Elle ?
Elle se fiche de tout. Elle ne veut dépendre de personne. Elle récolte autant de regards curieux que de conquêtes. Son but est d'oublier, d'enterrer son passé tortueux le plus profondément possible.
Lui ?
"Lui" ne pense qu'à elle. Il dépend...
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Mme Cells sort un seau en plastique fermé par un couvercle couleur vert vomi de l'armoire, où se trouvent plein d'animaux empaillés. Elle met ses gants et Lid me lance un regard apeuré à l'idée de voir ce truc en vrai.
—Vous pouvez vous lever et vous rapprocher pour mieux voir.
Je me lève, excitée comme une puce et marche jusqu'au bureau de la prof. Je me tourne pour sourire à Lid mais je ne la vois pas. En me retournant, je la trouve encore assise à sa place. Je lève les yeux au ciel et fonce vers elle. J'attrape son bras, la tire de sa chaise avant de donner une claque sur ses fesses.
—Je sais que t'as horreur de ce genre de trucs mais fais un effort. Déjà qu'on n'est pas des lumières en biologie, on va pas faire les fines bouches.
—Tu n'es pas une lumière en biologie.
—Chut, tu gâches l'expérience, dis-je pour changer de sujet.
Elle soupire et je passe mon bras autour du sien pour l'emmener jusqu'au bureau de Mme Cells. Je pousse les élèves avec mes épaules pour nous frayer un chemin jusqu'au premier rang, m'attirant ainsi quelques râles. La prof contourne le bureau pour se mettre bien face à nous.
Lid pâlit à vue d'œil et je pince gentiment ses joues pour la rassurer. Elle a toujours détesté le corps humain et tout ce qu'il contient, ça l'horripile.
Mme Cells ouvre le seau en plastique et méthodiquement, met ses mains gantées à l'intérieur. Elle en sort un cerveau dégoulinant et une odeur nauséabonde fouette mes narines.
—Putain mais ça pue ! C'est dégueulasse !
La prof roule des yeux et me lance un regard fatigué.
—En effet, l'odeur n'est pas agréable, mademoiselle Fox. Donc, avant que votre camarade de classe ne nous fasse part de son avis constructif, je m'apprêtais à vous dire que ce cerveau est réel. Ça fait cinquante ans qu'il est dans l'école. Et le liquide dans lequel il baigne le préserve depuis tout ce temps. Comme vous pouvez le voir, le tissu gris tout autour du cerveau sont les méninges qui protègent-
—Ça veut dire que vous tenez la vie d'une personne en main ?
—Oui, Atona. Donc les méninges ont pour rôle de-
—Non mais vous vous rendez compte ? C'est grâce à ça que quelqu'un, il y a cinquante ans, marchait, parlait, pensait, aimait. C'est fascinant !
Absolument pas. Mme Cells paraît ennuyée mais en même temps satisfaite de voir que pour une fois, les infos qu'elle nous donne m'intéressent. Ça me vaudra peut-être une meilleure note de faire l'intéressée.
–Alors, ceux qui sont aussi enjoués peuvent se rapprocher pour mieux le voir.
Je lâche Lid qui lance un "c'est à vomir" et me rapproche de la prof en me pinçant le nez. Quelques personnes en font de même et quelqu'un derrière moi me pousse brusquement, me projetant en avant.
