Elle ?
Elle se fiche de tout. Elle ne veut dépendre de personne. Elle récolte autant de regards curieux que de conquêtes. Son but est d'oublier, d'enterrer son passé tortueux le plus profondément possible.
Lui ?
"Lui" ne pense qu'à elle. Il dépend...
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-Atona !
J'avale mon gros morceau de pizza avec difficulté.
-Moui ?!
La voix de papa semble venir de loin.
-Habille-toi ! On sort !
Je soupire bruyamment et secoue mes doigts dans l'espoir que ça fera sécher plus rapidement le vernis que je me mets sur les ongles. Je n'ai pas fini ! Il me reste six doigts à colorer ! Je me mets au balcon pour voir si papa est devant l'immeuble. Non, il n'est pas là et la voiture est toujours garée. On va faire un tour à l'épicerie du coin ou quoi ?
-Et on va où ? dis-je à mon père peu importe où il est dans l'appartement.
En me retournant pour aller dans ma chambre, je remarque un pot avec de la terre fraîchement arrosée dans le balcon d'à côté. Tiens, je pensais que personne ne vivait là.
-On va chez le nouveau voisin !
Ah, d'accord. Je comprends mieux. Visite de courtoisie. On offre un gâteau, on sort la fameuse phrase "si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas" -d'ailleurs j'espère qu'il viendra nous demander du sucre seulement une fois par an- et puis je reviens pour terminer mes ongles.
J'accélère la cadence et sursaute quand mon père m'appelle encore une fois. Oh, c'est pas vrai ! J'ai raté le cinquième doigt. Vite, le dissolvant.
-Tu viens ?!
-J'arrive, merde ! Donne-moi deux secondes au moins, c'était même pas prévu.
-Ton langage !
-Flute ! Mince ! Zut !
Je cours à la salle de bain pour nettoyer ma bouche. Je souffle sur une mèche noire qui tombe sur mes yeux et m'accroupis ensuite pour chercher le dissolvant dans les tiroirs. Crèmes de jour et de nuit, bandes de cire, fard à paupières (mais qu'est-ce que ça fout là ? Va vraiment falloir que j'apprenne à ranger mes affaires), lisseur, bandes hygiéniques, mais où est le dissolvant ?!
Je cherche alors dans les tiroirs de mon père. Rasoir, crème apaisante, gel, non, le dissolvant n'est pas là. Je me lève et jure intérieurement. Papa m'attend en bas et je n'ai même pas encore commencé à me préparer.
Je commence par retirer le masque nourrissant que j'ai mis sur mon visage et ouvre la poubelle pour le jeter. Et là, je la vois. La bouteille de dissolvant. Vide. Évidemment ! Comme par hasard ! Je ricane et observe mes ongles à moitié faits dont un est raté.
Tant pis si je ne suis pas sur mon trente-et-un, de toute façon ce ne sont que les voisins d'à côté. Autant les habituer dès le début à me voir non maquillée et habillée comme une clocharde. Je suis peut-être glamour dehors mais chez moi, c'est une toute autre affaire. C'est sweats à gogos ! Beaucoup moins sexy, oui.
