CHARLES
Charles aurait voulu se faire minuscule. Il s'était battu comme un beau diable pour éviter d'en savoir plus sur son passé depuis des semaines, et voilà que B allait le forcer à souffrir le martyre, ni plus ni moins. Je ne veux pas le savoir. J'ai passé quelques minutes devant une puce d'infos mais j'ai changé d'avis... Il faut qu'on me laisse tranquille ! Mais B ne lui adressa même pas la parole. De la lumière apparut sur l'écran et Charles se mit à crier d'angoisse.
« Je ne veux pas ! Je ne veux rien voir !
— Je peux vous faire ouvrir les yeux de force avec une ligne de code, le menaça B en faisant mine de remuer les doigts.
— C'est monstrueux ! sanglota Charles. À quoi ça peut bien servir de montrer ça aux autres ?
— J'ai envie de savoir ce qui a pu vous mettre dans un état pareil, répondit Anna.
— Fantastique, mes malheurs intéressent les aristos ! ricana-t-il avec mépris.
— J'ai été gentille avec vous ! le prévint Anna en fronçant les sourcils. Ne me parlez pas ainsi, Charles. »
Charles grimaça. C'était vrai : Anna avait été adorable et compréhensive en l'écoutant raconter ce qu'il pensait de Louis. Elle aurait pu être cent fois plus rétrograde... Il marmonna des excuses et s'enfonça dans sa chaise en croisant les bras.
« Bon, lancez le truc, et qu'on n'en parle plus jamais. » maugréa-t-il.
Charles échangea un regard attristé avec Nok pour chercher un peu de soutien. Le jeune homme basané posa une main sur son épaule.
« Dis-toi que ce sera forcément plus intéressant que ma mort.
— Pas sûr... C'était impressionnant de voir les ernaques attaquer ta tribu. Je ne trouve pas ça réjouissant, attention ! se rattrapa Charles.
— Je comprends, s'amusa Nok. Je ne pense pas non plus que ce sera drôle à voir, mais j'ai envie de, euh... »
Nok lui jeta un coup d'œil et baissa les yeux.
« Tu as envie de voir ce que tu as vu dans la puce d'infos, compléta Charles en soupirant. Je le savais.
— Je n'aurais pas dû le faire. Ni te mentir.
— Est-ce que c'est joyeux ?
— Non. »
Nok lui adressa un sourire désolé et le récit commença. Charles frémit en voyant son propre visage à l'écran. Il allait se voir mourir... et Louis aussi, peut-être. C'est même certain.
Paris, 17 mai 1794 ap. J.C.
Charles était assis sur son lit, un discours à la main. Il relisait le prochain pamphlet déclamé en pleine rue par Louis. C'est très important de ne pas laisser de fautes. Les passants pourraient ne pas prendre Louis au sérieux. Il entendit son meilleur ami entrer dans la maison et saluer ses parents avant de monter le rejoindre. Immédiatement, Charles vit qu'il cachait quelque chose derrière son dos.
« Du courrier ? lui demanda-t-il en faisant mine de ne pas remarquer son air contrarié.
— Non, mentit ouvertement Louis en fronçant les sourcils. Rien du tout.
— Pas de dénonciation... C'est bien. »
Au moins, personne n'avait voulu les épingler pour mauvais usage du calendrier républicain, comme leurs voisins quelques semaines plus tôt. En même temps, ce n'est pas possible de piéger Louis. Il est tellement motivé par la Révolution... Ça ne lui viendrait pas à l'esprit de penser au calendrier grégorien. Charles posa sa plume sur le petit bureau.
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B
AventuraDouze hommes et femmes se réveillent dans une sorte de manoir dont les pièces changent selon le bon vouloir d'un maître des lieux capricieux, dont les objectifs ne semblent pas... limpides. Après quelques quiproquos, les nouveaux "...