A la sortie de la chambre de Loki, je dégage au plus vite pour échapper aux regards des têtes-d'orteil qui servent de gardes du corps à Loki. J'ai pas besoin de me retourner pour savoir qu'ils me regardent.
Ou alors ils font même pas attention à moi mais je suis condamnée à voir des pervers partout. La paranoïa, ça me connait.
Y a pas si longtemps, j'aurai certainement adoré l'attention qu'ils me portent. Je les aurai séduits – tous les deux – et emmenés dans un coin plus discret pour passer un bon moment à trois. J'aurai pas eu peur de leur regards, au contraire je m'y serai baignée et joué avec.
Maintenant, je veux plus entendre parler de sexe. C'est impossible qu'un jour je me remette à vouloir coucher avec quelqu'un. Laisser un mec me déshabiller ? Coller son corps chaud contre le mien ? Ressentir autre chose que du dégout à son touché ? Impossible.
Je m'appuie contre un mur et me laisse glisser par terre, épuisée. Qu'est-ce qu'il me reste si j'ai plus le sexe ? C'est comme ça qu'on me connait, la fille aux blagues salaces faciles, aux moeurs peu traditionnelles. Mon identité tournait autour de ça. Attirer les hommes, les séduire, les rejeter et les faire couler.
Qui je suis, maintenant ?
Qui je suis, avec cette Chose dans mon ventre ? Il faut que je me prépare à la possibilité de pas arriver à m'en débarrasser. Je dois trouver Sato pour savoir comment entrer en contact avec les orphelinats. J'essaie de trouver mon chemin vers ma chambre, et sorti de nulle part, un médecin offre de m'aider.
—Ce que vous êtes prévenant, dis-je amèrement.
Je dois m'être pris un gros coup à la tête – signé Aguir - et ces cons médecins doivent sûrement penser que je suis devenue aveugle. Ces connards pensent que je remarque pas qu'ils me surveillent de près ? Je vois bien qu'ils se sont passés le mot.
Dès que j'apparais au détour d'un couloir, ils changent d'attitude comme s'il fallait se préparer au pire. Je suis fatiguée de me sentir scrutée. J'ai l'impression d'avoir sur le front un gros panneau avec des néons qui disent « Attention ! Folle qui mord ! ».
Essoufflée, je gravis la dernière marche de l'escalier pour arriver à mon étage, sous l'œil attentif du médecin. Il hèle un aide-soignant pour me raccompagner dans ma chambre.
—Quelle équipe vous formez, grincé-je. Je suis un peu une balle de ping-pong, au fond. Et vous vous amusez tous à vous faire la passe, hein ? Je me sentirai jamais seule dans cet hôpital, c'est sûr !
Le médecin semble pas saisir la pique implicite.
—C'est avec plaisir, mademoiselle.
Ouais, il fait plutôt semblant de pas capter.
—Si vous êtes fatiguée, je peux vous proposer une chaise roulante.
—Putain, j'ai l'air d'avoir besoin d'aide ? Je perds peut-être petit à petit l'esprit mais mon corps est encore fonctionnel.
Cette fois, il répond pas. A la place, il hoche la tête et laisse un aide-soigant aussi utile qu'une plante verte m'aider à rejoindre ma chambre.
Mon corps a été en léthargie si longtemps que j'ai plus d'endurance. En fait, j'aurai bien besoin d'une chaise roulante. J'ai juste trop d'égo pour la demander. Des longues barres métalliques froides longent les murs des couloirs interminables. Je m'y agrippe de toutes mes forces pour marcher, encore essoufflée par les volées d'escalier que j'ai empruntées.
—Atona !
Des pas précipités. Une tornade rouge. Un parfum sucré. Valentine.
Ses petites mains entourent mon ventre. Le câlin de dos qu'elle me fait avec toute la bienveillance du monde me fait quand même grincer des dents.
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Inception
RomanceElle ? Elle se fiche de tout. Elle ne veut dépendre de personne. Elle récolte autant de regards curieux que de conquêtes. Son but est d'oublier, d'enterrer son passé tortueux le plus profondément possible. Lui ? "Lui" ne pense qu'à elle. Il dépend...