Inception

𝕔𝕙𝕖𝕫 𝕋ℝ

Aujourd'hui, il est heureux.

Grelotant, T.R. pense à son passé tumultueux, à son présent calculé, à son futur de rêve.

Unissant ses mains derrière sa tête, ses yeux se posent sur le sol, où la bête le fixe de son regard vitreux. La gueule grande ouverte, elle est pourtant incapable de laisser s'échapper un seul son.

-Je pense qu'il est temps, tu ne crois pas ?

Ignorant la bête qui ne lui donne même pas un signe de vie, T.R. hausse les épaules et ignore l'animal qui ne cherche même pas à savoir où son propriétaire s'en va.

Rêveur, il se lève et chantonne en gravissant les escaliers qui mènent au grenier.

1,2,3
Je suis derrière toi

4,5,6
Ton beau sang cerise

Il pousse avec son dos la trappe qui mène à l'étage le plus haut de son chez-soi. Un endroit insoupçonné.

10,11,12
Ce n'est-

Il n'a pas l'occasion de terminer sa chanson qu'un râle rauque le fait grincer des dents.

-Laissez-moi rentrer chez moi. Je ferais tout ce que vous voudrez. Je n'en parlerai pas. J'ai une famille en Roumanie qui attend que je lui envoie de l'argent chaque mois, ils doivent s'inquiéter de mon absence. S'il-vous-plaît, je-

-Regarde-moi bien, est-ce que j'ai l'air d'en avoir quelque chose à faire ?

L'homme se recroqueville sur la chaise aux manches d'une couleur trop vive pour ses yeux fatigués, et n'ose pas regarder son geôlier. Toute force l'a quitté. Il n'essaie même plus de défaire ses mains nouées à la chaise.

T.R., satisfait, hoche la tête et fait craquer un par un ses doigts. Il se met à genoux pour ouvrir la boîte rouillée dissimulée sous le lit. Il l'ouvre, l'inspecte à son aise, puis choisit son matériel favori.

L'homme lance un coup d'œil à la personne qui le retient captif. Grand. Fou. Psychopathe. Ce dernier se tourne vers son invité spécial avec un grand sourire. Le captif se sent trembler en voyant ce rictus. C'est le sourire d'un petit enfant innocent sur le visage d'une personne plus âgée. Aux yeux démoniaques. Ça ne colle pas. C'est effrayant.

-Tu peux choisir, dit T.R. Le ciseau ou le couteau ?

L'homme secoue la tête, la mâchoire tremblante, et se retient de se faire dessus. C'est humiliant. Depuis qu'il est enfermé ici, il n'a pas eu le droit d'aller au toilettes ni de se laver. Parfois, il a droit à du poulet.

-Tu ne dis rien ? Tu devrais pourtant profiter de ton usage de la parole. Bon... Je choisirai pour toi. Tu es un invité spécial. Alors il me faut l'outil parfait. Pour moi, c'est le couteau, incontestablement. Ce n'est pas original, mais c'est efficace et pratique. Tu sais, cette sensation, quand tu poses la pointe du couteau sur le ventre de quelqu'un, ce petit instant juste avant que la peau ne soit percée... n'est-il pas magique ?

L'homme n'ose pas dire non, alors il dit oui.

-A cet instant, tu peux voir dans les yeux de cette personne, toute sa détresse. Elle te supplie. Pleure. Perd la raison. Ça m'excite tellement, pas toi ?