Chapitre 10 : "Je n'ai aucun souvenir de cet endroit ..."

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L'étoile brilla un court instant et s'estompa de nouveau. Puis, silencieusement, une grande porte se dessina, bien que jusqu'alors aucune fente ou joint n'eut été visible. Elle se divisa avec lenteur en son milieu et s'ouvrit vers l'extérieur centimètre par centimètre jusqu'à ce que les deux battants fussent repliés contre le mur. Par l'ouverture, se voyait un sombre escalier qui grimpait en pente rapide ; mais au-delà des premières marches, les ténèbres étaient plus profondes que la nuit. La Communauté écarquilla les yeux d'étonnement.

C'était en fait un simple rébus où le mot de passe était inscrit sur le mur. Si simple pour un maître des connaissances en ces temps si sombres. Alors qu'ils allaient entrer dans la Moria, plusieurs événements s'enchainèrent rapidement. Frodon sentit quelque chose s'enrouler autour de sa cheville. Il se sentit ensuite tomber à la renverse puis tiré sur une longue pente humide. Le poney Bill paniqua en poussant un hennissement furieux, tourna bride et s'enfuit dans les ténèbres du lac. Sam se précipita à ses trousses mais, en entendant le cri de son maître, il rebroussa chemin afin de lui venir en aide.

Les grandes gens se retournèrent vivement et regardèrent vers le lac. Il semblait bouillonner comme si une armée de serpents venait à la nage vers la rive. Hors de l'eau avait rampé un long tentacule sinueux ; il était vert pâle, lumineux et humide. L'extrémité munie de doigts avait agrippé le pied de Frodon et l'entraînait dans l'eau. Sam, à genoux, le tailladait à coups de couteau. Le bras lâcha enfin Frodon et il fut trainé en arrière sur la berge par son ami Sam qui appelait à l'aide ses compagnons. Vingt autres bras sortirent, onduleux. L'eau noire bouillonna, et une horrible puanteur s'éleva.

Reprenant ses esprits, le magicien bondit vers les deux Hobbits et leur hurla d'aller dans les mines. Les autres membres de la Communauté étaient restés statiques à cause de la stupeur que leur avait provoquée le gardien. Lorsqu'ils reprirent enfin leurs esprits, ils se précipitèrent dans les mines à la suite des Hobbits et de Gandalf. Il était temps : les multiples bras s'étaient déjà avancés dans leur direction et, lorsqu'ils arrivèrent sur la porte, la refermèrent en la faisant pivoter sur ses gonds. Les voilà désormais pris au piège de la Moria, sans possibilité de retour en arrière ou de changement d'avis.

« Espérons que tout ce raffut n'ait pas réveillé des créatures bien plus dangereuses peuplant les profondeurs de ces mines, soupira Gandalf. »

La Communauté s'était mise en route depuis un bon moment à la suite de Gandalf. Ils étaient silencieux et prudents. Après quelques minutes de marches, Frodon, sans doute fatigué par la retombée d'adrénaline qu'il avait reçue lors de l'attaque, proposa de faire une pause. Cela fut accueilli avec joie et tous s'assirent en plongeant dans leurs réflexions. La traversée promettait d'être longue selon Gandalf. Cependant, Isil commençait déjà à sentir l'absence de végétaux et cela lui provoqua un profond mal-être qu'elle garda cependant pour elle. Sensible à ses sentiments, Legolas s'approcha d'elle avec la discrétion qui le caractérisait et prit place à ses côtés. Aucun mot ne fut échangé mais sa simple proximité suffit à remonter le moral à l'elfe brune.

La Communauté se remit en route rapidement, désireuse d'en finir avec ce trajet : la fatigue commençait à peser sur le dos de chaque membre et cela se ressentait d'autant plus chez ceux perméables au pouvoir de l'anneau. Le trajet se fit en silence et chacun soutenait les autres de par son courage et sa motivation. Leur avancée fut ralentie au fur et à mesure que les obstacles devenaient de plus en plus dangereux.

Arriva le moment où la mémoire de Gandalf faillit. Devant lui se dressait une large et sombre arche donnant sur trois passages ; tous menaient dans la même direction générale, vers l'est ; mais celui de gauche plongeait, tandis que celui de droite montait et que celui du milieu paraissait continuer, uni et horizontal, mais très étroit.

« Je n'ai aucun souvenir de cet endroit, dit Gandalf hésitant, debout sous l'arche. »

Après plusieurs essais infructueux pour réussir à trouver le bon chemin ou pour se rappeler d'un détail, la Communauté décida de s'arrêter pour se reposer. Tous étaient épuisés par leur longue marche et ils se dirigèrent vers une porte en pierre qui se trouvait sur leur gauche. Merry et Pippin voulurent s'y précipiter mais Gandalf les retint de justesse. Il éclaira la pièce de son bâton et ils constatèrent qu'il y avait un large trou au centre de la pièce, sans doute un ancien puit.

La Lune MystérieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant