Chapitre 49

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PDV Lester

Rien ne va correctement.

Il est trop grand. Trop vide. C'est ce que je me répète depuis que je me suis couché dans mon lit. J'ai toujours râlé par manque de place, mais maintenant, je me retrouve à me sentir noyé au milieu des draps. Il manque quelque chose. Non, il manque quelqu'un.

Ça m'agace. Je ne devrais pas penser ainsi. Je ne devrais pas ressentir un manque, mais plutôt être content d'avoir la place de bouger dans mon propre pieu. Pourtant, ce n'est pas le cas. Je ne sens pas cette petite douleur qui perce dans mon bras ankylosé. Parce que cette fois, personne n'est couché dessus. Il n'y a pas non plus de souffle chaud dans mon cou, de cheveux qui viennent me chatouiller la peau. Tout ce que je pouvais trouver foutrement agaçant, tout en adorant cela, il n'y a plus. Et ça m'énerve.

Parce qu'il y a son odeur. Je ne sens que cela, d'ailleurs, son parfum qui recouvre mes draps, mon oreiller. Et ça me rappelle juste qu'elle n'est pas là. J'essaye de me convaincre que c'est normal. Elle ne pouvait pas rester indéfiniment ici. Elle a un chez elle, nous sommes étudiants, et je la connais depuis quelques semaines. Elle ne pourrait pas élire domicile dans mon lit sans limite de temps.

Mais j'ai beau savoir pertinemment tout ça, ça ne m'empêche pas de penser que cette pièce est trop vide. Et que je n'ai rien à serrer contre moi. Dans quel état est-elle, maintenant ? Je sais qu'elle n'avait pas forcément envie de rentrer chez elle. Je l'ai vu, je l'ai senti. Égoïstement, j'ai presque voulu la retenir. L'enfermer ici dans mes bras, contre moi, sans lui laisser la possibilité de partir. Je ne pouvais pas me le permettre, et heureusement que ma raison a pu prendre le dessus sur tout le reste.

C''est tout de même fou de penser que Carter a plus montré son mécontentement face à son départ que moi. Et pourtant, je peux assurer que j'étais dans le même état que lui. Mais j'ai tout gardé pour moi, parce que je ne suis pas le genre de personne à exprimer le manque. Parce que je ne suis surtout pas le genre de personne à en ressentir, normalement. Il faut dire qu'il n'y a plus grand-chose que je trouve normal dans ma vie depuis qu'elle y est. Et ça ne me dérange même pas. Ça m'intrigue, oui, mais ce changement, je l'apprécie, en un sens.

Dire que je m'étais juré que personne d'autre ne prendrait de place dans mon cercle intime. Elle est arrivée, et elle a tout balayé, sans même en avoir conscience. Elle s'est installée bien confortablement dans ma vie, et maintenant, j'ai presque du mal à imaginer qu'elle en sorte.

Surtout quand je ne peux pas m'empêcher d'imaginer son corps étendu à côté du mien. Vêtue seulement d'un t-shirt, mon t-shirt, les joues rougissantes sous mes yeux. 

Quand a-t-elle pris cette importance, dans ma vie ? J'avoue que je ne saurai pas le dire exactement. Mais je dois bien admettre une chose, elle m'a intrigué le premier jour où je l'ai croisé. J'étais persuadé que ça me passerait, comme avec tous les autres. J'aurai dû comprendre que non. Parce que jamais personne ne m'intrigue, en réalité.

Je râle en me levant, n'en pouvant plus d'être entouré de son parfum tout étant conscient qu'elle n'est pas là. J'attrape presque rageusement une clope que j'allume aussi sec. J'imagine le regard qu'elle me porterait, si elle me voyait faire. Ça me donne presque envie de l'éteindre, mais je me retiens.

Je regarde par la fenêtre de ma chambre d'un œil distrait. La ville est encore animée malgré l'heure tardive. Il faut dire que nous sommes près du centre, où l'effervescence dans les bars est loin d'être terminée. Pour autant, de là où je suis, le silence règne. Presque malheureusement je dirais, car il me permet de me plonger dans mes pensées. Pensées qui sont coupées par la vibration de mon téléphone, mais qui reprennent de plus belle quand son nom s'affiche sur l'écran. Ne dort-elle pas déjà ?

Amour Sourd - Aime-Moi Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant