Inception

𝓭𝓸𝓵𝓵 𝓱𝓸𝓾𝓼𝓮 /2/

Tous les matins, il vient pour prendre le petit-déjeuner avec moi. Ou plutôt, pour me regarder manger. Il prépare toujours la même chose. Je déteste le poulet, déjà, et ça ne se mange pas le matin.

Il m'observe avaler ça comme si tout était normal. Comme si ce qu'il était entrain de me faire subir n'était pas passable de prison.

Et maintenant, le voilà assis à côté de moi après avoir avoir ramassé la table. Il n'est pas idiot. Il sait que s'il me laissait le faire, je m'accaparerai du couteau. Et certainement pas pour couper le poulet.

Comme à son habitude, il ne dit rien et ne fait que me regarder. Parfois, il caresse ma chevelure aussi noire que mon regard. Me fixer sans un mot, c'est ce qu'il fait chaque fois qu'il vient chez moi. Ce n'est pas très très fréquent, Monsieur doit être occupé. Tant mieux, au moins je le vois au mieux c'est.

Comme à chaque fois que je mange ce qu'il prépare, je me sens nauséeuse et comme dans un coton. Ça doit être ce que j'ingurgite. Mais alors, je vais devoir arrêter de manger pour rester maîtresse de moi-même ? Je mets ça sur ma liste de choses à faire.

Aujourd'hui, j'aimerais juste savoir quel jour on est et pour cela, il faut que je lui demande. Il n'y a pas d'autre moyen. Prenant mon courage à deux mains, je me lance.

-Quel jour on est ?

Il arrête de caresser mon visage et reste interdit. Sa voix robotisée retentit alors.

-Pourquoi, Bee ?

Il pige du cul ou quoi ? Ne comprendra-t-il jamais que ce n'est pas mon nom ?

-Je veux juste savoir-

Sa main qui me caresse depuis des heures s'abat violemment sur ma joue.

-Tu veux aller le voir, c'est ça, hein ?!

Je me tiens le visage, choquée. Même mon père n'a jamais levé la main sur moi. Et puis, de qui il parle encore ? Putain, je veux juste savoir quel jour on est. Je me prends au jeu.

-Non, je ne veux pas le voir. Juste savoir-

Comme chaque fois que j'ai l'audace de dire quelque chose qui ne lui plait pas, il entoure ma gorge de ses doigts. C'est sa seule façon de communiquer on dirait.

-Pourquoi ? Pourquoi ? Pourtant je suis là, Bee. Moi. Et lui, où est-il ? Il n'est pas là. Je suis la seule personne qui est présente pour toi. Oh Bee, chérie.

Sûrement bleue par le manque d'oxygène, je tousse bruyamment quand il me lâche. Puis contre toute attente, il m'enlace encore.

-Je suis là, Bee.

-Je ne suis pas Bee ! hurlé-je de toute mes forces.

Je le pousse de toutes mes forces mais c'est comme combattre un mur. Excédée et dégoûtée, je cherche dans le fond de ma gorge un gros mollard et le crache sur le masque.

Immédiatement, il me lâche et va chercher dans les tiroirs un mouchoir pour s'essuyer. Je suis fière de moi, malgré mes jambes qui jouent des castagnettes, mon souffle court et mon rythme cardiaque affolant.

Il lâche un grognement et revient vers moi pour dire:

-Ne joue pas à ce jeu avec moi. Tu sais très bien ce qui t'arrivera si tu me déçois, Bee.

Son ton menaçant me fait tout de même un peu regretter mon geste. Non, je ne sais pas ce qu'il m'arrivera si je le déçois.

Je n'en avais aucune idée.

🌹🌹🌹