pour toi |77|

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Le tic-tac de l'horloge me fait grincer des dents. Chaque mouvement de la petite aiguille a l'effet d'un coup de poignard dans mon ventre. Ethan ne semble pas perturbé du tout. Il ne sait pas les mots qui pèsent si lourd sur ma langue que je n'arrive pas à la faire bouger.

D'une lenteur qui semblerait presque calculée, il avance vers moi. Avec encore plus de précaution, Ethan porte ses doigts vers mon visage et malgré moi, j'ai un mouvement de recul.

Ma peau en contact avec une autre me donne la nausée.

La surprise d'Ethan serait imperceptible aux yeux d'un autre mais pas à moi. Elle est vite remplacée par une expression de pure tristesse. Il sert les poings et retourne se poster près de la fenêtre. Il fait rouler ses épaules et je jurerai qu'il y a de la colère dans ses yeux, juste avant qu'il fasse quelque chose dont j'avais désespérément besoin sans le savoir.

Il sourit.

Toutes les tensions dans mon corps se dissipent. L'oxygène entre en déluge dans mes poumons et par un certain coup de magie, j'arrive à respirer plus facilement.

—Salut, toi.

Sa voix.

—Je ne sais pas si tu sais, continue-t-il, mais je suis une vraie célébrité. Tu sors avec une star.

L'ombre d'un sourire chatouille mes lèvres.

—T'as mauvaise mine pour une star.

—Les paparazzis ne me laissent pas tranquille. Tu as mauvaise mine pour quelqu'un qui a dormi pendant six mois.

—Je voulais battre le record de la belle au bois dormant.

Le vert de ses yeux pétille. J'ajoute :

—Mais j'ai été clémente parce que...

Je scelle mes lèvres. Qu'est-ce que je fous ? Je peux pas jouer à ce jeu-là avec lui puis lui annoncer ce que j'ai à dire deux minutes après.

Il m'a manqué. Terriblement, même. Discuter avec lui, c'est le meilleur réveil que j'aurai pu avoir. Il a toujours su me comprendre. C'est même la personne qui me connait le mieux. Même quand on n'était pas proches du tout, quand je suis retournée à la civilisation après avoir cru m'être échappée d'Aguir, c'était le seul à réellement me voir. A vouloir m'aider même quand je le repoussais avec très peu de gentillesse.

—Atona, tu es frigorifiée.

J'avais pas remarqué mes bras enroulés autour de mon corps, ni les tremblements de mes doigts. Ethan n'est plus qu'inquiétude, il me tend la main mais se ravisse rapidement. A la place, il me fait signe de m'asseoir sur le lit. Il a l'air de connaitre la chambre par cœur, parce que le temps que mes fesses soient posées sur le matelas, il a déjà sorti un peignoir, une couverture et des pantoufles.

—Allez, enfile ça.

Son sérieux me ferait rire dans un autre contexte. Je mets le peignoir et il pose la couverture sur mes cuisses. J'évite son air interrogatif quand il se met à fixer mes pieds, rendus sales par mon escapade hors de l'hôpital.

En un clin d'œil, il entre et sort de la salle de bain avec un petit bassin remplit d'eau fumante et un essui sur son épaule. Ethan s'agenouille devant moi et m'intime de plonger les pieds dans le petit bassin posé au sol.

ışığım, tes pieds sont dans un sale état. Est-ce que...

Il laisse la question flotter entre nous. Est-ce que je lui donne la permission de me toucher les pieds ?

Je n'ai pas le cœur à lui dire non. A la place, je bats doucement des pieds dans l'eau et les frotte entre eux. Il hoche la tête, tout simplement. Quand l'eau a refroidi, je me penche légèrement pour voir si mes pieds sont propres. Ethan ouvre l'essuie et j'y mets mes pieds. Il pousse le bassin sur le côté et pose l'essuie sur ses genoux.

InceptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant