La Lune Mystérieuse

Chapitre 10 : Danse

Plus il se rapprochait de la chaumière et plus il angoissait. Mais ses peurs et appréhensions se turent lorsqu'il la vit, dans la même robe blanche que le soir où il l'avait capturée, en train de chanter en se baladant entre les arbres. Legolas remarqua que les arbres la reconnaissaient et qu'ils sortaient de leur transe de sommeil ou de ténèbres pour venir saluer de leurs branches leur gardienne. Cette dernière avait des larmes qui ruisselaient le long de ses joues et, à en croire la couleur qu'avaient ses yeux, cela faisait un moment que cette eau cristalline perlait de ces derniers. Le jeune prince sentit son cœur se serrer à cette vision et il s'en voulu encore plus d'avoir fait souffrir son amie. Il l'observa avec curiosité déambuler entre les arbres en chantant de sa voix ensorcelante.

« Je sais que tu es là, chantonna-t-elle, montre-toi Legolas. Pourquoi cet air si malheureux sur ton visage, murmura-t-elle lorsqu'il s'approcha et se mit à sa hauteur.

- Je suis désolé pour ce que je t'ai laissé croire toute à l'heure ...

- Quelques explications s'imposent alors.

- Pour moi, commença Legolas en posant ses yeux d'azur dans ceux noisette d'Isil, passer une nuit avec une femme, inconnue ou amie, c'est apprendre à se connaître, parler de nos envies et de ce qu'on aime, lire des poèmes et parler de mythes et légendes ... Ni plus, ni moins ... Je ne vois pas le fait de passer une nuit avec une femme, autre que celle que mon cœur aura choisi, comme le verrait un homme ou un nain ... »

Isil pleura de plus bel sans que Legolas n'en comprenne la raison, et tous ses doutes s'envolèrent lorsque la jeune elfe se jeta dans ses bras.

« Allons parler de tout ce que tu veux, Legolas ... »

Il sourit, soulagé de s'être fait pardonné par la belle brune et resserra son étreinte autour de son petit corps. Il lui proposa ensuite son bras afin de se diriger vers la chaumière de la jeune elfe. Elle accepta avec joie et ils parlèrent de tout et de rien, heureux de s'être retrouvés et de pouvoir partager un moment rien que tous les deux. Lorsque la lune fut haute dans le ciel, les grillons se mirent à chanter et furent accompagnés par le chant du vent passant entre les branches des arbres. Entendant cette douce mélodie, Legolas se leva de sa chaise sous le regard interrogateur de la jeune elfe. Il mit sa main sur son cœur et lui tendit l'autre en se courbant légèrement.

« M'accorderiez-vous cette danse, très chère amie ?

- Avec joie, répondit Isil en souriant de toutes ses dents et en saisissant la grande main du prince. »

Ils quittèrent la chaumière et se dirigèrent vers le centre de la clairière main dans la main. Ils se placèrent face à face et Legolas s'inclina en signe de respect. Isil l'imita en soulevant sa longue robe blanche. Puis, il lui prit sa main droite dans la sienne et elle plaça sa main gauche sur son épaule gauche. Legolas ferma le cercle en plaçant respectueusement sa main sur la hanche gauche de sa partenaire et entama une lente valse. Chacun regardait l'autre dans les yeux, oubliant le monde qui l'entourait. Ils étaient dans leur bulle mais la douce musique des grillons et le chant du vent leur parvenaient, rythmant leur valse de plus en plus rapide. La vitesse les avait obligé à se coller l'un à l'autre, mais cela ne les dérangeait pas le moins du monde, au contraire. Ils aimaient sentir la présence de l'autre et, dans ces très rares moments, ils en profitaient comme si le monde allait s'écrouler d'une seconde à l'autre.

Cependant, ils étaient à bout de souffle et durent mettre fin à ce délicieux moment. Ils restèrent quelques instants immobiles dans la même position et se regardèrent intensément dans les yeux. C'est à ce moment que Legolas comprit ... Son cœur avait choisi la femme avec qui il voulait passer sa vie ... Il fixa quelques instants ses lèvres avant de replonger dans la couleur noisette des yeux de son aimée. Finalement, le jeune prince prit son courage à deux mains et commença à combler la distance qui séparait leurs deux visages. Cependant, un craquement fit exploser la bulle de bonheur et d'intimité dans laquelle ils se trouvaient. Tauriel se trouvait là, armée jusqu'aux dents, en compagnie de ses soldats.

« Désolée de vous déranger, mais une troupe de nains s'est aventurée sur nos terres ... »