𝓭𝓸𝓵𝓵 𝓱𝓸𝓾𝓼𝓮 /4/

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Une odeur qui m'est désormais familière me réveille de mon sommeil forcé. Cette odeur de roses.

Une odeur forte et désagréable.

Je m'assieds. Mes mains sont attachées par une corde serrée au maximum, incendiant ma peau au moindre petit mouvement. Il m'attache les mains depuis que j'ai essayé de m'enfuir de la salle de bains. De toute façon, je n'essaierai plus. Même la fenêtre de cette salle de bain est fausse.

-Jouons, Bee. Je pose les questions. Si tu me donnes la bonne réponse, je te récompenserai avec quelque chose que tu as toujours aimé.

Sa voix de robot glaciale me fait grincer des dents. Quelque chose que j'ai toujours aimé ? Des frites ?

-Si je donne la 'bonne réponse' ? Tu veux dire si je réponds ce que tu veux entendre ?

Il serre les poings et son bras tressaillit dangereusement.

-Ne m'énerve pas, Bee.

Il sort un briquet de sa poche.

-Pourquoi, honey ? Donne-moi la vraie raison.

C'est ça sa première question ? Putain, il me demande de répondre à des questions auxquelles je ne peux pas donner de réponses et que je ne comprends même pas. Je ne suis pas cette Bee. Quand va-t-il le comprendre ?

-Qui est Bee ? Tu veux bien me le dire ? demandé-je sur le ton le plus neutre possible.

Ma réponse ne lui plait visiblement pas puisqu'il se met à donner des coups de pied au bureau.

Soudain, il hurle:

-Ce n'est pas ça que tu es sensée répondre ! Tu gâches tout !

Son accès de colère me fout la trouille car je sais de quoi il est capable pour me torturer, pour me « punir ».

Je reste immobile le temps qu'il se calme. Ensuite, il se dirige vers moi, l'air menaçant.

Je crie alors au tac au tac:

-Parce que je n'étais pas heureuse !

Puissent les heures perdues à regarder des séries à l'eau de rose me servir. Il s'arrête immédiatement et son corps se détend. C'est ce qu'il voulait entendre ? Je joue le jeu et continue.

-Je n'étais pas heureuse.

-Mais après ce que je t'avais révélé, tu aurais du...

-Je... Oui, tu as raison.

Un silence de quelques secondes plane et au lieu de sortir des frites, il allume une cigarette. Les paumes de mes mains deviennent moites.

-Ne t'en fais pas, tu seras heureuse maintenant. Tiens, comme promis.

Il tend la cigarette jusqu'à mes lèvres et je ne sais pas comment agir. C'est ça que j'ai 'toujours aimé' ? C'est plutôt ce que Bee a toujours aimé. Je ne fume pas, c'est trop mauvais pour les poumons et la santé en général. Mais maintenant qu'il est calme, je ne veux pas le provoquer. Je ne veux pas qu'il me tue parce que j'ai refusé de tirer sur une petite cigarette.

A contre coeur, j'avance mes lèvres du papier roulé et tire longuement dessus. Je me mets à tousser immédiatement et mes yeux se mettent à me piquer. C'est horrible.

Je suis pathétique.

Maintenant que je lui ai fait plaisir, j'ose lui demander quelque chose à mon tour.

-Juste une petite question. Est-ce qu'à l'extérieur, je manque à beaucoup de personnes ?

D'un coup, il se lève et se met à marmonner. Quoi encore ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Soudain, il cesse de parler tout seul et me gueule dessus.

-Je viens de te dire que je te rendrai heureuse et tu oses encore me demander ça ?! C'est toujours la même chose avec toi !

Ma vie déroule devant mes yeux tellement la douleur est intense. Il colle la cigarette brûlante juste en dessous de ma clavicule. Je hurle. Je hurle de toutes mes forces quand il recommence encore une deuxième et une troisième fois.

-Je ne le tolérerai pas.

Tout espoir de revoir le soleil s'éteint. Ma peau trouée et brûlée me fait souffrir le martyr et je n'arrive même pas à me défendre tant la douleur écarte tout sur son passage.

Je l'entends me déblatérer des accusations auxquelles je ne m'identifie pas tout en me marquant à vie, mais mon esprit est tout ankylosé par la douleur.

InceptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant