i m m u a b l e |67|

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PDV Aguir

Est-ce que c'est moi qui suis à l'envers, ou est-ce que c'est le monde qui est à l'envers ?

Je n'ai jamais pris de LSD, mais je peux dire avec certitude que l'état second dans lequel je me trouve doit s'apparenter à l'effet que produit cette drogue. Ma blessure à l'épaule prend ses aises pour guérir et je crois bien que si ça continue comme ça, je mourrais dans les heures qui suivent.

Je l'ai pourtant désinfectée, fixée avec des sutures adhésives et scellée avec de la colle biologique. Ça a tellement bien marché les trois premiers jours que j'ai choisi d'être médecin plus tard. Je trouve que ça m'irait tellement bien. La blouse, je veux dire.

Aujourd'hui, ma petite blessure me lance et j'ai de plus en plus de mal à la masquer. Je n'ai pas aussi bien soigné ma blessure que je le pensais. Mais mes motivations restent intactes, je serai médecin. Parce que je veux pouvoir crier « je suis médecin ! » en cas d'urgence dans un avion.

Et peut-être sauver des vies, accessoirement. A ceux qui le méritent.

Le prof de gym a trouvé le nom idéal pour Feather. Il l'appelle le « Saint ». Je n'aurai pas dit mieux. J'ai beau me creuser la tête, je ne vois toujours pas ce qu'il peut avoir de mieux que moi. Comparé à lui, j'ai même plus. J'ai des meurtres ! Et pas qu'un ! Essayez de faire mieux ! Je suis le mec le plus extraordinaire de la classe ! Un futur médecin meurtrier ! Sans vouloir me vanter.

—T'es sûr que ça va aller ? T'as pas l'air bien, fait un personnage tertiaire.

—Ça ne va pas. Tu veux bien me faire un bisou magique ?

Il s'éloigne avec une mimique rebutée. Au moins comme ça, il me fichera la paix pour le reste de la journée.

Au fond de la classe, le Saint installe une chaise et sort de quoi écrire. Le salaud, il a le luxe de pouvoir aller se faire soigner à l'hôpital. Moi, je dois me rafistoler à coups de tutos. Je ne peux pas prendre le risque de me faire repérer à l'hosto. TR doit faire figure basse jusqu'à son prochain coup.

Et qu'est-ce que j'ai hâte de tout leur faire exploser à la gueule. Comment j'ai pu passer à côté de l'évidence ? Bee a indéniablement le regard aimanté vers le Saint, sourit dès qu'il sourit et a les traits plus doux dès qu'il prend la parole. Comment ai-je pu être si aveugle ? C'est la même histoire qui se répète, encore et encore.

Ne dit-on pas que l'amour rend aveugle ? Mais à ce point ? Je n'ai pas été aveugle, j'ai été vraiment con. Et l'autre en a profité pour me voler ma Bee, comme il l'a toujours fait, comme il le fera toujours.

Je dois me retenir de lui sauter à la gorge. J'avais fait mes calculs pour tout juste le blesser en me faisant passer pour un voleur, mais oh combien j'ai été mauvais en math. Je n'avais pas prévu le chien et sous-estimé le prof.

Maintenant, c'est l'enfer. J'ai le visage brûlant et le visage tout poisseux à cause de la sueur.

—T'as l'air atroce, commente Bee depuis sa place. A deux doigts de tomber dans les pommes.

Je force mon sourire le plus charmeur.

—Tu voudrais peut-être me rattraper ?

Elle fait une grimace de dégout.

—Pour mieux te faire une clé de bras.

La jouissance.

—Tu peux commencer, coupe net Feather.

Sa voix est beaucoup trop forte, une migraine me tenaille le crâne. Et puis, les lumières m'aveuglent aussi. Putain, j'aurais juste dû sécher les cours. Je ne suis venu que pour voir Bee. J'avais complètement oublié les exposés. Je n'ai même pas relu mon texte.

InceptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant