d a n s s a t ê t e /5/

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Dans la petite cour, une femme est affalée au sol. Une silhouette maigrichonne la secoue, les gestes désordonnés. Une fillette, vêtue d'une robe en tulle rose, jaune, verte et orange, secoue le corps immobile d'Elizabeth.

-Au 'cours ! Elibeth ! Ambulance, vite ! s'écrie-t-elle.

La petite fille va se cacher derrière le toboggan, met un casque invisible et s'assied dans un véhicule qui n'existe que dans son imagination. Elle tapote ses petites mains sur le ventre de la victime et entreprend un massage.

-Moi sauver Ebeth !

-C'est « Ebeth », maintenant ?

-Ebeth dort pas ? demande la petite les yeux écarquillés.

-Bouh ! crie la femme en couchant la fillette au sol.

-Pas papouille ! Ebeth, stop !

Elizabeth laisse la gamine tranquille et les rires de celle-ci se calment. Il se met à pleuvoir et l'enfant couine avant de courir vers les portes de l'école. Elle trébuche bien au moins trois fois avant de s'abriter à l'intérieur.

Derrière la porte vitrée, la petite fille tire la langue et appuie sur son nez pour se donner une tête de cochon.Trop occupée à grimacer aussi, Elizabeth ne remarque pas sa collègue qui apparait derrière elle.

-Tu vas rester encore longtemps ?

-Lia, tu m'as fait peur ! s'écrie la femme en se tenant le buste.

La blonde lève les yeux au ciel.

- Oui, je reste encore un moment, répond Elizabeth. Aujourd'hui, c'est vendredi ! chantonne-t-elle.

-Va te plaindre, répond Lia. Faire des heures supplémentaires à cause d'un mec pas capable de respecter les horaires ? Parles-en, peut-être qu'ils éjecteront ce gosse de l'école.

Elizabeth prend une expression horrifiée. « Éjecter » ? Elle fournissait autant d'efforts justement pour que la gamine ne soit pas mise de côté !

-Essaie de le comprendre, c'est compliqué. Ça ne me dérange pas de rester quelques heures de plus.

Lia rabat la lanière de son sac sur son épaule, le nez retroussé. Elle n'avait jamais aimé la manière dont Elizabeth se comportait comme une sainte. Elle devait forcément faire semblant.

-Je ne te comprends pas. A ta place, je n'accepterais pas cette situation. On a tous nos problèmes. Encombre-toi de ceux des autres si ça te chante.

La femme aux cheveux sombres arbore un sourire éclatant. Elle trouve cela dommage que sa collègue ne la comprenne pas.

-Je suis sûre que si tu avais été à sa place, tu aurais été contente que quelqu'un t'aide.

Lia pince les lèvres, agacée. Elle ne supporte pas sa collègue et ne l'a jamais supportée. Lia est d'un tempérament calme, aussi devoir travailler quotidiennement aux côtés d'une personne si exubérante l'épuise mentalement.

-Il fait pitié, voilà tout. Bref, je rentre. Amuse-toi bien.

Tandis que Lia s'éloigne, Elizabeth lui fait de grands gestes.

-Passe le bonsoir à tes enfants !

L'institutrice, inquiète, prie pour que sa collègue passe une bonne nuit de sommeil. Elle a l'air d'en avoir besoin. Voltigeant gracieusement sur elle-même, Elizabeth s'abrite dans le hall d'entrée.

InceptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant