Les mains tremblantes, je tire sur la nuisette trop courte. Mes genoux se collent fort et je serre les poings pour cesser de trembloter comme une mauviette.
Je suis couchée perpendiculairement au lit. Chaque inspiration est calculée. Chaque expiration aussi. Parce qu'il a la tête sur mes cuisses, recroquevillé comme un gosse en manque d'amour. J'ai peur de respirer trop fort. Et si ça le dérangeait ? Il me punirait à nouveau. C'est hors de question. Contrôle ta respiration, Bee.
Je tapote sans amour son épaule. Mon rôle ici consiste à m'occuper d'un gosse coincé dans le corps d'un homme.
Mais j'ai encore assez d'espoir pour ne pas me soumettre. Aussitôt qu'il s'assoupit, je trouve un moyen de me casser d'ici. Trouver comment il accède à cette chambre en carton. Il profite toujours de mon sommeil pour s'infiltrer ici et attend que je m'endorme pour sortir aussi, en me scrutant comme la huitième merveille du monde. En bref, je le suspecte d'avoir des caméras pour observer chacun de mes mouvements.
Quand sa respiration devient régulière, je cesse mes mouvements et me penche légèrement vers son visage. Avant de me lever, j'aimerai juste avoir un petit aperçu de ce à quoi il peut ressembler.
Je bloque ma respiration et mes doigts glissent sur le masque en plastique. Ils vont jusqu'à son bord et s'y aggripent. Je renforce mes doigts dessus et commence à tirer lentement. Mon coeur se met à tambouriner comme jamais dans mon torse.
Une douleur lascinante m'enserre soudainement le poignet. C'est lui. Il s'est réveillé et maintenant c'est certain, je vais ramasser. Il se lève tel un félin, les épaules se soulevant rapidement à cause de sa respiration lourde. Je me lève immédiatement, le poignet en compote.
-Qu'est-ce que tu essayais de faire ?
Sa voix robotisée et menaçante m'arrache un hoquet de frayeur. Pourquoi ? Pourquoi j'ai fait ça ? Je n'aurais pas du. Je dois apprendre à ne plus l'embêter.
-Réponds, Bee.
-Désolée. Je suis désolée. Je voulais juste voir à quoi ressemble la personne qui s'occupe aussi bien de moi. Je... ne recommencerai pas. Promis.
Il lâche mon poignet.
-Tes excuses sont vaines. Tu dois être punie.
Une remontée d'acide me brûle la bouche et j'acceuille la peur, ce sentiment dont j'ai désormais pris l'habitude, en mon coeur avec désespoir.
-Pardon. Pardon. S'il-te-plait. Je ne...
Il ne me laisse pas parler. D'un coup sec, il me fait basculer sur le lit et attrape mes poignets pour les déposer au dessus de ma tête.
-Qu'est-ce que tu fais ? Arrête, s'il-te-plait, arrête. Pitié.
Ses deux mains gantées glissent sous la robe et la font soulever jusque sous ma poitrine. Quoi ? Non. Non. Non. Ses doigts viennent ensuite faire des mouvements circulaires sur ma poitrine et une force infinie jaillie au plus profond de mes entrailles. Du dégoût mêlé à de la détermination. Il ne me touchera pas. Jamais.
Je me mets à me débattre, jouant des pieds et des bras pour l'éloigner de moi. Mais il n'est pas du même avis, me gratifiant d'une gifle qui me fait perdre la vue quelques instants. Il en profite pour écarter mes jambes et se placer entre mes cuisses.
Je reprends à nouveau du poil de la bête. Je griffe, pince, frappe, mords, chaque parcelle de peau qu'il approche de moi. Agacé, il me fait coucher sur le ventre pour avoir plus de contrôle. Sa main carresse mes fesses, et des larmes de désespoir finissent par franchir la barrière de mes paupières.
Ma tête est bloquée sur le matelas par l'appui de sa main. Ma respiration est malmenée. On me retire brusquement ma culotte. Une peur comme je n'en ai jamais connue s'infiltre par tous les pores de ma peau quand je sens quelque chose se frotter à moi; encore ses doigts gantés.
Je me remets à me débattre comme une hystérique. Je hurle à la mort et bouge dans tous les sens. Il me maintient encore sous contrôle pendant quelques instants où je me débats encore. Puis brusquement, il me tire par les cheveux pour me ramener contre son torse.
-La prochaine fois que tu essaies de te jouer de moi, je n'hésiterai pas à m'enfoncer en toi, c'est clair ? Ici, c'est moi le marionnettiste et tu es le pantin. Je suis le prédateur, tu es ma proie. Je suis le loup, tu es la brebis égarée.
Il me jette avec dégout sur le lit. Mon cuir chevelu me lance fortement. Il m'a arraché des cheveux, à coup sûr. Mes mains ne peuvent pas rester immobiles plus d'une demi-seconde. Les joues baignées de larmes, je ramasse tous les draps à portée de main et je cache ma nudité avec. Je me sens sale. Tellement sale.
Je m'enroule dans les draps, de façon à ce que seulement mon visage soit visible. J'essuie rageusement mes larmes traitresses et serre mes genoux contre moi. Je n'en peux plus. Je suis à bout. Il m'a fait croire qu'il allait me...
Il va jusqu'au bureau coloré et y prend quelque chose dans un tiroir que je ne vois pas. De sa voix froide et glaciale, il dit:
-Tu devrais l'avoir compris maintenant. Retiens bien la leçon, Bee. On ne se joue pas de moi.
Il ouvre le paquet qu'il a en main sous mon regard apeuré, allume un briquet. Une flamme orangée danse sous mes yeux. Son ton glacial fond soudainement au profit d'un ton doux et tendre:
-Une cigarette, ma rose ?
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Inception
RomanceElle ? Elle se fiche de tout. Elle ne veut dépendre de personne. Elle récolte autant de regards curieux que de conquêtes. Son but est d'oublier, d'enterrer son passé tortueux le plus profondément possible. Lui ? "Lui" ne pense qu'à elle. Il dépend...