43. Charles

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CHARLES

Charles entendit un bruit suspect au niveau de la porte de sa chambre et l'ouvrit immédiatement.

« Qu'est-ce que...

— Oh, Charles ! C'est donc votre chambre ! »

Le révolutionnaire s'étira, encore un peu endormi. Oh, déjà eux, dès le matin...

« Philémon ? Anna ?

— Le maître des lieux ne vous avait pas encore réveillé ? lui demanda Philémon.

— Si, mais je suis un peu... »

Il n'osa pas leur dire la vérité. À son réveil, il n'y avait eu personne, pas même B. Il était resté allongé quelque temps sur son lit en s'efforçant de ne penser à rien. Le maître des lieux avait fini par arriver en s'excusant de son retard et avait remanié sa chambre. Il lui avait proposé un tableau de Louis à accrocher au-dessus de son lit, croyant bien faire. Charles l'avait laissé faire. Je ne peux pas résister à ce type de cadeaux, mais... ça me rend horriblement triste de le voir.

« Vous avez les yeux un peu rouges, Charles, remarqua Anna.

— Ce n'est rien, j'ai dormi trop longtemps. Vous vouliez me donner quelque chose ? »

La jeune femme le scruta avec attention tandis que Philémon ramassait le morceau de papier qu'il avait glissé sous la porte. Oui, madame l'aristo, j'ai pleuré parce que je vais passer ma vie ici sans jamais revoir celui que j'aime. Tu veux plus de détails ? Tu veux me voir en larmes pour savoir ce que ça fait ? Il prit une grande inspiration et attendit la réponse de Philémon. Je ne dois pas m'énerver. Elle n'a rien à voir là-dedans.

« Nous vous avons rédigé un programme de la semaine, afin de nous occuper pour éviter les conflits.

— Je vois, dit Charles. C'est une bonne idée. Est-ce qu'on commence par Primidi ?»

Philémon eut un toussotement gêné et le révolutionnaire reprit :

« Non, ne dites rien. Le calendrier républicain n'est pas resté en vigueur après la Révolution, n'est-ce pas ?

— En effet, nous avons repris le calendrier grégorien... Vous en souvenez-vous quand même, Charles ?

— Oui, bien sûr. J'ai bien appris le calendrier républicain car c'était vital, on n'est jamais à l'abri d'un sale type qui vous demande la date et vous dénonce si vous répondez oh, le 5 juillet, monsieur !

— Je ne connais pas ce fameux nouveau calendrier, admit Anna. Philémon avait commencé à m'expliquer tout cela, mais il fallait écrire le programme donc...

— Je vais faire vite, accepta Charles. Les jours de la semaine sont Primidi, Duodi, Tridi, Quartidi, Quintidi, Sextidi, Septidi, Octidi, Nonidi et Décadi.

— C'est très étrange, mais je comprends le principe. De un à dix et vous ajoutez le suffixe... D'accord. Et les mois ?

— C'est un peu plus long à lister...

— ... et nous le ferons plus tard, intervint Philémon, ne vous inquiétez pas. Vous aurez tout le temps d'en discuter. Nous devons distribuer les programmes aux autres avant qu'ils ne se perdent on ne sait où dans notre nouvelle habitation... À plus tard, Charles ! »

Ils disparurent en coup de vent, laissant le morceau de papier au révolutionnaire.

« Lundi, lut-il, agriculture, pêche, chasse... Je ne sais rien faire !

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