|-Chapitre 85-|

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_.Chapitre 85._

J'ai complètement perdu la notion et je ne sais même pas si cela fait quelques minutes ou quelques jours que j'ai quitté Ethan et Carl mais nous avançons de moins en moins vite.

Je les entends se plaindre derrière moi mais je ne fais pas attention à ce détail, préférant garder la tête haute et le regard droit devant.

Une main se pose sur mon épaule alors que le soleil m'aveugle.

Je plisse les yeux et me tourne vers la personne en question.

C'est Rachel qui me tire le bras avec insistance.

Elle me désigne ensuite du doigt une fille accroupie par terre qui vomit.

Je fronce les sourcils et me précipite vers elle.

Elle est blanche comme un cachet d'aspirine et tremble avec des sueurs froides sur le front.

— Tu as mangé quelque chose qu'il ne fallait pas ? Lui demandais-je en regardant ses yeux qui ne font que bouger, leurs pupilles sont très dilatées.

Je soupire alors qu'elle n'arrive pas à prononcer quoi que ce soit.

Ginny me rejoint et prend une feuille qui était dans la main de la jeune fille.

Je prends la feuille et l'odeur me rappelle vaguement quelque chose.

Je ferme les yeux puis soudain cela me revient.

— C'est une plante hallucinogène, annonçais-je.

C'est l'odeur qu'avait la salle quand la directrice a jugé bon de me torturer.

— Elle ira mieux dans quelques heures mais pour le moment nous ne pouvons pas rester sur place ainsi, continuais-je.

Tout le monde me regarde comme si j'étais idiote, la pauvre fille ne pouvant tenir sur ses jambes.

— On va la porter à deux à tour de rôle le temps qu'elle aille mieux, leur expliquais-je.

Un silence de mort s'installe alors qu'ils s'échangent des regards mais je n'attends pas leur réponse et me baisse pour glisser un de ses bras sur mes épaules alors que Ginny décide de suivre mes pas et fait de même de son côté avec l'autre bras.

Nous reprenons donc enfin la route en direction de l'est cette fois-ci, Rachel nous guidant, la boussole à la main.

Le soleil se couche rapidement alors que notre rythme ne fait que ralentir, certaines personnes rampant sur le sol, la fatigue nous torturant.

Personne n'ose parler mais dès que quelqu'un abandonnera, tout le monde le fera, cela ne tient qu'à un fil.

— On ne devrait pas s'arrêter un peu ? Propose un garçon en me jetant un regard plein d'espoir.

Ils me fixent tous attendant que je délivre la décision et même si j'ai envie de continuer d'avancer, je ne peux pas être égoïste à ce point pour ne pas voir à quel point nous avons besoin d'une pause.

Alors que je m'apprête à acquiescer, Rachel que j'avais perdue de vue revient en courant et en criant.

— J'ai vu la mer là-bas ! S'exclame-t-elle toute excitée.

Nous commençons tous à courir, suivant les pas de Rachel, ignorant nos jambes prêtent à nous lâcher et notre souffle coupée, prêts à sacrifier nos dernières ressources pour arriver à bon port.

Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que j'aperçois les vagues au loin.

Des coups de feu retentissent soudainement derrière-nous, certaines personnes lâchent un cri de surprise et nous accélérons la cadence, apercevant le bateau devenir de plus en plus gros et le groupe d'Ethan nous attendre.

J'ai l'impression que mon rythme cardiaque est à sa limite, ma gorge me brûle alors mes pieds s'enfoncent dans la terre devenue sable.

Soudain un cri plus strident attire mon attention.

Tout le monde court tête baissé, illustrant parfaitement l'expression « chacun pour soi ».

Je me tourne et aperçois la même fille qui s'est empoisonné avec de l'hallucinogène tout à l'heure, effondrée par terre.

Je fais demi-tour et me penche pour attraper son bras.

Les cris des soldats de la directrice devenant de plus en plus fort.

Nous reprenons notre course mais nous sommes plus vulnérables aux balles qu'ils tirent.

Le reste du groupe est déjà installé dans le bateau et j'aperçois Carl qui nous fait signe de se dépêcher, il nous attend devant le bateau.

Quand nous arrivons à sa hauteur, il nous fait la courte échelle.

Je reprends mon souffle et me penche pour tendre ma main à Carl resté en bas.

Il secoue sa tête négativement alors que les soldats ne sont qu'à quelques mètres de nous.

— Qu'est ce que tu fais ! M'exclamais-je.

— Allez-y sans moi, si j'ai passé ma vie à servir un monstre, je préfère mourir en héro que de fuir comme un lâche, il est temps que je fasse preuve de bravoure un peu ! S'exclame-t-il en retour en souriant.

Mon cœur se serre et je commence à paniquer.

Je m'apprête à enjamber le bateau pour descendre le chercher mais Ethan me retient.

Le sourire que Carl arbore s'imprime dans ma tête, me torturant plus qu'autre chose.

— Non, tu viens avec nous Carl ! M'énervais-je en me débattant.

Je ne peux pas le laisser mourir comme ça, il ne peut pas, il n'a pas le droit, je ne peux pas perdre une deuxième personne.

— Quel ironie, tu m'appelles enfin Carl, tente-t-il de plaisanter.

Ethan fait signe au marin à bord de regagner le grand large.

— Lâche-moi ! Lui dis-je en essayant de le frapper.

Carl continue de me sourire alors que le bateau s'éloigne, soudain un bruit sourd retentit et son corps s'effondre sur le sable, j'imagine son sourire gravé sur son visage.

Mon souffle se coupe et je me laisse aller alors que les soldats s'affèrent autour du corps de Carl comme un vautour autour de sa proie.

Ethan décide enfin de me lâcher alors qu'une haine indescriptible s'immisce en moi.

Il ne méritait pas de mourir, il n'était pas lâche et je ne comprends pas pourquoi cela m'affecte autant.

C'est vrai, je ne l'aimais pas particulièrement, j'étais en réalité odieuse avec lui avec tous mes préjugés alors qu'il ne méritait pas d'être traiter de la sorte.

Je m'en veux que la seule image qu'il est eu de moi soit une enfant pourrie gâter qui se croit au dessus de tout le monde.

Soudain remonte alors que je suis rongée par les remords.

Un autre nom vient s'installer dans ma liste d'échec, Grant.

J'ai essayé de l'oublier mais c'est impossible, j'ai l'impression qu'en voulant tout enfouir, le retour se fait plus violent par la suite.

Je n'arrive pas à croire qu'il ne soit plus là, que je ne pourrais plus lui dire à quel point je l'aime et que j'ai échoué à nouveau, laissant un deuxième corps sans vie derrière-moi.

Carl méritait autant que nous de sortir de cette île et pourtant il n'aura même pas pu goûter à la liberté.

Pourquoi ce qui mérite de vivre nous quittent et ce qui pourrissent notre vie restent.

Moi-même je me demande pourquoi je suis en vie, j'aurais pu mourir sans l'aide de Grant et pourtant je n'ai pas pu le sauver quand il avait besoin de moi.

Je suis faible et je ne mérite pas de vivre.

Prochain chapitre : Mercredi

Je voulais vraiment m'excuser pour ne pas avoir poster depuis au moins deux semaines, j'ai été prise de cours par les contrôles et je me sens vraiment mal de vous faire attendre autant sans aucune nouvelle de ma part

Wesley GameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant