𝓭𝓸𝓵𝓵 𝓱𝓸𝓾𝓼𝓮 /1/

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La douceur sous mes doigts m'oblige à enfin ouvrir les yeux. Avec beaucoup d'efforts, je me lève avec la sensation d'être dans un rêve.

La chambre dans laquelle je me trouve attaque mes yeux avec ses tons vifs. Un mur vert pétillant, des décorations aux couleurs gaies, un lit aux draps rouges. Des tentures horribles de couleur jaune fluo sont sur le côté. La porte est d'un bois simple.

Cette odeur de rose est persistante. Ça s'explique par les roses dans des vases disposés un peu partout dans la pièce. Sur le bureau, près des tentures, partout.

J'en vois même sur la table de chevet et ce n'estqu'à ce moment-là que je remarque le mot près de moi.

Il dit:

« Je t'ai retrouvée, Bee. Tu m'as manqué. J'espère que cette fois, tu ne le referas pas. »

Dire que j'aimerai tuer la personne qui me fait cette mauvaise blague serait un euphémisme. La première chose que je fais est de déchirer le bout de papier en mille morceaux. Ensuite, je tente de me calmer en contrôlant ma respiration. Il faut avoir la tête froide pour s'enfuir.

Tout d'abord, tenter de m'échapper en empruntant la porte serait trop dangereux. Mes yeux parcourent la chambre et une idée germe dans ma tête. Il y a des tentures, et qui dit tentures dit fenêtre.

Je me lève en catastrophe du lit et cours jusqu'aux rideaux. Je les tire et des vitres teintées me font face. Mon reflet me renvoie une image fantomatique. Je m'attendais à découvrir ma tignasse de cheveux emmêlée et dans un sale état mais ils ont été coiffés et mes vêtements troqués contre une longue robe de chambre rouge en satin.

Le plus choquant, c'est cette rose de la même couleur que la robe de chambre qu'on m'a mise. Avec dégoût, je l'arrache de mes cheveux et la jette par terre. Elle ne contient pas d'épines. Les a-t-il retirées lui-même ? Une par une ?

Mais là n'est pas la question. Je dois plutôt me demander depuis combien de temps je suis ici ?

Une chose étrange attire mon attention sur le mur où le lit est collé. Je déglutis difficilement et je dois être honnête; j'ai peur. Le mur en est couvert. Couvert de barres rouges. On dirait presque qu'elles sont tracées avec des doigts. Mais quel est ce liquide utilisé ? Ce n'est quand même pas... Non. Je me refuse de me confronter à cette réalité maintenant.

Quant aux barres, elles ne peuvent signifier qu'une chose; les jours passés ici. Chaque fois, quatre barres en sont barrées d'une autre, décomptant ainsi le nombre de jours que la précédente a passé ici.

Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Pourquoi est-ce que je me pose la question ? Je le sais au fond. J'en ai entendu parler aux infos. Découverte enterrée 12 roses.

Moi, je ne finirai pas comme ça. Donc, maintenant il faut que je m'en aille. En regardant autour de moi, je vois des tas de babioles sur le bureau peint en violet. J'ouvre les tiroirs mais ils sont tous vides. A part un qui contient un paquet de cigarettes et un briquet.

Je le ferme avec violence et me saisis d'un objet lourd et solide. Je prends quelques mètres de recul avant de l'envoyer valser contre la vitre. Elle explose et des tas d'éclats de verre atterrissent par terre.

A ce moment-là, mon coeur chute jusqu'à mon estomac. Une remontée d'acide fait chauffer mon buste et une colère noire fait vibrer mes bras. En cassant cette putain de vitre, je m'attendais à voir un paysage, un immeuble ou même un pigeon, mais à la place qu'est-ce que je vois ? Un mur. Un putain de mur de briques.

Excédée, je m'empare d'un autre objet et tente de casser la poignée de la porte. Elle cède rapidement. Trop rapidement. La porte grince en s'ouvrant et ce à quoi je m'attendais me fait face. D'autres briques.

Là, je vois rouge. Je fonce sur le mur impénétrable et crie de toutes mes forces en le tapant de mes points.

-Laisse-moi sortir ! Laisse-moi m'en aller ! Ramène-toi si t'en as les couilles ! Je vais t'étriper sale merde ! Laisse-moi sortir d'ici !

Après une dizaine de minutes à m'égosiller, ma gorge commence à me faire mal. Mes poings sont rouges et des filets de sang longent mes bras. Je suis pathétique.

Mes bras tombent le long de mon corps et je laisse mon front cogner le mur de brique, en me demandant ce que j'ai bien pu faire pour en arriver là, mais surtout, pour mériter ça ?

InceptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant