37. Camille

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CAMILLE

Camille soupira.

« Encore perdu...

— J'ai trop joué à ce jeu, je suis imbattable ! » s'exclama Agnès en éclatant de rire.

Les dames spatiales ne sont pas mon fort... Pour la première fois depuis son arrivée au manoir, Camille avait le sentiment de faire quelque chose de normal. Elle s'amusait avec quelqu'un et ne passait pas son temps à être étonnée ou effrayée par ce qu'elle voyait. Cela ne l'empêchait pas d'être frustrée de perdre systématiquement contre Agnès, bien entendu.

« Qu'est-ce qu'on attend, au fait ? demanda Camille, espérant ne pas rejouer pour se faire battre encore et encore.

— Je sais pas. Je trouve qu'on se marre bien, au pire, donc c'est pas très grave.

Vous allez rejoindre deux de vos amis, annonça soudainement la voix moins tonitruante que prévu du maître des lieux.

— Tiens, vous avez arrêté de brailler ? Vous avez remarqué à quel point ça nous plaisait de nous faire vriller les oreilles ? s'étonna Agnès avec sarcasme.

Vous allez vous réveiller à leurs côtés. »

Camille se mordit la lèvre et intervint :

« Pourquoi ne pas nous téléporter ? Pourquoi voulez-vous encore nous endormir de force ?

Parce que vous m'avez mal parlé. »

Agnès s'étouffa de rire.

« Il boude ! Il nous fait un caprice !

— Il faudrait peut-être lui parler avec resp– »

Camille sentit ses paupières devenir lourdes et n'eut que le temps de penser Oh non... avant de sombrer dans le sommeil.

Elle se réveilla sur un sol de pierre très inconfortable. Elle bâilla à s'en décrocher la mâchoire et se redressa avec difficulté. Où est-ce qu'on m'a encore envoyée ? Elle reconnut alors les cheveux de la personne qui s'était penchée sur elle.

« Juka ! s'exclama-t-elle avant de reconnaître son binôme. Et Stanislas !

— Vous êtes les premières arrivées ! dit le cuisinier, affairé devant un chaudron. Je fais une soupe à l'oignon pour tout le monde. C'est Juka qui a réalisé les étapes les plus importantes.

— Fantastique, lâcha Agnès en époussetant sa blouse blanche. Donc on sera tous rassemblés ici après nos activités géniales ?

— Absolument. » confirma Stanislas.

Camille se mit sur ses deux pieds et sentit sa tête tourner. J'aimerais rentrer chez moi, mais je ne serais pas contre une semaine à peu près normale ici... le temps de récupérer. Juka la regardait avec curiosité. Est-ce que son binôme avec Stanislas l'a détendue ? Elle a l'air bien moins triste et tendue.

« Calme ? demanda-t-elle à la jeune femme rousse.

— Oui.

— Alors c'est bien. »

Camille savait que leurs discussions n'iraient jamais plus loin que ces quelques mots, mais c'était déjà une avancée. Être capable de rassurer Juka n'était pas négligeable ! Camille s'approcha du chaudron et huma la préparation.

« Hmmm... Ça a l'air délicieux ! J'adore la soupe à l'oignon.

— J'espère qu'elle vous plaira, mademoiselle, dit Stanislas avec délectation. Vous devriez remercier Juka. »

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