Chapitre 5 : Rivière

1.4K 114 4
                                    

Après de nombreuses heures à cavaler à une vitesse folle, les deux elfes demandèrent gentiment aux chevaux de ralentir l'allure et de s'arrêter lorsqu'ils arrivèrent à un point d'eau. Une fois sûrs que l'endroit était sans danger, les cavaliers mirent pied à terre et s'étirent. Malgré leur condition elfique, ils avaient des courbatures à force d'avoir trop longtemps monté sans faire de pause.

« Tu devrais aller profiter de la source d'eau pour prendre un bain, Isil, déclara soudainement Legolas, je ne sais pas si nous en aurons l'occasion avant longtemps.

- Insinuerais-tu que je sens l'orque, très cher ?

- Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire, sursauta Legolas gêné qu'elle ait pu prendre son conseil ainsi.

- Je plaisante Legolas, pouffa-t-elle doucement derrière sa main, tes réactions sont vraiment drôles à voir. Sur ce j'y vais. Tâches de ne pas me suivre. »

Elle lui tira la langue en lui faisant un clin d'œil puis tourna les talons en rigolant encore de l'air sidéré qui s'était peint sur le visage du jeune prince. Ce dernier n'en revenait pas de s'être fait avoir de la sorte par Isil. D'autant plus qu'il ne lui connaissait pas ce côté taquin. Il sourit et jeta un œil aux chevaux dont ils s'étaient occupés avant de se séparer. Elbereth s'était allongée sous un arbre proche du campement et Voronwë broutait en surveillant de temps à autres les environs. L'elfe royal détourna le regard et partit chercher du bois mort afin de faire un feu de camps. Il trouva sur son chemin plusieurs baies sauvages et les cueillit pour sa partenaire de voyage. Lorsqu'il sortit du sous-bois, il ne reconnut pas l'endroit et pesta en se rendant compte que, perdu trop profondément dans ses pensées, il ne s'était pas rendu compte qu'il avait dévié de sa trajectoire. Alors qu'il observait les alentours, il aperçut des habits de femme et, avant même qu'il n'ait pu réagir, une voix railleuse tonna à côté de lui :

« Alors mon prince, on se dévergonde ? »

Legolas tourna la tête dans la direction de la voix et vit Isil. La jeune elfe avait lâché ses longs cheveux châtains qui flottaient à la surface de l'eau, voguant au rythme du courant de la rivière dans laquelle Isil se baignait. Elle était accoudée à un rocher, lui permettant ainsi de cacher son corps. Un sourire espiègle était peint sur son visage et ses yeux pétillaient de malice. Legolas resta coi devant tant de beauté : même chez les elfes, il n'avait jamais trouvé une femme aussi belle. Elle ressemblait à une nymphe ainsi exposée. Et alors que le jeune prince continuait de la reluquer sans aucune retenue, Isil eut un sourire diabolique. Elle se leva un peu, faisant rougir son ami, qui ne se détourna pas pour autant, et l'aspergea d'eau.

Devant l'air choqué de l'elfe blond, Isil explosa de rire. Elle s'était entièrement relevée, ses cheveux cachant sa poitrine et une main devant son intimité, et se dirigeait vers ses vêtements délaissés sur la berge.

« Sans vouloir être offensante, commença Isil entre deux rires, je pensais t'avoir incité à ne pas me suivre.

- Tu as osé m'arroser, Isil ? »

La jeune elfe, sentant que les choses allaient tourner à son désavantage, courut vers la rivière et y entra, mettant au défi son ami de faire de même. Sans aucune hésitation, Legolas se déshabilla et la rejoignit, prêt à prendre sa revanche et à lui faire regretter amèrement de l'avoir arrosé. Mais au lieu de cela, il se retrouva les pieds bloqués dans les algues présentes dans le lit de la rivière et tenta de s'en dépêtrer, en vain. Alors qu'il mettait du cœur à la tâche, il trébucha et se retrouva immergé dans la rivière. Sonné, il eut juste le réflexe de sortir la tête de l'eau. Le rire de sa compagne de voyage retentit alors à ses oreilles.

« Tu ne t'es pas fait mal au moins, mon prince ?

- Non, murmura ce dernier, cesses de te moquer de moi, veux-tu ! Et demandes à tes plantes de me relâcher, s'il te plait !

- Cher Legolas, dit-elle le sourire aux lèvres en s'approchant de lui et en lui prenant le menton entre ses doigts pour l'obliger à la regarder dans les yeux, tu es entré dans cette rivière à tes risques et périls. À toi de t'en sortir mais ne tardes pas où le repas te passera sous le nez. »

Elle se redressa et fila en courant sur la berge se rhabiller. La jeune elfe prit les branches de bois et fila à toute vitesse sur le campement afin de préparer le repas du soir en attendant que son ami se libère de sa prison d'algues.

La Lune MystérieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant