doll house |73|

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La tête entre les jambes, Lid vide son estomac dans un sac bien trop petit pour tout récolter. Je lui essuie la bouche, tapote son dos et surtout remercie le seigneur de ne pas être à la place de la blonde.

—On est arrivées, tu penses que ça ira ? dis-je le nez pincé.

—Oui, il me faut de l'air frais !

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous descendons à l'arrêt de bus. Lid a beau être déguisée en ange, elle a plutôt une tête de fantôme.

—Qu'est-ce qui m'a pris de vouloir le garder ? dramatise-t-elle.

Une main protectrice sur le ventre, elle me suit à pas de souris.

—Ne dis pas ça, Lid ! Oublie pas les seins que tu auras enfin ! Bourrés de lait mais des seins quand même !

Remotivée, elle me dépasse et je dois trottiner pour la rattraper, faisant tinter mes bracelets de cheville. Loki m'a demandé de le rejoindre et Lid a voulu m'accompagner. On était bien à mi-chemin quand il nous a plutôt envoyé l'adresse d'Aguir. Il me paiera cher de m'obliger à aller chez mon ex.

—Ralentis, blondasse. Tu sais même pas où c'est.

En réalité, j'ai totalement oublié le chemin. Je me rappelle à peine à quoi ressemble la rue.

—Si, je sais. La fête chez lui, tu t'en rappelles ? Regarde, c'est la rue juste à gauche.

—Je te testais.

Je lui prends la main, heureuse de l'avoir à nouveau à mes côtés. Nos doigts se détachent rapidement lorsque nous arrivons. La porte est entrouverte. Je sonne tout de même, à l'affut de sa voix nasillarde.

Tant pis pour Aguir, je suis venue pour Loki. J'entre avec fracas, signalant mon arrivée et espérant un départ rapide.

—Loki ? Ramène tes miches ! T'as intérêt à avoir une très bonne raison de m'avoir traînée jusqu'ici !

Peut-être sont-ils en haut ? Dans la chambre d'Aguir, certainement. Un bref coup d'oeil à Lid et je sais qu'elle va encore vomir. Je me débarrasse de mes escarpins inconfortables et pose mon sac au salon. J'amène ma blondasse aux toilettes du rez-de-chaussée et elle ne perd pas de temps pour s'y agenouiller.

—Bon amusement, je vais devoir me confronter à la bête.

—Me fais pas attendre trop longtemps, Atona.

Elle ne peut pas en dire plus, le bébé dans son bide opère sa magie et fait pleuvoir une purée de chips mélangée à des pop-corn dans la cuvette.

Je me retrouve en haut des escaliers, haletante. Je tire sur le voile qui recouvre mon buste et l'enroule autour de ma taille pour le coincer dans ma jupe. Qu'est-ce qui m'a pris de m'habiller en sari par une canicule pareille ? J'aurais du me contenter de mon costume Playboy, ça aurait mieux fait l'affaire que ces mètres interminables de tissu rouge.

—Loki ?

Doucement, je pénètre dans la chambre d'Aguir.

—Loloooo ?

Face à moi, la créature la plus exquise que la terre ait portée me fixe avec étonnement.

—Euh... Bonsoir ? Je cherche Loki.

Je referme doucement la porte derrière moi pour m'approcher de l'incarnation même de la beauté.

—Je te laisse sans voix ? Bah, je peux comprendre.

—Quelle vanité. Tu dragues ton reflet, maintenant ? Je suis jaloux de mon miroir.

Je sursaute, la main au coeur, fixant d'un air mauvais Aguir qui rit malicieusement derrière moi.

InceptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant