PDV Lester
Quand j'ouvre les yeux ce lundi matin, j'ai envie de râler. Pas parce qu'on est lundi, mais parce que je sais bien ce que je dois faire aujourd'hui. Après une semaine à repousser l'échéance, il va bien falloir qu'on s'y mette, à cet exposé. Travailler avec une autre personne, sur un sujet qui me dépasse, cela m'agace.
Déjà, parler aux autres, en soi, ça m'agace. A part peut-être avec la bande d'idiots qui vit avec moi, et encore, pas toujours.
Je n'ai rien contre l'Ovni. Je m'en fiche, pour tout dire. Mais je n'ai pas envie d'avoir de contact avec de nouvelles personnes. Et travailler ensemble, aller chez elle, devoir échanger, c'est du contact. C'est prendre le risque qu'après, elle ne me lâche pas. Je n'ai pas l'impression qu'elle soit du genre à s'accrocher aux gens. Elle paraît plutôt détachée de tout en général. Mais sait-on jamais.
J'ai repoussé le moment où je devrais lui parler une nouvelle fois. Repousser l'instant où je devrais me rendre chez elle. Je ne suis pas un grand bavard. Je ne connais rien à l'amour, et je ne veux rien connaître. Nos échanges paraissent mal parti, et je me demande comment on va pouvoir mener à bien ce projet.
Mais ce matin, retour en philo, retour à côté d'elle, et il faut se rendre à l'évidence, il va bien falloir que je me décide à bosser. Plus vite ça sera fait, plus vite on sera débarrassé. De toute façon, elle non plus n'a pas l'air vraiment emballée par cet exposé.
Si j'avais un moyen d'éviter de travailler avec les autres, encore plus sur un sujet tel que celui-ci, je le ferais. Mais je n'ai rien trouvé, et ce n'est pas faute d'avoir chercher. Il n'a pas moyen que je ne travaille pas, le professeur c'est assuré de palier à toutes les éventualités. Me voilà contraint de m'engager un minimum avec une nouvelle personne. Mais vraiment un minimum. Je ne veux pas la connaître. Je ne veux pas qu'elle me connaisse. Je me fiche bien de ce qu'elle pense de moi, et je pense que la réciproque est vraie.
Mais un point déterminant finit de m'agacer. Il a bien précisé qu'il voulait un exposé personnel. Et comme Carter s'est amusé à me le rappeler, pour faire du personnel, il faut connaître l'autre. Alors il va falloir trouver comment contourner cette règle, parce que je ne veux pas qu'elle rentre dans ma vie. Mon monde est complet. Il y a 3 idiots à l'intérieur, un père et surtout une énorme place pour la musique. Mais pas de place pour l'ovni, ou pour n'importe qui d'autre.
Je passe sûrement pour un connard, mais je dois dire que j'en ai rien à faire. Au moins, on ne peut pas me reprocher de faire des discriminations, avec moi, c'est tout le monde pareil. Elle, une autre, je m'en fiche. Sauf que je vais devoir me retenir d'en avoir rien à faire au moins pour un temps. Être sympa. Encore que ça, je ne suis pas sûr que ce soit nécessaire. Pourquoi me faire passer pour ce que je ne suis pas. Je ne suis pas sympa, je dirai plus que je suis asocial. Je n'aime pas les autres, je ne leur trouve pas d'intérêt. Et je doute de rencontrer un jour une personne qui me fera changer d'avis.
Je finis par cesser de ruminer dans ma chambre pour aller ruminer dans la cuisine. Je crois même que mon humeur se dégrade encore quand je vois le sourire moqueur et satisfait de Sam.
Sans parler des yeux de biche de Carter, dans son uniforme débraillé, la cravate à peine droite. Qu'est-ce qu'ils foutent, à attendre comme ça dans le canapé, les yeux fixés sur ma porte de chambre ?
- Tu vas parler à Lyra aujourd'hui ?
C'est donc ça qui les intéresse. J'aurai dû m'en douter. Depuis qu'ils ont appris que j'allais travailler avec elle, ils ne me lâchent pas. Un intérêt énorme pour une fille qu'ils ne connaissent pas, et cela me dépasse. Si ils sont si enjoués à l'idée de cet exposé, qu'ils le fassent après tout.
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Amour Sourd - Aime-Moi Tome 1
RomansaVous êtes vous déjà senti différent ? Avez-vous déjà eu la sensation de tout perdre ? Savez-vous seulement ce que cela signifie ? Lyra le sait. Elle le sait depuis ce jour où sa vie s'est effondrée. Ce jour là, elle, une jeune prodige de la musiq...