d a n s s a t ê t e /6/

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Tahir aimait l'ennui qui accompagnait le quotidien. Pour ses collègues, il n'y avait rien de plus redondant. Malgré tout, il trouvait un grand réconfort dans les jours qui s'accumulaient et se ressemblaient.

Pourquoi ? Pour le gout de sécurité qu'elle avait. Il n'y a pas si longtemps, son quotidien n'était pas aussi relaxant. Sa routine, c'était la crainte constante d'une mort soudaine, de se retrouver décapité ou brûler vif. Alors Tahir préférait ne pas faire débat avec ses collègues qui ne le comprenaient pas lorsqu'il disait aimer son quotidien répétitif. Il ne s'attendait pas à ce qu'ils le comprennent, eux pour qui la certitude de se réveiller le matin en un seul morceau était un acquis.

Sa routine était monotone, jusqu'à Elizabeth. Elle ajoutait la dose d'adrénaline dont il ignorait avoir besoin. Il était heureux, Lys aussi. S'installer en Manésie est la meilleure décision qu'il ait jamais prise. En rentrant du travail, Tahir troqua se changea et alla chercher Lys à l'école. Il n'y vit pas Elizabeth qui était malade depuis la veille au soir. Tahir comptait l'appeler pour savoir s'il pouvait passer dans l'après-midi s'assurer qu'elle ne manquait de rien. Ce serait également l'occasion de faire la rencontre de son fils.

Le palestinien était loin de se douter que ce jour arriverait plus tôt que prévu. Ses précieuses habitudes seraient bien vite perturbées. Alors que Tahir commença sa prière du soir, il n'entendit pas les pas de loup qui s'approchaient derrière lui.

Aguir avait sagement attendu que l'homme envoie la gamine au lit avant de faire son apparition. Il était là depuis un bon moment, depuis avant même que Tahir ne rentre du travail. Cela lui avait permis de faire un tour de la maison et un set de mini-golf avait retenu son attention. Il avait jugé que les balles étaient trop petites. Le brun avait de l'ambition, il voulait frapper dans une balle plus grande.

Sans plus attendre, Aguir serra ses mains gantées de cuir autour du bout de métal et frappa de toutes ses forces le crâne de Tahir. Celui-ci s'effondra sur son tapis de prière, marmonnant encore des paroles pour lui-même.

T.R. était fier de son coup. C'était propre et il ne s'attarda pas plus longtemps, se dépêchant d'attacher les mains de Tahir et de nouer un t-shirt qui trainait sur le canapé autour du crâne de sa victime, histoire que si sang il devait y avoir, il n'y aurait pas de tâche.

Le palestinien avait les yeux écarquillés par la surprise. Aguir le fit s'asseoir sur une chaise et s'accroupit à son niveau, pointant le menton de Tahir du bout du club métallique.

—Mon lancé t'en bouche un coin, hein ? Je pourrai t'apprendre, Tahir. A une condition. Celui qui cligne des yeux en premier perd. Si je perds, je t'apprends mes secrets. Sinon... Tu peux me demander ce que tu veux. A commencer par qui je suis.

Ils se fixèrent en silence. Au bout de trente secondes, T.R. battit des cils.

—Je suis vaincu. Prends le club, que je t'apprenne.

Évidemment, Tahir ne l'attrapa pas au vol. Elle glissa entre ses jambes. Il flancha sur la gauche et tomba de son siège, tête la première. Il n'était déjà plus de ce monde.

—Y a pas à mourir aussi facilement, râla Aguir. Tu gâches tout le plaisir. J'ai un problème de modulation de ma force, on dirait.

T.R. tira de toutes ses forces le cadavre par les pieds jusqu'au centre du salon très peu décoré. Unissant ses mains dans sa nuque, le brun sifflotait en faisant craquer ses vertèbres. Tahir était plus lourd qu'il n'en avait l'air.

Refoulant un juron, Aguir s'accroupit et inspecta le crâne de Tahir. D'un pivot, il avait cogné le voleur de petite copine et tapé pile la zone fragile dont lui avait parlé un vieil ''ami'' calé en combat. Ce bon vieux Ryan. Il n'aurait jamais cru que ses cours de self-défense auraient en réalité une fin plus funeste.

InceptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant