ou collecter des aliments, mais il savait les conserver. Certes, il avait embauché un intendant qui s'occupait des dolia dans lesquels il gardait son vin, mais il savait comment cela fonctionnait. Lorsqu'ils avaient ouvert la porte menant à l'extérieur – à un faux extérieur, plutôt... –, ils avaient immédiatement été surpris par le réalisme des lieux.

La sensation tenace d'enfermement s'était enfin évanouie. Juka avait couru vers un assortiment de lances et armes diverses posées contre un muret avant de disparaître dans la plaine, surexcitée. Eric l'avait imitée en saisissant une épée et un cheval. Le maître des lieux avait vraiment tout prévu...

Julius fit quelques pas dans l'herbe fraîche, impressionné par la beauté du paysage. Il était homme à préférer ses promenades dans Rome, entre deux courses de char au Colisée, mais la nature foisonnante qui se présentait à lui ne pouvait pas être dédaignée. Il avait déjà visité la cave qui servirait à conserver les denrées alimentaires. Le sous-sol était apparu comme par magie au bas d'un escalier descendant sous la végétation.

Julius avait décidé de ne plus se poser de questions sur la logique de leur nouvelle résidence. Après tout, il aurait des réponses à ses questions bien assez tôt, il en était convaincu ! N'ayant rien d'autre à faire en attendant les premières récoltes de raisin, le Romain traversa la plaine à grands pas pour rejoindre le potager. Par chance, il y trouva Lemnos.

« Je vois que les semis sont mis en place..., commenta Julius en se penchant sur un futur cep de vigne.

— Mon nouveau maître a fait apparaître des paniers remplis de graines, dit Lemnos en s'essuyant le front. Ça va pousser très vite !

Mon nouveau maître ? Appelle-le B, ou le maître des lieux, pas mon nouveau maître. Plus personne ne sera ton maître, Lemnos. »

L'ancien esclave acquiesça avec un petit sourire. Satisfait de le voir reprendre du poil de la bête, Julius ne remarqua que tardivement la présence d'un autre jeune homme : celui aux cheveux blonds.

« Il ne comprend pas le grec, n'est-ce pas ?

— Non, répondit Lemnos en haussant les épaules. Il voulait absolument s'occuper du potager.

— Il a l'air assez... incapable. »

Il jeta un regard froid au jeune homme qui arrosait beaucoup trop sa graine fraîchement plantée.

« On ne risque pas de manger de sitôt. Il noie tout ce qu'il touche.

— Je suis sûr que B va tout arranger pendant notre absence, le rassura Lemnos en se redressant. Bon, j'ai fini ce que j'avais à faire. C'était rapide... Je vais aider Charles.

— Laisse-le travailler un peu ! Il faut bien qu'il apprenne ! Regarde-le. »

Lemnos tourna la tête vers le jeune homme et fronça les sourcils.

« Il est très concentré. ...et alors ?

— Il est calme. Il n'a pas l'air malheureux, pour une fois.

— C'est vrai... On dirait qu'il n'a même pas remarqué votre présence ! »

Julius hocha la tête.

« Si tu n'as plus rien à faire, allons voir ce que font les autres. »

Ils laissèrent Charles à ses plantations et s'éloignèrent du potager. Arrivé à bonne distance des semis, Julius sourit presque et déclara :

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