Chapitre 4 : Le défi

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Voilà déjà plus d'une journée que la Lorien avait disparu de l'horizon. Isil était partie sur les chapeaux de roues et n'avait même pas pris la peine d'emporter avec elle des provisions. Elle savait que c'était totalement inconscient de sa part. Totalement inconcevable de partir ainsi sur les routes. Mais elle avait une confiance absolue en la célérité de son compagnon Voronwë.

La jeune gardienne arpentait la plaine qui séparait les deux domaines elfiques avec une grande prudence et aussi une curiosité presque indécente. Après tout, lorsqu'elle avait voyagé avec la Communauté, elle n'avait pas pris le temps d'explorer et d'observer les paysages qu'ils traversaient. Et pour cause : la quête engagée pour la destruction de l'Unique était bien plus importante que tout ce qu'il y avait en ce monde. Elle était l'objectif final de cette guerre qui durait depuis bien trop longtemps.


Le soleil tapait avec force sur la peau de craie de la jeune elfe aux cheveux châtain. Elle savait qu'elle devait à tout prix trouver un point d'eau afin de se désaltérer et de se reposer un peu ... Mais qui disait point d'eau disait risque d'embuscade à cause de la probable présence des alliés de Sauron.

Alors elle continua sa route en restant le plus possible à couvert. Tâche compliquée lorsqu'on traversait une plaine où le plus grand végétal n'était qu'un simple buisson de ronces. Avançant à pas lents dans les hautes herbes, telle une panthère en chasse, elle se stoppa car un martèlement se rapprochait de plus en plus de sa position.

Se ratatinant sur elle-même pour paraître plus petite et passer inaperçue aux yeux de l'étranger, elle observa les alentours à travers les herbes folles. Ne voyant rien d'autre que de la poussière virevoltant dans les airs, Isil envoya son esprit guetter le nouvel arrivant.


Se baladant au gré du vent, la cause de tout ce raffut se dessina peu à peu à l'horizon. Une tâche noire se muait sur la ligne horizontale du lointain et se rapprochait avec rapidité de la prairie. Le vent claquait sur sa peau avec une force inimaginable. Son long voyage sans pause depuis les hauteurs du Caradhras l'avait épuisé.

De l'écume perlait sur sa robe de jais et collait les plus petits crins de sa crinière contre la peau de son encolure. Les plus longs crins claquaient au gré des rafales qui pénétraient avec force cet ensemble soyeux. Il avait dû faire cinq pauses pour se désaltérer. Pas plus : il avait senti l'urgence dans l'esprit de sa jeune amie.


Voronwë était heureux qu'elle fasse enfin appel à lui. Il était heureux de pouvoir enfin la retrouver. Malgré la fatigue qui pesait sur son esprit, il avait hâte de continuer l'aventure en sa compagnie.

Alors qu'il galopait ventre à terre, il sentit une douce caresse sur sa peau de velours et souffla puissamment. L'esprit de la jeune elfe était à ses côtés et l'accompagnait dans les derniers mètres qui les séparaient physiquement.

Après quelques minutes supplémentaires, le bel étalon arriva enfin dans la plaine qu'il voyait sans cesse à travers les yeux de son amie. S'arrêtant aux abords des bois, il observa. Pas la moindre trace de sa jeune amie.

Il ne la voyait pas mais savait pertinemment qu'elle était là. Son odeur emplissait la plaine. Pourtant, elle restait invisible à ses yeux. Voilà donc le nouveau jeu. Cache-cache dans la plaine. Qui de la gardienne ou de l'étalon gagnerait ?


Voronwë se mit doucement en mouvement. Son esprit tatillonna celui de l'elfe afin de savoir où son corps se trouvait. Il s'inquiétait car, aux dernières nouvelles, lorsque son esprit et son corps ne formaient plus une seule entité, son enveloppe charnelle était totalement vulnérable. Hors, en ce moment, elle était seule.

Il savait parfaitement grâce au Seigneur Elrond, chez qui il était resté durant un moment, que la Communauté s'était dissoute. De plus, Isil lui avait dit avant son départ qu'elle s'arrêterait en Lorien afin de perfectionner ses pouvoirs auprès de Dame Galadriel.

Voronwë comprit alors : la jeune elfe avait bien progressé depuis leur séparation et il était fort probable qu'elle puisse désormais se mouvoir alors que son esprit vagabonde dans le vent. La jeune elfe voulait tester l'étalon afin de voir s'il réussirait à la trouver alors qu'elle était parfaitement planquée et qu'elle avait bloqué ses pensées.

L'animal à la belle robe noire comme la nuit releva la tête avec puissance. Il acceptait le défi avec plaisir.

La Lune MystérieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant