Elle ?
Elle se fiche de tout. Elle ne veut dépendre de personne. Elle récolte autant de regards curieux que de conquêtes. Son but est d'oublier, d'enterrer son passé tortueux le plus profondément possible.
Lui ?
"Lui" ne pense qu'à elle. Il dépend...
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Le paysage flou défile derrière la vitre de la voiture avec une vitesse dont je ne croyais pas mon père capable. Je lui jette un coup d'œil et ses doigts serrés autour du volant me semblent être un bon indicateur pour dire qu'il est tendu.
-Qu'est-ce que t'as ?
Il m'ignore et grogne dans sa barbe. D'habitude, quand on revient d'une séance chez Gaby, ma psy, papa est toujours aux petits soins avec moi. Il me pose des questions sur la séance ; comment ça s'est passé, ce que j'en ai tiré, etc.
Mais apparemment, cette fois, il n'est pas du tout dans cet état d'esprit. Depuis qu'on est montés dans la voiture pour rentrer, il fait la sourde oreille.
-Je t'ai posé une question.
Il ne me répond pas et ose même allumer la radio et mettre le son à fond. Je me redresse et l'éteins aussitôt.
-Eh papa ! Je te parle !
On s'arrête à un feu rouge et il daigne enfin me regarder.
-Je te répondrai quand tu commenceras à répondre à mes questions, c'est clair ?
Je croise les bras et le jauge, offusquée. Et il remet la radio. Mais il joue à quoi là ?
-Elle a dit quoi la psy y a dix minutes, hein ?
Silence.
-"La communication est la clé de toute relation réussite". Je vois que t'en as rien à foutre. C'est bien, on est bien avancés.
Je me ratatine dans mon siège et prête plutôt attention au dehors. Au bout de dix minutes, il finit par rendre les armes et souffle :
-Ma luciole...
C'est ça, appelle-moi maintenant. Je répondrai même pas.
-Ma petite luciole, écoute.
Je le sens toucher mon bras.
-La communication va de pair avec la compréhension de l'autre et ça n'est pas à sens unique ! explose-t-il. Tu ne te mets pas deux secondes à ma place, c'est aberrant ! Ton état qui pourtant s'était tellement bien amélioré se détériore tout à coup sans que je ne sache pourquoi ! C'est ce garçon, c'est ça ? Tirelire. Tu regrettes d'avoir rompu ? Ou c'est lui qui t'as fait du mal ? J'essaie seulement de comprendre, tu ne peux pas m'en vouloir pour ça !
Je lève les yeux au ciel. Non, c'est un tout. J'ai l'impression que tout part en couille petit à petit dans ma vie et j'en perds complètement le contrôle.
-Ça n'a absolument rien à voir avec Aguir. Je me sens beaucoup mieux maintenant que je suis célibataire.
Bon, c'est pas très vrai mais dans un sens, ça l'est. Je veux dire... Je suis heureuse de plus être avec lui. J'ai été honnête avec moi-même en mettant fin à une relation dans laquelle je n'étais pas investie. Et puis je comprends mieux pourquoi je ressentais la présence d'Aguir comme un fardeau... Il était trop collant.
