AGNÈS
Non, non non non ! Les bruits de pas se rapprochaient dangereusement de sa chambre. Je les entends... Ça résonne... Je les entends déjà... Agnès avait fermé la porte à clé depuis des heures, terrifiée que quelqu'un l'ouvre et voie l'ampleur du désastre. C'est pas moi. C'est pas possible. Ils arrivent ? Non, ils arrivent pas, stop.
« Ils arrivent, Agnès, lui dit B d'un ton désolé. Je ne vais pas pouvoir vous aider plus longtemps.
— Me laisse pas ! glapit-elle. Ils vont me massacrer !
— Je ne peux plus rien faire..
— Bloque cette porte pour toujours ! Ils vont me tuer ! Il faut pas qu'ils sachent... »
Agnès se recroquevilla derrière son lit, terrorisée. Non, c'est pas possible, c'est pas possible... Est-ce que c'est possible ?
« Tu devais m'aider ! hurla-t-elle. Tu devais me réveiller toutes les trois heures ou me faire oublier ces trucs au réveil... Pourquoi t'as oublié ? Pourquoi ?
— J'essayais d'empêcher Charles de se noyer dans sa baignoire, avoua B. Il venait de faire un cauchemar et voulait se tuer. J'ai dû lui faire perdre la mémoire et le forcer à retourner se coucher... Et pendant ce temps, vous avez... »
Agnès ne voulait plus l'écouter. C'est pas moi... Elle plaqua ses mains sur ses oreilles et se mit à hurler de désespoir. Elle criait toujours lorsque Nok défonça la porte. Agnès se tut et se fit minuscule derrière le lit, priant pour que personne ne la voie. C'est peut-être moi... ? Les hurlements d'Anna et Camille emplirent la pièce.
« On dirait un asile, pourquoi est-ce qu'elle a des matelas sur les murs ? Et qu'est-ce que c'est que tout ce sang ? s'étrangla Camille. Est-ce que c'est celui d'Agnès ?
— Non, répondit Philémon. Elle m'a l'air bien vivante. »
Maurice contourna avec dégoût les draps ensanglantés et força Agnès à se mettre debout. Ne me touchez pas... Laissez-moi tranquille ! Il tira sur ses mains jusqu'à ce qu'elle les éloigne de son visage, révélant ses yeux meurtris par des années d'insomnie.
« Mais qu'est-ce que... tes yeux ! Tes cernes !
— N'en parle pas, Maurice, intervint Nok en s'approchant d'eux. Agnès est atteinte d'une maladie qui réduit cruellement son sommeil. Elle est obligée de se réveiller très fréquemment et d'être seule lorsqu'elle ouvre les yeux... Philémon l'a réveillée par surprise, et vous vous souvenez du résultat !
— Elle est violente, dit Anna. Cette fille est folle, je l'avais bien dit !
— Elle ne le fait pas exprès, tempéra Philémon. Je pense comprendre ce qu'il s'est passé. »
Cachez-moi. Agnès chercha frénétiquement ses lunettes de soleil, excédée de voir Lemnos la fixer avec des yeux ronds. Arrête de me regarder comme ça, toi ! Je suis affreuse et pleine de sang, c'est bon, on va pas en faire une affaire ! Elle mourait d'envie de fuir, mais pour aller où ? Ils finiraient par la retrouver, qu'elle aille en Espagne à son époque ou ailleurs. Philémon poursuivit son explication, implacable.
« Eric est venu dans votre chambre et vous a réveillée. Vous l'avez blessé, et il s'est enfui... quelque part, d'où la présence de tout ce sang qui ne vous appartient manifestement pas. Mon hypothèse est-elle fausse ?
— Eric..., chuchota Agnès en tremblant comme une feuille, Eric est venu frapper à ma porte pour me demander de le bercer comme Julius... Enfin, c'est B qui m'a dit ça. Moi, je me souviens de rien, j'étais en train de dormir et de faire un cauchemar atroce, comme d'hab. Et là, il a parlé super fort en ouvrant la porte, parce que je ne l'avais pas fermée à clé... J'ai ouvert les yeux, j'ai vu son énorme silhouette, il était aussi large que mon champ de vision, et là... »
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B
AventuraDouze hommes et femmes se réveillent dans une sorte de manoir dont les pièces changent selon le bon vouloir d'un maître des lieux capricieux, dont les objectifs ne semblent pas... limpides. Après quelques quiproquos, les nouveaux "...