Elle ?
Elle se fiche de tout. Elle ne veut dépendre de personne. Elle récolte autant de regards curieux que de conquêtes. Son but est d'oublier, d'enterrer son passé tortueux le plus profondément possible.
Lui ?
"Lui" ne pense qu'à elle. Il dépend...
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PDV Héra
-J'ai compris, je ferai ce que je peux. Arrête d'y penser.
-Toute ma vie est ici, je peux pas tout quitter du jour au lendemain. Je vais mourir si je dois retourner vivre là-bas.
La voilà à utiliser les grands mots. "Mourir", carrément. Ma soeur a le chic pour dramatiser. De l'autre côté de la ligne, sa voix tremblante me dissuade de lui faire la remarque.
-Je vais parler à maman, ok ?
-Héra, ma vie dépend de toi.
-Tu ne mourras pas si tu retournes vivre en Arménie quelques temps, n'abuse pas.
-Si ! Je devrais quitter tout ce que j'ai construit ici ! La fac de lettres, mes amis, mon copain... Mais elle est complètement barge !
-Elle a seulement besoin d'aide, le Parkinson de papa a trop évolué et il ne peut plus faire grand chose. Le commerce ne va pas se tenir tout seul. Tu n'y retourneras pas pour toujours... Juste le temps de trouver une solution ou-
-Je vais pas tout arrêter pour elle ! Elle trouvera un moyen de me garder. Tout ça parce que je suis la plus jeune ? Takank' (merde).
-Anahit !
-C'est bon, c'est bon. Fais-lui entendre raison, s'il te plait.
Rien qu'à penser au fait que je vais devoir tenir tête à ma mère, j'ai les boyaux noués. Mais c'est pour ma soeur, il le faut.
-Promis.
-Ha ! T'es la meilleure ! Allez, biz !
-De ri- Anahit ?
J'éloigne le combiné de mon oreille. La vilaine, elle m'a raccroché au nez. Mère et fille sont insupportables, l'une un peu plus que l'autre. Mais c'est la famille, on ne la choisit pas. Elle a beau être lourde, c'est en partie grâce à elle que je suis qui je suis aujourd'hui.
Je laisse mon téléphone tomber silencieusement dans le fond de mon sac. En arrivant à la table des profs, Baptiste m'offre un verre. Je ne compte pas y toucher.
-Eh, Héra. Est-ce que tu connais la blague du petit-déjeuné ?
Je m'assieds loin de lui, c'est nécessaire.
-La soirée touche à sa fin, dis-je à Cells et Romulus.
-Eh, j't'ai posé une question, insiste le prof de gym.
-Oui, je ne vais plus tarder à y aller, déclare la prof de biologie. J'ai peut-être forcé sur les cupcakes, j'ai l'impression que je vais vomir dès que j'aurais mis le pied dans la voiture.
-Vous formez une alliance parce que vous savez que trois gonzesses toutes seules peuvent rien contre moi, hein ?
Cells pouffe silencieusement, ce que Baptiste remarque.
