𝔻𝔸ℕ𝕊 𝕊𝔸 𝕋𝔼𝕋𝔼 /3/

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Joignant les mains autour de sa peluche, il est assis droit sur sa grande chaise, le regard vide, en essayant de faire croiser les bras trop courts de son nounours.

-Tu m'entends ?

Embêté, il lève les yeux vers la quarantenaire et hausse les épaules.

-Tu verras, ils sont très gentils. Je les ai rencontrés encore hier. Ils sont impatients de faire enfin ta connaissance.

Mais l'enfant l'écoute d'une oreille distraite.

-Lorsque tu es arrivé ici il y a cinq ans, je t'avais bien promis que je te trouverais les personnes qu'il faut !

Acquiescant, il pense à son arrivée ici avant d'arrêter de toucher à son nounours.

-C'est quand que je reverrais ma maman ?

Piquée à vif, la quarantenaire perd son sourire. Il n'a toujours pas compris. Ou ne veut pas comprendre.

-Nous en avons déjà parlé... Ta maman ne viendra pas. Elle a fait des bêtises et des personnes qui ne veulent que ton bien ont décidé de te protéger en t'amenant chez moi. Tu es heureux ici, n'est-ce pas ?

-Ça ne me dérange pas que maman fasse des bêtises. Je peux la revoir ? Tout le monde fait des bêtises et on peut pardonner. C'est ce que vous m'avez appris.

Et c'est la contradiction des paroles de la femme qui fait froncer ses sourcils à l'enfant.

-Ce n'est pas aussi simple que ça, chou. Mais je te promets que tes nouveaux parents t'aimeront autant que ta maman.

Le petit regarde le sol, sceptique.

-C'est vrai ?

Avec un sourire enjoué, la quarantenaire prend une allure rassurante pour ne pas inquiéter le petit.

-Tout à fait. Ils t'offriront une maison avec une chambre, un lit, des livres et de l'amour. Tu n'es pas impatient de les voir ?

Gardant ses mains sur la peluche, l'enfant ne se sent pas aussi excité que la japonaise, il hausse les épaules. Son regard se plante dans les billes noires qui servent dans les yeux de verre de la peluche. Elles reflètent les traits de son visage, où plus aucune trace d'innocence enfantine n'existe.

Un instant de réflexion plus tard, il pose avec précaution le nounours sur le bureau de la japonaise qu'il ne reverra bientôt plus jamais de sa vie.

-Tu n'en veux plus ? demande-t-elle interloquée. C'est le seul souvenir qu'il te reste de ta maman.

-Je n'en veux plus.

Immédiatement, la quarantenaire fronce les sourcils en observant cet enfant. Elle en a croisé beaucoup depuis le début de sa carrière, mais c'est la première fois qu'elle en voit un autant dénué d'émotions.

Rien qu'en ce moment-même, elle le trouve étrange. Il n'a pas l'air heureux de bientôt quitter l'orphelinat et c'est avec indifférence qu'il se sépare de la dernière trace qu'il lui reste de sa mère. Une cascade de frissons la fait tiquer mais elle se reprend.

InceptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant