00h00.
Les arabesques rassurantes de l'horloge numérique m'appellent.
Quatre chiffres arrondis. Quatre identiques. Une répétition rassurante.
Du bout des doigts, je dessine un zéro, cercle parfait. Rond comme les fruits de la passion. Rond comme les tartes aux abricots que maman faisait le vendredi soir après la maternelle. Rond comme l'étau rassurant des bras d'Ethan. Je me dessine à l'intérieur des arrondis. Le cercle est la forme parfaite, elle n'a ni début ni fin. Elle est infaillible, ne laisse ni entrée ni sortie. Mon petit bouclier. Ma forteresse.
Je suis dans la chambre d'Ethan, face à la porte coulissante menant au petit balcon. Celui en vis-à-vis du mien. Dehors, c'est le déluge. Une pluie torrentielle bat les vitres, des orages hurlent leur colère et illuminent la pièce par à-coups.
Pourtant, je n'entends pas un bruit. Tout ce que je vois me parait être une bande sans son et non pas la réalité qui m'attend de l'autre côté.
—Qu'est-ce que tu fais ?
Ethan m'attire jusqu'au centre du lit, où une tarte aux abricots attend d'être dégustée.
—Tu ne te sens pas fatiguée ?
Maintenant qu'il le dit, c'est vrai que mes paupières sont lourdes.
Pendant des années, je somnole sans pour autant tomber dans le sommeil.
Pendant des années, l'horloge indique minuit pile.
*
Depuis Quelque part, des notes de violon viennent danser tout autour de moi. Elles se tiennent la main et chantent leur bonheur.
—Ne partons jamais d'ici, susurre Ethan.
Au fil des siècles, j'ai fini par oublier mon nom et pourquoi j'étais dans une forteresse. Pourtant, je n'oublie pas le vert pomme des yeux d'Ethan, ni la sensation de ses mains légèrement caleuses.
Il tapote ses cuisses et je me dépêche de m'y installer. Là, dans ses bras, je me sens rapetisser dans mon t-shirt. Je deviens si petite qu'Ethan peut me border comme un enfant.
Il est toujours 00h00.
*
"Reviens-moi vite."
La porte du balcon grince bruyamment, comme des vagues allant s'écraser contre des rochers. Les notes de violon sont de plus en plus frénétiques, rivalisant tant que possible avec le vacarme. La pluie bat toujours son plein.
—N'était-ce pas ce que tu voulais ? Une bulle hors du temps et de la réalité, où rien ne pourrait nous atteindre ?
Un cataclysme sans nom rugit son agonie. Assise au pied du lit, j'essaie de dessiner les zéros mais mes doigts tremblent.
—Rien de bon ne nous attend dehors.
Pourquoi est-on ici ? Pourquoi l'heure n'avance pas ?
—Nous sommes bien mieux ici.
*
Je ne sais pas depuis combien de temps nous nous prélassons sur son lit. Nos pieds mêlés, je laisse mes doigts tracer son torse, puis s'arrêter sous ses clavicules. Ma paume s'aplatit contre son pectoral. Sa peau est fraîche, un silence habite son torse creux. Je me relève sur un coude.
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Inception
RomanceElle ? Elle se fiche de tout. Elle ne veut dépendre de personne. Elle récolte autant de regards curieux que de conquêtes. Son but est d'oublier, d'enterrer son passé tortueux le plus profondément possible. Lui ? "Lui" ne pense qu'à elle. Il dépend...