Elle ?
Elle se fiche de tout. Elle ne veut dépendre de personne. Elle récolte autant de regards curieux que de conquêtes. Son but est d'oublier, d'enterrer son passé tortueux le plus profondément possible.
Lui ?
"Lui" ne pense qu'à elle. Il dépend...
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-Putain ! Fait chier !
En sous-vêtements, je me roule inlassablement sur mon lit tout en soupirant d'agacement.
Aguir va arriver dans une heure et je ne sais toujours pas quoi mettre. D'habitude, je sais exactement quoi mettre pour quelle occasion. Mais là... Mon petit ami va venir à la maison en pensant qu'il va manger et passer une bonne soirée. En réalité, il va être forcé à avoir une discussion sérieuse qui a de grandes chances de mener sur une dispute.
J'ai vidé presque toute mon armoire et mes vêtements juchent le sol comme mon lit. Invitation de merde. Qu'est-ce qui a pris papa d'inviter Aguir ? Bon, c'est vrai que je ne suis pas objective. Au moment de l'invitation, j'avais pas de problème avec Aguir. Je ricane mauvaisement. En y repensant, j'ai laissé mon père inviter mon petit ami le matin de la nuit que j'ai passée endormie aux côtés d'un autre homme. La blague. Et pas n'importe quel homme ! Ethan.
Je hais les hommes.
Au bout d'une énième roulade, je me laisse tomber sur le sol.
-Aïe.
Bien fait. Une auto-punition pour être aussi conne. Embrasser un autre mec alors que t'es en couple ? Tu croyais pouvoir t'en sortir comme ça ? Assume tes sentiments à la con maintenant. Ça t'apprendra à garder ta bouche chez toi.
Je me frotte les fesses et m'apprête à me lever quand je vois le carton sous mon lit. Ah, je l'avais oublié celui-là. J'y trouve tous les vêtements que je portais avant. Tous les décolletés auxquels j'ai renoncés. J'adorais exhiber mon décoleté. C'était ma marque de fabrique.
Mais maintenant... J'ai trop honte. C'est vraiment pas beau à regarder. Ce n'est pas comme si ce n'était qu'une petite cicatrice que j'avais là. Non, ce sont bien des cicatrices déguelasses sur lesquelles personne n'a envie de poser le regard.
Je passe machinalement mes doigts dessus, désormais habituée aux petits creux que forme la partie supérieure de mon torse. Est-ce que je peux cacher ça avec un tatouage ? J'y penserai plus tard.
Je me lève quand mon regard s'accroche à un certain vêtement de la boîte. Je tends le bras pour effleurer la dentelle et soulève le top.
-Il me faisait une taille d'enfer, celui-là.
C'était carrément mon préféré. Mais surtout, il appartenait à ma mère. J'étais avec elle quand elle l'a acheté.
Quand on est passées à la caisse, elle m'a dit comme si c'était absolument banal qu'elle était enceinte. Je crois bien que j'ai jamais été aussi heureuse. Je m'imaginais déjà avec un petit frère ou une petite sœur. Ah, l'époque où j'avais encore une tolérance pour les mioches. Quand son ventre a commencé à s'arrondir et qu'elle ne pouvait plus le mettre, elle me l'a donné.
C'était encore à l'époque où elle ne me prenait pas encore pour une étrangère. En y pensant, je crois que c'est la dernière sortie mère-fille qu'on ait eue avant que ça ne commence à dégénérer. Après, elle a perdu son bébé et avec, les pédales.
