Elle ?
Elle se fiche de tout. Elle ne veut dépendre de personne. Elle récolte autant de regards curieux que de conquêtes. Son but est d'oublier, d'enterrer son passé tortueux le plus profondément possible.
Lui ?
"Lui" ne pense qu'à elle. Il dépend...
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Minuit : 𝕷𝖆 𝖉𝖊𝖗𝖓𝖎𝖊̀𝖗𝖊 𝖗𝖔𝖘𝖊
Dans le ciel, la lune est pleine. Elle diffuse sur le quartier une lumière pâle et fantômesque.
Les maisons individuelles se succèdent les unes à côté des autres, endormies. Les lumières y sont éteintes et leurs résidents flânent dans le monde de Morphée.
A l'exception d'une maison, placée dans l'ombre de la Malédiction. Rue Desdémone, porte numéro 789. Dans son jardin bordant l'allée menant à l'entrée, le gazon a été fraichement coupé, les plantes récemment arrosées, les buissons diligemment taillés et la palissade en bois repeinte depuis peu d'un blanc éclatant.
La demeure vend du rêve de l'extérieur. En réalité, elle est pourrie de l'intérieur.
La proie a une respiration erratique. Ses pieds couverts de henné entrent en contact avec un fluide carmin de la même teinte que son vêtement. Relevant sa jupe lourde, elle dévale les escaliers, partagée entre l'espoir et le désespoir.
Toute la soirée, le tintement de ses chaines de chevilles a résonné à ses oreilles comme des petites cloches joyeuses. Désormais, le son était trop fort, trop intense. Elle avait l'impression d'être sur le toit d'une église et qu'au-dessus de sa tête sonnaient les carillons.
Les carillons de son exécution.
En ouvrant la porte, la jeune femme lance un regard épouvanté par-dessus son épaule noyée sous des vagues de chevelure ténébreuse. Elle court dans l'allée immaculée, laissant derrière elle des empreintes de pieds sanguinolentes. Le voile de son sari fend l'air, ondulant dans une danse macabre.
Des appels à l'aide fendent l'espace.
Derrière la proie, le prédateur fulmine. Il a le regard vorace, siffle par le nez. Le voile du sari voltige devant lui, comme une muleta qu'on secoue devant un taureau.
Mi-humain, mi-bête, il prend son élan et fonce tête la première vers sa proie, un rire excité bourdonnant dans sa gorge.
