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—En voilà une évolution. Tu ne trouves pas ?

Le psychiatre est à la limite d'applaudir.

—J'ai fait tout le taf, hein.

—Bien sûr, tout le mérite est à toi. Tu reviens de très loin.

Une petite sonnerie me fait sursauter. Ça a beau faire plus d'un an que je l'entends, je m'y habitue pas.

—Maintenant tu vas me dire que la séance est terminée et que je dois lâcher 90 balles.

—Heureusement que c'est totalement remboursé, n'est-ce pas ?

Je tiens pas à discuter plus que nécessaire. Une fois qu'il a empoché son fric, je me casse de là presque en courant.

Nez plongé dans mon téléphone, je réponds aux messages de Sedah. Il veut intégrer deux de ses potes dans notre projet. Ils sont hyper emballés par l'idée et veulent y contribuer. Pourquoi pas, tant qu'ils se rendent utiles mais surtout, tant qu'ils savent qu'il y a pas un euro à se faire.

—Toto !

Un poids lourd me tombe sur les épaules. Je reconnaîtrai cette voix entre mille. C'est Loki, ses bras m'entourent comme un gosse câline son doudou retrouvé.

—C'est pas juste, fait-il entre quelques larmes, je comprends que tu veuilles pas me voir mais t'étais pas obligée de me bloquer de partout !

Un coup de coude dans le ventre suffit à faire disparaître son poids de mes épaules.

—Je croyais le faire pour ton bien, du con !

Avant même que j'ai fini de prononcer ma phrase, il est totalement affalé sur le sol de l'hôpital. Un infirmier l'aide à se lever, non sans mal me regarder.

—Eh, j'ai pas poussé si fort que ça.

C'est alors que je la remarque. Étendue à mes pieds, si réaliste que je suis sûre que c'est une vraie. Un cri fait sursauter tous les autres patients du couloir.

—Ta jambe ! Loki, t'as fait tomber ta jambe !

Loki hurle à son tour en pointant le membre luisant.

—Ma jambe ! crie-t-il. Elle s'est barrée en courant !

L'infirmier soupire un peu comme s'il était pas assez payé pour ça et ramasse la jambe.

—Loki, fait-il avec lassitude, c'est ta prothèse.

—Ah, oui.

Il aide Loki à poser ses fesses sur une chaise dans une salle d'attente et refixe la prothèse à son moignon.

—Oh, c'est ta prothèse.

—Oui, c'est ma prothèse.

—Tu ferais bien de t'en rappeler, souligne l'infirmier. Chaque fois qu'elle tombe, tu réagis comme si on t'avait coupé la jambe pour la deuxième fois.

—Je suis pas très futé, fait Loki avec un grand sourire.

L'infirmier ne dit rien mais son visage parle pour lui. Ouais, il le trouve complètement con.

—Tu peux me laisser deux minutes avec ma meilleure amie ?

—Avec plaisir.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Il cherchait une excuse pour se débarrasser de lui.

—C'est vrai que je m'habitue pas à la prothèse. Je suis à moitié métal, maintenant. Un cyborg, au fond.

Je l'écoute raconter ses conneries avec tendresse. Il m'avait manqué.

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⏰ Dernière mise à jour : 2 days ago ⏰

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