i n t r u s |62|

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TW : violence, sang

PDV Ethan

Atona a le sommeil paisible. Elle roupille si profondément qu'on dirait qu'elle a reçu un coup de massue sur la tête. Après sa crise, elle a pris un somnifère et n'a prononcé que  quelques mots : "Reste... Vite fait".

Assis au bord du lit, mes doigts se mêlent à la noirceur de ses cheveux. Ses sourcils se ratatinent par moments et ses bras tremblent. Délicatement, je passe une main sur sa joue. Atona inspire profondément et un fin sourire étire ses lèvres ourlées. 

—Sois pas timide, Obus, souffle-t-elle. Viens voir Praline.

"Obus" ? N'était-ce pas le surnom qu'elle m'avait donné au voyage scolaire ? Atona vit bien dans son propre monde. A son air lubrique, je préfère ne pas savoir à quoi elle rêve. 

Une lassitude sans nom s'abat sur moi. Qui sait quand elle fera sa prochaine crise. Connaitra-t-elle jamais la paix ? Que puis-je faire pour la soulager ? Elle n'a pas idée à quel point je suis  désireux de la garder dans une bulle hors du temps et hors du monde pour qu'elle ne puisse jamais être heurtée à nouveau.

Au plafond, je remarque des petites étoiles dispersées. Une des planètes se démarque des autres. Serait-ce... Vénus ? Un rire m'échappe. Je me rappelle de la fois où j'en ai parlé à Atona, sur nos balcons respectifs. J'ai l'impression que c'était il y a des siècles. A l'époque, elle en avait bien ri. Et voilà qu'elle colle Vénus au plafond de sa chambre. 

Initialement, c'est mon père qui m'en a parlé. Lorsqu'il m'a emmené à la mer, nous sommes aussi passés sur un petite île connexe à la Manésie. Un planétarium gigantesque y a été établi et les touristes peuvent le visiter. Un soir où le ciel était dégagé, nous avons pu voir Vénus, gigantesque dans le ciel assombri.

Mon regard se perd sur les courbes du petit minois. Serait-ce possible qu'elle feigne le sommeil ? C'est totalement envisageable. Pour vérifier, je pince son nez. Aucune réaction. 

—Atona Fox a zéro sex-appeal, dis-je à son oreille. 

Je scrute son visage, à la recherche d'un nez qui se fronce ou de mâchoire qui se tend. Elle ne réagit pas, c'est qu'elle est bel et bien en train de dormir. 

Je me rappelle du jour où nous nous sommes embrassés, puis celui où nous avions dit que nous vivrions chacun de notre côté. Il y a quelques heures, elle s'est confessée à moi et maintenant, elle dort tout près de moi. On n'a beau vouloir fuir... Ce qui est écrit, est écrit. 

Nous parlerons de tout ça plus tard, quand elle sera en possession de tous ses esprits. Pour l'instant, je l'installe confortablement et quitte le lit. Je la débarrasse de ses boucles d'oreilles, bracelets et bagues en tous genre. Je la couvre et pose une main sur son front pour m'assurer qu'elle ne fasse pas de température. 

Peu après, Kris arrive, toujours dans son uniforme. 

—Merci de m'avoir appelé. Je m'occupe d'elle, maintenant. 

—Pas de souci. Mais... J'aurais préféré rester encore un moment, si tu n'y vois pas d'inconvénient. Pour m'assurer qu'elle aille vraiment bien. 

Kris, en train de retirer sa veste, se fige un bref instant. Il se racle la gorge et acquiesce. 

—Comme tu veux, Ethan. Tu sais que tu es ici comme chez toi. 

Il se met au chevet d'Atona et caresse sa joue. 

—A quel point ? demande-t-il simplement.

—Jusqu'ici, elle était en bonne rémission. S'il y a régression, quelque chose a du déclencher sa crise. 

InceptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant