Elle ?
Elle se fiche de tout. Elle ne veut dépendre de personne. Elle récolte autant de regards curieux que de conquêtes. Son but est d'oublier, d'enterrer son passé tortueux le plus profondément possible.
Lui ?
"Lui" ne pense qu'à elle. Il dépend...
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Lid s'affale sur mon lit géant. Sa chevelure d'or s'étend sur mes draps et elle se met en position fœtus. En silence, je prends soin de lui mettre mes pantoufles lapin roses et claque un bisou sur son front.
-T'as besoin de quelque chose ?
Elle soupire et fait non de la tête.
-Je sais de quoi t'as besoin.
-J'ai dit que je n'avais besoin de-
-D'un bain.
-Non, je ne-
-Je vais te faire couler un bain, dis-je en sortant de ma chambre.
J'entends les gémissements de ma blondasse et les ignore. Ça va lui faire du bien, lui permettre de se relaxer. Je ne vais pas prétendre comprendre la situation qu'elle vit, mais je sais que c'est très dur pour elle. Et je n'y peux rien. Je suis impuissante face à ça. Alors autant m'occuper d'elle, prendre soin des petits morceaux brisés laissés par ses parents ignorants.
J'entre dans la salle de bain et fais couler l'eau chaude. Je m'assieds sur le rebord et mets quelques doigts dans l'eau. La mousse qui se forme autour de l'endroit où l'eau s'écrase m'hypnotise. Un très mauvais souvenir qui ressurgit soudain. Encore une fois, à cause de lui. La fois où il a voulu me noyer. Je serre les dents et secoue la tête, déterminée à ne pas me laisser envahir par ces images indélébiles. Sedah, ou autrement dit T.R., est loin désormais.
Je descends pour préparer quelque chose de chaud à boire pour ma blondasse, quand on sonne. Je fais signe à papa attablé devant des dossiers de rester assis et m'en vais moi-même ouvrir la porte.
-Je vais ouvrir, Atona. Occupe-toi plutôt de Lidwine.
Je pointe papa du doigt et tonne :
-Non, j'y vais. Travaille.
J'arrange brièvement mes cheveux devant le miroir de l'entrée puis ouvre la porte. Là, je trouve une femme avec un plateau de pizza dans les mains.
-Bonjour, dit-elle simplement.
J'ouvre la boîte, vois la pizza fumante et plonge mon regard dans les yeux bleus de la femme.
-On n'a rien commandé, dis-je en la dévisageant. Dis... tu serais pas un peu âgée pour être livreuse de pizzas ?
Elle hausse les sourcils. Ses yeux bleus sont ourlés de longs cils. Elle a des cheveux blond cendré jusqu'aux épaules, avec les racines sont plus foncées. Sa jupe crayon me permet de deviner une taille fine et des jambes sveltes. Quelle idée de mettre une jupe avec ce temps. Et pour livrer des pizzas.
-Atona, qu'est-ce qu'il y a ? demande papa en me rejoignant.
-Une personne du troisième âge qui essaie de me vendre une pizza hawaïenne. Je vais porter plainte. Et vous devriez le savoir, madame, que les pizzas à l'ananas sont infectes. Cette invention est un crime contre l'humanité.
